Le Modem annonce une liste aux municipales à Besançon

Julie Baverel, la nouvelle présidente départementale explique qu'elle ne pourrait pas travailler avec Jacques Grosperrin (UMP) et que Philippe Gonon (UDI, ex Modem) est déçu de ne pas être parti avec davantage de militants.

Julie Baverel, Modem

Julie Baverel se présente d'emblée « plutôt comme une citoyenne engagée que comme une politicienne ». Elle « y tient » pour se distinguer de ceux qui font de la politique un métier et « privilégient la stratégie et la communication ». Pour elle les valeurs humanistes ne sont pas négociables. Elle a été nommée présidente du Modem du Doubs sur décision du secrétariat national le 2 avril. 

Raphaël Krucien, porte-parole du Modem 25 se prononce sur la Cité des arts, le Tram et la fiscalité à Besançon (lire ici). 

 

A quel moment est née votre vocation politique ?

En 2007, je me suis dit, en entendant François Bayrou que peut-être la politique pouvait changer quelque chose, changer pour rendre meilleur le monde que l'on va laisser à nos enfants. Je venais aussi d'avoir mon deuxième enfant. Je suis institutrice à Beure, la question de l'éducation m'intéresse tout particulièrement.

Que prétend changer le Modem dans la vie politique ?

La politique avec François Bayrou ce n'est pas seulement l'appartenance à un parti et le soutien inconditionnel à ce parti en lutte contre d'autres. C'est finalement assez stérile car il y a toujours la majorité et l'opposition. Le discours de François Bayrou que j'ai entendu correspondait à mes valeurs.

« Pas travailler avec Jacques Grosperrin »
« Ce qui est sûr c'est que l'on sera présent à Besançon, nous travaillons au projet avant de nous référer aux autres. Tout est possible ou presque… Pour ma part je ne pourrais pas travailler avec Monsieur Grosperrin, mais nous devons en parler et si le ou la candidate à Besançon me démontre qu'il y a un intérêt à le faire, on verra, on discutera. »
« Philippe Gonon est déçu »
« Philippe Gonon envisageait de quitter le Modem avec davantage de militants, je crois qu'il est un peu déçu. Nous avons appris son départ par la presse et il reste des choses à voir ensemble. »

Dans quelle culture politique familiale avez-vous évolué ?

J'ai un grand-père qui était conseiller municipal à Besançon, quand Monsieur Minjoz était maire. Il s'appelait Jean Bévalot (Jean Bévalot est mort en 2011, photographe de profession, militant démocrate-chrétien, il était engagé dans le soutien aux travailleurs immigrés qui vivaient dans des conditions de misère aux Glacis, l'aide aux réfugiés. Il siégea douze ans au conseil municipal avant de rejoindre le parti socialiste, NDLR). Je redécouvre à présent son engagement au service du citoyen depuis que je m'intéresse à la politique. Il pouvait très bien voter une décision défavorable aux commerçants du centre-ville dont il faisait partie s'il jugeait qu'elle servait l'intérêt général. Si il n'y avait pas le Modem aujourd'hui je ne serais pas dans la politique. 

Le Modem en tant que parti s'il accédait au pouvoir formerait autour de lui une majorité à laquelle serait opposée une minorité ?

Non, je pense qu'il ne faut pas parler de majorité. François Bayrou a encore dit au conseil national, où j'étais en novembre, qu'il fallait sortir d'une stricte opposition droite-gauche. C'est comme ça que je conçois les choses également, une forme d'union nationale avec des personnalités de tous bords, compétentes. 

Sur la réforme des rythmes scolaires :  « Elle va coûter énormément aux collectivités locales pour un bénéfice nul. En tant que maman et en tant qu'enseignante, j'y suis totalement opposée. Je suis favorable à la semaine de quatre jours et demi mais cette réforme n'allège pas les journées des enfants, ne permet pas de lutter contre l'échec scolaire. Des temps de 45 mn ne sont pas suffisants pour des activités bien menées. Les journées seront toujours aussi longues. A Rouen on met en place un goûter de 15h45 à 16h15, à Tours ils commenceront à 9h et feront un quart d'heure de pause à midi, d'autres communes feront une pause méridienne de trois heures (les enfants seront fatigués ou très excités)… Il aurait fallu redonner aux enseignants et aux enfants le temps d'apprentissage perdu en 2008 : 26 heures et réduire le temps des grandes vacances. »

Vous pensez à qui en particulier ?

Par exemple j'ai entendu Pascal Durand, le secrétaire d'Europe Écologie Les Verts, à la télévision sur la question de la moralisation de la vie publique. Il pourrait faire partie, je pense, d'un gouvernement d'union nationale. Il y a aussi des gens compétents à droite. Le bipartisme est un des maux de notre démocratie aujourd'hui. 

L'alternance est aussi une condition de cette démocratie ?

Dans les circonstances de crise économique, sociale, politique très grave et de défiance des citoyens, il faut davantage. Sur des thèmes forts comme la moralisation, il n'y a pas à se positionner par rapport aux étiquettes. On est dans l'urgence. Seules des personnes portant un discours d'union peuvent redonner confiance aux citoyens. Je pense que nous arrivons à la fin d'un système. 

Vous pensez que cette attente d'union est manifeste ?

Sur ces thèmes oui, comme sur la question de la dette, il peut y avoir consensus sauf peut- être avec le Front de gauche. Il est possible que ce soit une vision utopique des choses. 

François Bayrou se fait certainement une idée de l'union à partir de bases qu'il définit lui même. Il aurait comme nécessité d'entraîner avec lui d'autres forces ?

A partir des quatre idées-force de sa dernière campagne présidentielle : réduction des dépenses publiques, éducation, production nationale et moralisation, ne pensez-vous pas que l'on peut s'unir par delà les appartenances politiques, proposer un cap et diriger le pays en ce sens ? Je pense que oui.

Il faut emporter l'adhésion…

Le programme de François Bayrou a été pillé. C'est bien qu'il y a consensus sur ces nécessités. Ensuite il y a les mots et l'action politique…

Au Modem en tant que parti, des adhérents ont été perdus ces dernières années. Ce n'est pas le signe d'une dynamique d'union.

Philippe Gonon par exemple à Besançon a décidé de partir car il pense, je ne veux pas parler en son nom mais je l'ai côtoyé, qu'il faut accéder au pouvoir pour mettre ses idées en pratique. C'est ce qu'il pense sans avoir à renier ses idées et il ne concevait plus de pouvoir le faire avec le Modem. Mais ce sera compliqué pour lui, plus que pour nous. Je pense que même si on n'est pas élu on peut peser sur la vie politique, à l'exemple du référendum transpartisan de François Bayrou sur la moralisation de la vie politique. 

Peut-on tout fonder sur le crédit, le charisme d'une personne ?

Si je suis au Modem, c'est pour ses valeurs et je ne suis pas prête à les brader, à brader l'indépendance qui fait peut être que nous sommes si peu nombreux en terme d'élus.

Alors l'indépendance n'attirerait que peu de monde ?

Étant donné que nous sommes dans un système où soit on est à droite, soit on est à gauche, c'est difficile.

Localement le Modem peut se situer dans une majorité ou dans une autre ?

Il le fait sans renier son indépendance et son identité. Phillipe Gonon à Besançon n'était pas systématiquement dans l'opposition. 

Cette indépendance est nécessaire comme un recours comme quand vous parliez d'union nationale ?

Non, elle devrait être la règle. Pourquoi décider qu'une action est bonne sous prétexte que c'est son parti qui l'a émise ? 

On peut être dans le vrai sans accéder jamais au pouvoir ? 

C'est mieux d'accéder au pouvoir mais c'est prendre le problème à l'envers. On ne va pas nier nos valeurs et dire on sera toujours partenaire de la droite comme le fait l'UDI. Ça n'a pas de sens pour moi. Dire d'emblée je serai toujours le partenaire de l'UMP ça me dérange. Quand François Bayrou est devenu ministre de l'Éducation il a gardé les personnes jugées compétentes et aptes à mener la politique qu'il souhaitait mener même si ces personnes avaient travaillé pour une autre majorité. C'est du bon sens.

L'histoire du Modem est pourtant faite aussi de divisions, de séparations, à rebours de cet impératif unitaire.

Il y a aussi des luttes d'egos qui ne devraient pas avoir lieu.

Comment fait-on fi des luttes d'egos dans un parti politique ?

En mettant à sa tête quelqu'un qui n'en a pas.

Vous pensez que François Bayrou n'a pas d'ego ?

C'est quelqu'un de très particulier François Bayrou. Oui il a un gros ego mais je ne pense pas qu'il ait nui au Modem de ce fait. Les centristes partis à l'UDI lui reprochent plutôt son vote en faveur de François Hollande. 

Sur le mariage des homosexuels : « il fallait avancer dans le sens de l'égalité c'est clair, même si le contexte n'était pas favorable, même si on peut comprendre, non pas le rejet et l'expression hostile, mais le besoin d'avancer à leur rythme de ceux qui ont des conceptions assez traditionnelles et pour qui cette évolution peut sembler brutale. Je ne suis pas personnellement favorable au mariage en général, le terme d'union avec les mêmes droits aurait peut être été moins clivant mais j'entends bien que pour les personnes concernées c'était important. » 

Avez-vous fait de même ?

Je comprends ce vote en ce sens qu'il a fait le choix du moindre mal, mais je n'ai pas fait le même. Je suis pour la reconnaissance du vote blanc. J'étais sûre que François Hollande allait être élu. Le risque qu'il mette en péril les finances publiques plus qu'elles ne le sont m'a conduite à ne pas voter pour lui. Je me sens un peu écologiste, un peu centre-gauche mais je tiens à l'indépendance du centre.

Vous êtes présidente depuis quelques semaines, comment envisagez-vous les élections municipales l'année prochaine ?

Nous nous engagerons uniquement sur des projets. Le Modem sera présent partout où il y aura des candidats. Le dernier conseil national a énoncé clairement que nous sommes les mieux placés sur le terrain pour dire si telle personne et tel projet sont conformes aux valeurs du Modem.

Que voulez-vous dire ?

Il y aura des candidatures ou des partenariats sur la base de projets. 

A Besançon ?

J'habite à Vorges-les-Pins et je ne serai pas candidate à Besançon, je n'y louerai pas un garage pour pouvoir me présenter. Et ça ne m'intéresserait pas forcément, je pense que l'action politique est très intéressante dans les petites communes. 

L'opposition a-t'elle des chances à Besançon ?

Je ne le crois pas. A Besançon nous lancerons la campagne avec un projet d'ici un mois. Nous attendons la venue de Marc Fesneau, le secrétaire national, et reconstruisons le bureau. Nous aurons une réunion de ce nouveau bureau le 4 mai. Avec Philippe Gonon sont partis un délégué territorial, une conseillère départementale et le trésorier, peu de militants. J'ai déjà fait des propositions au national qui devait les examiner mardi en conseil exécutif. Notre organisation sera beaucoup plus collégiale qu'elle ne l'était jusqu'à présent. Je n'étais pas forcément candidate à la présidence. Nous allierons une jeunesse très dynamique et l'expérience de Madame Faivre et Monsieur Josse notamment.

Quels sont les profils des nouveaux ?

Je pense que ce sont des gens qui sont inquiets de la situation de crise et se disent qu'il faut porter la parole entendue depuis déjà longtemps. Il y a un peu toutes sortes de profils.

Comment définissez-vous les valeurs centrales de votre centre ?

Les piliers sont l'humanisme, la solidarité. Personnellement j'y ajoute l'écologie qui est transpartisane et surtout traverse tous les domaines de l'action politique. Aujourd'hui nous redoutons une implosion sociale et le vote des extrêmes. La pétition pour la moralisation est la base d'un retour de la confiance des citoyens. 

Les citoyens ont-ils besoin d'une figure d'autorité ?

Pas forcément d'autorité mais d'un modèle crédible, juste et permanent. Ceux qui ont voté pour François Hollande sont aujourd'hui désabusés. J'ai fait partie du collectif des Dindons qui a travaillé sur la refondation de l'école pendant six mois. Il y avait des gens de tous bords politiques qui n'affichaient rien au départ et sont parvenus à travailler ensemble sur l'intérêt central de l'enfant. Beaucoup à la fin quand nous avons parlé de politique, m'ont fait savoir qu'ils ne voteraient plus socialiste. 

Vous pensez que le Modem trouvera de nouveaux électeurs surtout dans cet électorat ?

Oui, je le pense. 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !