Législative d’Audincourt : l’abstention et le nombre de candidats, problèmes du PS

Dans la quatrième circonscription du Doubs, Frédéric Barbier reprend espoir avec le soutien de Manuel Valls en présence de plus de 1000 personnes. Les candidats Charles Demouge (UMP) et Vincent Adami (Front de gauche, MRC, NPA), qui a reçu le soutien de Syriza, font campagne sur leurs terrains respectifs. L'extrême droite est invisible mais dans tous les esprits.

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Le téléphone mobile de Charles Demouge n'arrête pas de sonner. Des journalistes veulent connaître le candidat UMP, le rencontrer. Mardi après-midi à Pont-de-Roide, nous l'avons suivi près de deux heures, entre visites aux commerçants, rencontres dans la rue, échanges dans un café.

Maryline Scalabrini, sa suppléante, conseillère municipale d'opposition à Voujaucourt, répond, donne rendez-vous pour une distribution de tracts sur le parking d'un supermarché à une radio et deux télés...

La campagne était plan-plan, locale. « Ça a changé avec les attentats, les gens parlent de barbarie, disent leur incompréhension, mais leurs premières préoccupations restent les soucis d'argent, surtout les retraités et les jeunes ménages », dit-elle pendant que le candidat entre chez une fleuriste : « Je suis candidat, voilà un calendrier et mon programme. Ça va le commerce ? »
- « Oui ».
- « Et les taxes ? ».
- « Non »...
La fleuriste habite Saint-Hippolyte, à 12 km mais hors de la circonscription.

« On se ferait presque mordre par les sympathisants FN »

Nouvelle boutique. « Vous me connaissez ? », demande Charles Demouge à la boulangère.
- « Non ».
Elle aussi est de Saint-Hippolyte. Décidément...
- « Heureusement que la boulange va bien ».
- « On est content, pour celui qui veut bosser, il y a du boulot ».
Un vieux monsieur achète du pain : « Vous allez voter ? »
- « Peut-être, vous êtes de quel côté ? ».
- « Divers droite démocratique », répond Charles Demouge.
- « Ce n'est pas mauvais », sourit l'électeur.
- « Il faut bien qu'on remplace le député défaillant », insiste le candidat.
- « On votera pour vous », promet le vieux monsieur tout sourire. Pourquoi prend-il tant de pain ? « A Dambelin, il n'y a plus de boulangerie... Vous savez, je me lève comme si j'allais au travail ».
- « Il y en a bien assez qui ne se lèvent pas », répond Charles Demouge.

On prend congé. Sur le trottoir d'en face, une femme regarde une vitrine : « vous allez voter ? », demande Charles Demouge. « Certainement ». Elle n'est pas très loquace : « Je n'ai pas encore choisi, je viens de recevoir les documents, il faut que les lise ».

Charles Demouge dit rencontrer nombre de gens « qui en ont ras-le-bol de la politique, ne veulent plus aller voter ». Ou voter FN ? Maryline Scalabrini est sévère avec eux : « Ils n'ont pas d'argument, ne sont en général pas agréables, on se ferait presque mordre... » Ont-ils croisé la candidate FN ? « Elle habite à 120 km, comment voulez-vous qu'elle fasse campagne ? »

Voilà un couple de jeunes retraités avenants : « quel que soit l'élu, le chômage augmente », dit la femme. « L'homme de la situation n'existe pas, c'est le système qu'il faut changer... Bon courage », dit son compagnon. Nous les reverrons une heure plus tard, ils sont de gauche « mais pas militants », ne supportent pas Sarkozy, doutent des socialistes...

« Vous avez de la chance, on est là dimanche... »

Terre d'élection de Frédéric Barbier qui en est le conseiller général après avoir été premier adjoint au maire, Pont-de-Roide n'est pas hostile à Charles Demouge, mais il « sent bien qu'on est dans le fief » de son adversaire socialiste. Il franchit une porte et s'exclame : « encore une petite librairie qui existe ! »
- « Plus pour longtemps, on ferme en fin d'année... »
- « Personne pour reprendre ? »
- « Non, tant pis, on arrive au bout. Quand est-ce qu'on vote ? »
- « Dimanche ».
- « Vous avez de la chance, on est là... »

« Une élection n'est jamais gagnée d'avance, je suis confiant, ça va se jouer sur l'abstention », analyse Charles Demouge. « Qui s'abstiendra ? la gauche ? la droite ? le FN ? On ne sera que deux à sortir du premier tour, dont moi ! Mais c'est dur de faire campagne en janvier, il y a peu de monde dans la rue, mais c'est important de voir les gens ». La présence est-elle un argument ? « Oui, mais le gouvernement en place, ça ne va pas ».

Comment le candidat UMP réagit à l'élection grecque ? « Ce qui devait arriver arriva... Y aura-t-il des conséquences pour la France ? Merkel et Hollande ne seront pas d'accord... » Faut-il renégocier la dette ? « Oui, il n'y a plus que les banques qui ont du fric, Sarkozy avait pu les renflouer... Sortir de l'Union européenne comme le voudrait l'UPR, un FN déguisé, serait une catastrophe, fermer les frontières diviserait par deux les petites retraites. Comment fera-t-on ici si on ne vend plus de voitures ? »

Demouge : « la gauche ne veut plus voter PS et il y a treize candidats... »

On entre dans un café. « Qu'est-ce que tu bois ? », demande le candidat à un homme qu'il reconnaît. « Champagne ! », rigole l'autre. « Pas aujourd'hui », répond, prudent, Charles Demouge qui demande des nouvelles à la patronne : « On fait aussi hôtel mais on doit fermer le dimanche parce que les jeunes ne veulent pas travailler le week-end ». « Je le constate aussi au CFA des métiers de bouche que je préside », dit Charles Demouge. Le téléphone sonne. « C'est LCI », chuchote Maryline Scalabrini. Rendez-vous dans deux heures. Il sonne encore : « c'est France Inter ». Rendez-vous dans un quart d'heure...

Le candidat UMP a le temps d'expliquer pourquoi il croit en ses chances, lui qui était arrivé troisième lors de la vague rose de 2012 : « la gauche ne veut plus voter PS et il y a treize candidats... » Le PS ne fait-il pas une politique proche de ce que ferait la droite ? « Ils ne vont pas au bout des choses ». Pense-t-il que le gouvernement ou le PS tentent de se servir du terrorisme ? « la gauche non, mais le FN oui. La gauche surfe surtout sur l'unité nationale. Elle est nécessaire, mais pas pour traiter l'ensemble des problèmes ».

« C'est Mosco qui m'a poussé à m'engager à droite »

Pour Maryline Scalabrini, il faudrait « un miracle » pour que Frédéric Barbier soit au second tour : « si vous nous aviez suivis dans les petites mairies, les gens apprécient cette unité nationale, ont enfin l'impression d'avoir un président... » Les valeurs reprennent le dessus. Charles Demouge cite avant tout le « mieux vivre ensemble », entend « se couper des extrémismes ». D'où vient alors la rumeur de sa proximité supposée avec l'extrême droite qui avait couru en 2012 ? « D'un piratage de blog ou de page Facebook... »

Se souvient-il de l'élection de Mitterrand en 1981 ? « Qu'est-ce que j'avais voté ? Je ne faisais pas de politique, mais de l'associatif, j'ai présidé le tennis d'Audincourt, été vice-président de l'Office municipal des Sports... Je suis à l'UMP depuis 2010. J'ai pris en 2001 la mairie de Fesche-le-Chatel aux socialo-communistes qui la tenaient depuis longtemps. C'est Mosco qui m'a poussé à m'engager à droite, qui m'a dit : tu ne représentes rien, prends une carte... »

« Si on est assez nombreux, on s'approchera du meeting, ils nous bloqueront, on est joueurs... »

La nuit vient de tomber sur la place du marché d'Audincourt où les militants CGT arrivent par petites groupes. Ils enfilent leurs chasubles, sortent les drapeaux, mettent leur casquette... Ils seront une petite centaine. A peu près autant de CRS leur bloquent l'accès à la Filature où Manuel Valls doit venir soutenir deux heures plus tard Frédéric Barbier. « On est venu parler de la loi Macron », dit Sabine Verdant, la secrétaire de l'union départementale du Territoire-de-Belfort. « On devait d'abord être reçu par le Premier ministre avec une délégation, mais on a appris qu'on ne serait reçus que par son cabinet et qu'il ne voulait que des questions sur Peugeot Scooter. Alors on n'y va pas... »

Il y a aussi Nadia Barznica, secrétaire de la FSU du Pays de Montbéliard : « Si on est assez nombreux, on s'approchera du meeting, ils nous bloqueront, on est joueurs... » Elle n'hésite pas à entrer dans le débat politique : « Je suis très contente d'être dans la circonscription qui signifiera que la politique socialiste ne convient pas. Je voterai un candidat de gauche qui propose une politique pour les salariés, pas pour les patrons. Au lendemain de la victoire de Syriza, un monde meilleur est possible ! Je pense que le PS sera disqualifié dès le premier tour ». Que faire au second tour ? « Je souhaite Adami ». Ne sera-ce pas difficile avec l'émiettement des candidatures ? Le non accord entre Front de gauche et écologistes ? « Ce n'est pas surprenant, c'est dommage, l'union fait la force... » N'y a-t-il pas un risque FN ? « Malheureusement, son score impressionnant nous fait mal. C'est le signe d'un ras-le-bol... »

« Dans la loi Macron, tout est bon pour les cochons de patrons ! »

Le secrétaire de l'UD du Doubs, Cyril Keller, prend la parole pour tailler en pièces le projet Macron. La libéralisation du transports non urbain par autocar ? « C'est le retour de la troisième classe ! » Tout y passe, des prud'hommes « mis au pas » à la « casse des conquêtes sociales » ou la « remise en cause des prérogatives des CHSCT ». Quelques militants se réchauffent en chantant, rigolards : « Dans la loi Macron, tout est bon pour les cochons de patrons ! » 

C'est à ce rassemblement que se sont joints le candidat du Front de gauche que soutiennent le MRC et le NPA, Vincent Adami (PCF) et sa suppléante Véronique Bourquin-Valzer (Ensemble, réunion des Alternatifs et de la Gauche anticapitaliste). « On a à coeur d'être aux côtés des travailleurs en lutte. Sans la mobilisation des corps intermédiaires, syndicats, associations de consommateurs ou écologistes, sans mouvement social, on n'arrivera pas à s'opposer aux politiques ultralibérales. En Grèce, ce mouvement social fort est accompagné par un mouvement politique pour changer les choses ». Certes, ce gouvernement n'a pas encore commencé à les changer... « Ils ont été élus... Et la chaîne de l'austérité a craqué en Grèce, on souhaite qu'elle craque ici, j'attends un mot de soutien de Syriza... »

Un ministre de Syriza soutient Vincent Adami
« Remplacer Pierre Moscovici par un député qui refusera l'austérité serait une belle victoire! Je souhaite un grand succès à Vincent Adami et au Front de gauche », assure Giorgos Katroulagos, le nouveau ministre grec de la fonction publique. 
Lire ici.

Adami : « Le PS a toujours refusé de recevoir Tsipras, Moscovici est même allé soutenir Samaras ! »

Vincent Adami en attend aussi un de Jean-Luc Mélenchon. Par texto, il explique pourquoi il refuse de venir. En substance : « si tu fais un mauvais score, il me sera attribué... » Pourquoi pas Chevènement ? A voir. L'union est un perpétuel combat... Il en faut cependant plus pour abattre Vincent Adami, pas surpris de « la récupération de la victoire de Syriza par le PS et le FN ! Le PS français a toujours refusé de recevoir Alexis Tsipras, Moscovici est même allé soutenir Samaras ! »

La gauche de la gauche fait campagne comme elle sait : des tracts, un meeting le 16 janvier avec Martine Billard, ancienne co-présidente du PG : « on a eu 300 personnes ». C'est plus que les 240 qui ont assisté au meeting de Laurent Wauquier en soutien à Charles Demouge que vient soutenir ce mercredi soir Xavier Bertrand. C'est moins que le bon millier de personnes venues écouter Manuel Valls...

« On n'a pas le même traitement médiatique que PS, UMP et FN »

Cette campagne est aussi collective : « on a plusieurs équipes et je ne peux pas me démultiplier, je ne vis pas de l'activité politique », explique Vincent Adami qui, s'il est conseiller municipal à Audincourt où il habite, travaille à Besançon où il est administrateur de l'orchestre Victor-Hugo. Il a d'ailleurs pris un congé sans solde plutôt que des congés payés « pour ne pas être accusé d'abus de biens sociaux ».

Il sait l'élection « difficile » mais espère être « devant Frédéric Barbier qui est assuré de perdre » alors que pour nombre de personnes que nous avons rencontrées, seuls trois candidats sont susceptibles d'être au second tour : Barbier (PS), Demouge (UMP) et Montel (FN). « Les gens répètent ce que disent les médias. On n'a pas le même traitement médiatique que PS, UMP et FN... Si une candidature de gauche peut créer une dynamique de second tour, c'est nous ! »

Il fait le portrait d'un secteur qui souffre : « 40% de chômage dans les quartiers populaires, près de 14% de taux de chômage, l'exode... » Outre les tracts, il y a les affiches et les classiques : « Lors d'un porte-à-porte géant à Valentigney, on était quarante ». « On est quand même cinq organisations », dit Véronique Bourquin-Valzer. Elle sait cependant qu'une « partie de [leur] électorat potentiel est tentée par l'abstention ».

« La dernière fois que Montel est venue à PSA, elle ne savait pas à quelle heure ni à quelle porte aller »

L'effet des attentats ? « Ça va conforter le FN », craint-elle. L'attitude de l'exécutif ne va-t-il pas requinquer le PS ? « C'est leur pari puisqu'ils font venir Valls ». Vincent Adami espère que « la vague citoyenne » des 10 et 11 janvier va faire diminuer l'abstention. Il ironise, comme d'autres, sur l'absence de la candidate FN du terrain : « elle ne fait pas campagne. La dernière fois qu'elle est venue à PSA, elle ne savait pas à quelle heure ni à quelle porte aller. Elle était à 11 h à celle où sortent les cadres... »

A l'instant où nous quittons le café où s'est poursuivi l'entretien, le noir se fait soudain sur le quartier. « C'est la CGT d'EDF qui réagit après ne pas avoir pu rencontrer Valls... », lâche le candidat. Il avait aussi appris qu'en fin d'après-midi, les parents de jeunes enfants avaient dû récupérer leur progéniture à la crèche plus tôt que prévu pour cause de plan Vigipirate : elle voisine la Filature où se tient le meeting socialiste. L'école de musique a elle aussi été évacuée.

Polémique avec les écologistes ?
Frédéric Barbier a mentionné avoir le soutien local de Génération Ecologie. Or, indique L'Est Républicain, le responsable régional de GE est adjoint au maire UMP de Belfort... Quant à Libération, il cite Martial Bourquin indiquant « ce n'est pas sérieux que les écolos aillent au charbon alors qu'on vient de leur filer deux cantons. Ils vont laisser passer le FN. C'est minable ».
Cela fait réagir Bernard Lachambre, candidat EELV, qui se demande d'abord « quels cantons », un seul leur étant pour l'instant dévolu, à Besançon. Il donne surtout aux socialistes ce conseil : « gardez votre sang froid ! Pourquoi cette hargne contre le candidat écolo ? En 2012, le candidat socialiste avait 17 points d'avance sur le FN. Et pour le prochain scrutin, on attend 50 ou 60% d'abstention. Camarades socialistes, puis-je me permettre un second conseil ? Le meilleur moyen de faire gagner le candidat socialiste ne serait-il pas d'aller chercher les voix des abstentionnsistes, de ceux qui ont abandonné le vote socialiste ? Ou encore de convaincre les électeurs FN ? Allez camarades socialistes, soyez efficaces ! Le vivier de ces voix qui vous manquent est certainement beaucoup, beaucoup plus grand que celui du candidat EELV... »

Bourquin : « l'Etat n'est pas un boulet à traîner, mais une chance »

Ce « contexte de l'élection », le terrorisme, les craintes de nouveaux attentats, l'attitude « absolument remarquable » de Manuel Valls, c'est ce qu'a d'emblée dit Martial Bourquin en ouvrant le meeting avec une heure de retard pour cause de coupure de courant. La société sonorisant la table de presse a finalement fait venir en urgence un groupe électrogène. C'est en tout cas dans ce contexte qu'on « mesure la capacité de gouverner » du président de la République et du Premier ministre qui « sont des hommes d'Etat et l'ont montré », insiste le sénateur-maire d'Audincourt en passant un message : « l'Etat n'est pas un boulet à traîner, mais une chance ».

Il pointe les « deux problèmes » auxquels est confronté le candidat PS : l'abstention et le trop plein de candidature à gauche : « faites tourner les téléphones, appeler parents et amis, faites de cette élection celle du rebond ». Frédéric Barbier déroule son CV : « mon père ouvrier Peugeot, ma mère petite commerçante, mon goût pour le travail... Je sais les salariés qui se lèvent tôt, se couchent tard, sont près pour la reconstruction nationale ! »

Il sait aussi, pour les « avoir rencontrés » dans la campagne, « les électeurs déçus par la gauche, quelquefois en colère, qui pensent que leur travail n'est pas récompensé »• Il assure : « nous, la gauche, ne les laissons pas tomber ». Il cogne sur l'héritage Sarkozy qui a « laissé la France dans un état pitoyable, favorisé honteusement les plus privilégiés, laissé s'installer la désindustrialisation... » Du coup, « la gauche a dû prendre des mesures impopulaires pour redresser le pays ».

Barbier : « la dispersion des voix risque de nous être fatale à l'exemple de Lionel Jospin ».

Il cogne sur la droite locale qui n'a « aucun projet pour PMA (l'agglo de Montbéliard) si ce n'est de faire le cadeau de l'eau potable à Véolia pour vingt ans, à un euro le mètre cube de plus qu'à Besançon, alors que notre ambition était de casser le contrat : oui, droite et gauche, ce n'est pas la même chose ». Il cogne sur le FN qui « brille par son absence : Madame Montel a été candidate aux cantonales contre Jean-Marie Bart, on ne l'a jamais vue, contre moi, on ne l'a vue qu'une fois pour une télé... Élue conseillère municipale à Montbéliard, elle a démissionné deux mois après... Élue députée, elle serait au service de son parti et de sa propagande... » Il pointe le danger : « le premier tour sera serré entre l'UMP, le FN et moi. Si on n'y prend garde, la dispersion des voix risque de nous être fatale à l'exemple de Lionel Jospin ».

Arrive Manuel Valls à la tribune. Il fait du Valls, direct, précis. Il commence fort : « La violence aurait pu renverser nos valeurs. La France s'est levée et a dit non ». Il assure que la « soif d'unité » n'est pas « la fin des débats et de la confrontation des idées ». Il évoque la « menace sans précédent » et décline par le menu la lutte anti-terroriste. Il fait le lien avec la politique économique : « que cet esprit ne nous quitte pas, c'est la condition du redressement de la France »

Valls : « il n'y a pas d'un côté l'urgence économique et de l'autre les fractures de la société »

Quand des notaires dénonçant le projet de loi Macron se lèvent au fond de la salle avec des pancartes, il hausse le ton : « jamais, je ne me laisserai impressionner par des manifestations ». La remarque vaudra aussi pour la CGT, non citée, à la fin de son discours : « la gauche est forte, non quand elle s'adresse à elle-même, mais quand elle s'adresse à la nation quand c'est difficile. Il ne faut pas couper l'électricité...  La division peut permettre à la droite et l'extrême droite de se retrouver face à face » au second tour.

Entre temps, le Premier ministre a clairement essayé de reconquérir les électeurs de gauche : « la leçon du 11 janvier, c'est qu'il n'y a pas d'un côté l'urgence économique et de l'autre les fractures de la société. Tout est lié et il faut mener tous les combats de front... Il n'y a pas d'emplois sans employeurs. Nous avons apporté une garantie de 7 milliards en 2012 à la banque de PSA, pris 14% de son capital avec 800 millions... Je dis à Peugeot qu'il faut du développement, des emplois durables, créer des CDI ». Il ne donne pas de chiffres comme Frédéric Barbier qui avait repris les 700 CDI réclamés par un « syndicat responsable ».

Valls : « aucun travailleur étranger ne doit être payé en France moins que le SMIC »

Il veut à la fois « une France offensive, ouverte sur le monde, mais qui protège... Certains refusent que nous aidions les entreprises, d'autres trouvent que nous n'allons pas assez loin. Nous gardons ce qui marche ». Manuel Valls donne encore des gages d'appartenance à la gauche quand il défend les mesures sur la pénibilité et les retraites en argumentant sur « l'espérance de vie d'un ouvrier inférieure de 9 ans à celle d'un cadre ». Il a « entendu le problème épineux des travailleurs détachés », assure l'avoir pris « à bras le corps » avec un accord européen de décembre 2013, et promet : « aucun travailleur étranger ne doit être payé en France moins que le SMIC  et avoir des conditions indignes ». Reste à convaincre ceux qui doutent qu'on y arrive en diminuant les prérogatives des inspecteurs du travail...

Il tient un discours programme. Aborde l'éducation et la laïcité, ne veut pas « tolérer que nos valeurs soient bafouées ». Il martèle que « la gauche est forte quand elle renoue avec la république, la nation, la laïcité, l'égalité ». Il souligne que « les Français ont compris que la liberté d'expression, la liberté de la presse, n'étaient pas aussi acquises que ça ». Et incite à voter « pour les valeurs de la république » avant d'entonner la Marseillaise avec les grands élus socialistes de la région à ses côtés.

 

 

 

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