Le PCF du Doubs rajeunit ses cadres

Professeur de biotechnologie au lycée professionnel d'Audincourt, Thibaut Bize est à 28 ans le nouveau secrétaire départemental du PCF dans le Doubs où il remplace Annie Ménétrier élue en 1999. A Besançon, les deux secrétaires de section sont Elsa Maillot, graphiste de 28 ans, et Florian Gulli, professeur de philosophie de 35 ans.

pcf

Thibaut Bize est à 28 ans le nouveau secrétaire départemental du PCF dans le Doubs où il remplace Annie Ménétrier qui avait été élue en 1999. Professeur de biotechnologie au lycée professionnel d'Audincourt, il vit à Besançon où il a étudié à la faculté des sciences, avant de préparer l'IUFM à Strasbourg, de commencer sa carrière en Lorraine et de la poursuivre à Montreuil avant de revenir dans la région. A qui s'étonne de voir un enseignant animer le « parti de la classe ouvrière », il rétorque : « Mon grand père travaillait chez Peugeot, je suis le fils d'un agent EDF et d'une secrétaire. En travaillant en lycée professionnel, je suis en plein dans la classe ouvrière ». Les manifestations anti Le Pen « où les communistes étaient les plus présents », entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2002, conduisent Thibaut Bize à franchir le second pas l'année suivante : lycéen et membre des Jeunesses communistes, il prend sa carte au PCF. En 2006, étudiant, il sera de la mobilisation anti CPE Projet de « contrat première embauche », assimilé à un « smic jeune » et refusé comme tel. qui fit reculer le gouvernement de Dominique de Villepin. 

« On est sorti du creux de la vague »

Il n'est pas le seul de sa génération à accéder aux responsabilités locales : « 30% des secrétaires départementaux ont été renouvelés au dernier congrès », dit Annie Ménétrier. Cyril Morlot, le secrétaire de la fédération de Haute-Saône a par exemple le même âge que Thibaut Bize. Elsa Maillot a aussi 28 ans et devient l'une des deux secrétaires de la section de Besançon. Graphiste, passée par les Beaux Arts, artiste indépendante, elle a déjà porté les couleurs de son parti lors des élections cantonales de 2008 puis régionales de 2010. Florian Gulli, l'autre secrétaire, 35 ans, est professeur de philosophie au lycée Jules-Haag de Besançon, après dix ans d'enseignement à Montbéliard. Il est de ceux qui participent au frémissement du renouveau intellectuel à gauche. Il publie ainsi régulièrement des notes de lectures ou participe à des débats dans L'Humanité. « On reste le plus ouvrier de tous les partis, davantage en tout cas que le PS, l'UMP ou EELV ». Et si le FN paraît fort en milieu ouvrier, « c'est surtout grâce à l'abstention. D'ailleurs, les ouvriers votent toujours plus pour la gauche, en général, que pour la droite, et par parti, le FN est le premier, mais on essaie de changer la donne, de faire voter les classes populaires abstentionnistes ». Pour Elsa Maillot, ça a commencé à bouger un peu : « il y a 10 ans, on ne touchait pas les ouvriers... »
La participation des communistes aux pouvoirs de gauche a-t-elle éloigné la classe ouvrière ? « Notre perte d'influence est aussi due à notre moindre présence dans les associations. Notre travail consiste à recréer ces réseaux, localement », explique Thibaut Bize. « On est sorti du creux de la vague, on vient de faire plusieurs dizaines d'adhésions à Planoise », ajoute Florian Gulli. « Nos campagnes redonnent confiance en la politique, c'est pour ça qu'il faut continuer au sein du Front de gauche alliance politique constituée notamment du PCF, du Parti de gauche, de la Gauche anticapitaliste (venue du NPA), des Alternatifs... », analyse Annie Ménétrier. Est-ce à dire que le PCF ne peut exister désormais sans le Front de gauche ? « Aucun des deux n'a de sens sans l'autre », répond Florian Gulli. « Le Front de gauche nous permet d'avoir davantage de militants, d'être plus réguliers sur le terrain », explique prosaïquement Elsa Maillot. Annie Ménétrier souligne que les relativement bons scores bisontins du Front de gauche en 2012 (15,46% pour Mélenchon à la présidentielle, plus de 12% aux législatives) ne sont « pas venus comme ça ». Autrement dit, la préparation militante les a construits.

« On n'est pas dans l'opposition », dit l'une.
« On est dans l'opposition sur des points précis », dit l'autre...

Une construction fragile cependant, vacillant parfois sur les appréciations divergentes sur le style de Jean-Luc Mélenchon, mais aussi sur des analyses différentes. Cela explique qu'il faille beaucoup discuter dans la perspective des municipales. « Nous voulons un maximum d'élus Front de gauche et aller dans les exécutifs », dit Florian Gulli. Comment y parvenir ? Pour l'heure, en particulier à Besançon, les trois autres composantes du Front de gauche ont dit leur préférence pour une liste autonome dès le premier tour. Les communistes se tâtent, ses élus mettent en avant un bilan, repartiraient bien pour un mandat dans des équipes à direction socialiste : « A Montbéliard, si on n'avait pas été à l'initiative et là pour pousser, le retour de la gestion de l'eau en régie publique ne se serait pas fait », dit Thibaut Bize.

Reste un sérieux dilemme : bien que les communistes s'en défendent, le Front de gauche n'est pas dans la majorité parlementaire. En tout cas pas tout le temps. « Sans nous, le PS n'a pas la majorité au Sénat, on est dans la majorité parlementaire », assène Annie Ménétrier qui ne voit « pas la subtilité » de s'interroger à ce sujet, comme si des textes gouvernementaux n'avaient pas été mis en minorité, au Sénat justement, ou votés par l'Assemblée nationale sans le Front de gauche. « On n'est pas dans l'opposition », ajoute-t-elle. « On est dans l'opposition sur des points précis », dit Florian Gulli en donnant un exemple : « nous sommes cohérents. Sous Sarkozy, notre proposition de loi contre les licenciements boursiers avait été votée par le PS. Aujourd'hui, il la refuse... » Le PCF, qui a la plupart des parlementaires Front de gauche, n'est-il pas le cul entre deux chaises ? « Mais c'est le PS qui l'est ! Et si François Hollande continue comme ça, ce sera la catastrophe en 2017 », assure-t-il !
Qu'il est difficile de jouer le rôle de l'aiguillon ! 


  

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