Le schéma des collèges contesté en Haute-Saône

Une opération collège mort se tient lundi 14 mars à Vauvillers et Luxeuil en même temps que la discussion du projet au Conseil départemental. Dans le Doubs, c'est la carte scolaire du primaire qui provoque les mobilisations de parents et élus locaux.

« Pourquoi dans les agglomérations de 7 à 10.000 habitants on peut avoir un collège de 800 élèves et ailleurs deux collèges pour moins d'élèves ? » Cette petite phrase prononcée en décembre dernier par Yves Krattinger (PS) lors du débat budgétaire du Conseil départemental de la Haute-Saône annonçait déjà la couleur. Le schéma des collèges à l'horizon 2021 qui doit être examiné lundi 14 mars par l'assemblée départementale ne vaut certes « pas décision mais orientation », a redit le président Krattinger en conférence de presse.

Pas moins de cinq collèges du département sont ainsi sur la sellette. Trois sont promis à la fermeture, sans doute pas avant la rentrée 2018, voire 2019. Le vieux Gérôme de Vesoul, dont le sursis n'aura duré que le temps de quelques campagnes électorales, Claude-Mathy à Luxeuil, et Leroi-Gourhan à Champlitte. Les élèves de Gérôme se répartiraient dans les deux autres collèges vésuliens et Rostand resterait l'unique collège public de Luxeuil dont le maire, Frédéric Burghard, préside l'opposition départementale. Le collège de Dampierre-sur-Salon devrait se substituer à celui de Champlitte, les deux établissements, distants de 17 km, sont déjà rattachés administrativement. Les deux collèges de Vauvillers et Faucogney sont placés sous « surveillance démographique » et leur sort devrait être réétudié en 2018.

500 personnes dans la rue le 5 mars à Vauvillers

C'est peu dire que ces perspectives ont provoqué des contestations. A Vauvillers, c'est même une opposition massive de la population qui s'est exprimée dès le 5 mars avec une manifestation de 500 personnes. Le bourg, qui a perdu son statut de chef-lieu de canton, a 670 habitants... Les opposants mettent en avant la réussite de 100% au brevet. Ils contestent la prévision démographique sur laquelle s'appuie le département qui projette 92 élèves en 2025 quand ils en totalisent 177 en comptant les actuels enfants des écoles primaires. Ils rejettent également l'éventualité de la scolarisation d'une partie des collégiens à Bains-les-Bains, dans les Vosges. Leur argumentation, une autre académie et surtout une autre zone pour les vacances, a emporté la conviction : « cette hypothèse ne sera pas retenue », dit Isabelle Arnould (PS), vice-présidente du département en charge de l'éducation.

A Luxeuil aussi, on conteste la fermeture d'un collège : banderoles, pétition, page Facebook témoignent du refus de la mesure. « On a déjà une friche en plein centre-ville après la fermeture d'un autre collège, on ne trouve pas de repreneur, et on risque d'en avoir une deuxième », proteste le maire Frédéric Burghard (LR). A Vesoul, le devenir des locaux du collège Gérôme, un temps très conflictuel, fait l'objet de discussions entre la ville à qui ils appartiennent, l'agglo et le département.

L'avis défavorable du CDEN

L'opposition au schéma s'est également manifestée jeudi 9 mars au Conseil départemental de l'Éducation nationale où, au côté de l'administration, siègent élus locaux et territoriaux, personnels et parents d'élèves. Son avis n'est que consultatif, mais il a été défavorable, 10 voix se prononçant contre (élus de droite, FSU, PEEP), 4 s'abstenant (UNSA et FCPE) tandis que 6 voix de gauche l'approuvant. La FSU craint les conséquences des fermetures pour l'emploi et la pédagogie : « quand on fusionne, on en profite pour économiser des moyens et des postes », dit David Caillet (Snes-FSU).

Ces oppositions devraient converger à nouveau lundi 14 mars à l'occasion d'un rassemblement devant le siège du Conseil départemental, organisé un peu avant le début de la séance. « Nous contestons ces mesures radicales aussi en raison d'une vision différente de l'aménagement du territoire, de la solidarité départementale à faire jouer. Il faut mettre davantage d'argent dans ces secteurs éloignés des axes routiers et des pôles urbains », explique Frédéric Burghard.

Le schéma ne s'inscrit-il pas dans une perspective d'économies globales que l'on peut comprendre de la part de collectivités mises au pain sec avec la baisse des dotations ? Oui et non. « La volonté du département de maîtriser le fonctionnement de ses surfaces est légitime, mais le schéma ne dégagera que peu d'économie, ou alors en façade », dit encore le maire de Luxeuil.

La carte scolaire primaire contestée dans le Doubs

Si la planète scolaire bouge pour les collèges haut-saônois, elle se mobilise aussi pour la carte scolaire dans l'enseignement primaire. Dans le Doubs, l'administration a prévu 26 fermetures et 18 ouvertures de classe, mais également des mesures conditionnelles : on attendra les comptages de rentrée pour savoir si 30 fermetures supplémentaires et 18 ouvertures seront effectives. On annonce également 12 ouvertures de postes ASHadaptation scolaire des handicapés et RASEDréseau d'aide spécialisé aux élèves en difficulté, et l'ouverture de 11 postes au titre de la mesure « plus de maîtres que de classes ».

Cependant, plusieurs fermetures annoncées de classes font bouger parents d'élèves et élus locaux. Dans le Haut-Doubs, à Fournet-Blancheroche, on a manifesté contre la suppression d'une classe maternelle alors qu'un lotissement est en projet, et avec lui des installations de familles. Sur le plateau, les parents de Naisey-les-Granges sont remontés contre une fermeture et l'ont fait savoir sur Facebook avant des actions prévues les 17 mars (braderie symbolique) et 30 mars. On a aussi protesté jeudi 10 contre la fermeture d'une classe au RPI de Lavernay et Lantenne-Vertière, dans le grand Besançon. A Baume-les-Dames, on se demande bien pourquoi passer de 129 à 126 élèves ferait perdre une classes au groupe scolaire Les Terreaux...

Dans le Jura, sept postes restent en réserve pour les ajustements de rentrée qui s'ajoutent aux dix ouvertures de classe. C'est exactement le nombre de fermeture : 17 dont celle de l'école à deux classes de Saint-Germain-les-Arlay qui scolarise jusque là les enfants de Brery qui iront désormais à Domblans, tandis que ceux de Saint-Germain iront à Arlay...

 

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