« L’Alternative à gauche » a ses têtes de listes

La liste de « rassemblement des forces de gauche » conduite par la présidente du groupe communiste au conseil régional de Bourgogne, Nathalie Vermorel, entend mener une campagne « résolument axée contre l'austérité ». Les communistes ont cinq têtes de listes départementales sur huit. Le PG de Franche-Comté et Nouvelle Donne n'apparaissent pas dans cette union intégrant le MRC, Ensemble et la Nouvelle gauche socialiste, dernière scission du PS.

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Les formations politiques et divers mouvements de la gauche non socialiste ont fini par accoucher, non sans mal, d'un accord pour les élections régionales de décembre qui a été présenté samedi 24 octobre dans une brasserie de Dijon. Non sans mal puisque la participation du PG est limitée à la Bourgogne, ses militants franc-comtois ayant refusé de figurer sur les listes : « nous avons référé au national de nos différentes nuances, il nous a donné le feu vert pour y aller », explique Bruno Danio, secrétaire départemental de Côte d'Or, « la porte était ouverte en Franche-Comté, ils ne l'ont pas saisie... ». On note aussi la vraie-fausse participation de Nouvelle Donne qui n'apparaît pas en tant que telle, mais dont un adhérent sera quand même tête de liste dans le Jura : Patrick Viverge, ancien conseiller général élu sous l'étiquette PS et passé quelque temps par le PG...

Ces petites fausses notes n'empêchent pas Nathalie Vermorel, la tête de liste régionale, de positiver. Il s'agit de démontrer que « le peuple de gauche existe » et qu'il est « capable de se rassembler ». Quand Alain Letailleur, conseiller régional MRC du Territoire-de-Belfort où il conduira la liste départementale, assure que « la gauche réelle est ici, pas ailleurs... », il faut comprendre que cet « ailleurs », c'est le PS... « Dans des régions où il avait Carraz et Chevènement, la présence du MRC montre que le PS est nu », analyse Bruno Diano qui, avant de rejoindre le PG, fut 13 ans au CERES puis autant chez les Verts... D'ailleurs, un représentant de la dernière scission du PS, la Nouvelle gauche socialiste de l'économiste et ancien député européen du Grand-Est Liêm Hoang-Ngoc (voire son blog sur Médiapart ici), est troisième sur la liste du Jura...

« On n'est pas dans la tambouille »

Les huit têtes de listes... et quelques suivants

Côtes d'Or : Jérôme Petitdent, maire de Faim-les-Moutiers (Ensemble)
Doubs : Jean-Christophe Jacottot, syndicaliste (PCF)
Jura : Patrick Viverge, ancien conseiller général PG (ND) ; 2 : Nelly Faton (PCF) ; 3 : Yann Dufour (Nouvelle gauche socialiste)
Nièvre : Jimmy Derouault, syndicaliste (PCF)
Haute-Saône : Gilles Lazar, conseiller municipal d'Héricourt (PCF) ; 2 : Béatrice Tognet (FG) ; 3 : Quentin Hafécoste (PCF)
Saône-et-Loire : Nathalie Vermorel, conseillère régionale (PCF)
Territoire-de-Belfort : Alain Letailleur, conseiller régional (MRC) ; 2 : Régine Curty (PCF) ; 3 : Christian Rayot, maire de Grandvillars, conseiller départemental (DVG)
Yonne : François Meyroune, ancien maire de Migennes (PCF)
 

La preuve du rassemblement, c'est qu'il « ne faut pas se focaliser sur les appartenances politiques, on n'est pas dans la tambouille », souligne Nathalie Vermorel. Puisqu'il a quand même fallu en passer par un accord, il s'est réalisé autour de quelques principes. Les trois premiers de toutes les listes, soit 24 candidats, sont répartis en trois tiers : huit candidats issus du PCF, le principal bailleur de fonds de l'attelage ; huit candidats provenant de ses partenaires MRC, Ensemble, PG de Bourgogne ; et huit candidats du mouvement social et citoyen. Au final, les communistes ont la tête de liste régionale et cinq têtes de listes départementales. Ensemble et le MRC en ont chacun une, ainsi que Nouvelle Donne, mais sans apparaître... Le détail des listes sera donné - voire l'a déjà été dans l'Yonne - en ordre dispersé dans chaque département.

D'emblée, Nathalie Vermorel explique que la liste est distincte de celle du PS parce qu' « après les défaites électorales et les avertissements, le gouvernement continue une politique qui va dans le mur ». Elle critique aussi une « politique territoriale qui va éloigner les lieux de décision des citoyens, menace les services publics, anéantit toute ambition ». Elle se réjouit que la moitié des colistiers de l'Alternative aient « un autre engagement que politique » et soient militants associatifs, humanitaires ou syndicaux dont l'avis n'est jamais « pris en en compte dans les stratégies ». 

« Nous exigerons des banques un moratoire sur les intérêts de la dette »

Elle présente un « pacte » avec quatre objectifs. D'abord la lutte contre l'austérité qui résulte du « plus grand transfert d'argent des pauvres vers les riches : c'est Robin des Bois à l'envers ! C'est ainsi 19 millions d'euros en moins dans les budgets des deux régions pour chacune des trois années à venir ». Pour en récupérer une partie, la candidate promet « des propositions audacieuses pour revenir sur la perte des dotations ». Exemple : « nous exigerons des banques un moratoire sur les intérêts de la dette en leur disant : « on vous a sauvées en 2008, arrêtez de prélever 2% par an... » Pour Alain Letailleur, il faut aller au rapport de forces. Il donne même un exemple... socialiste : « Quand Bartolone avait présenté un budget départemental en déséquilibre, il avait obtenu des subventions supplémentaires. Nous ne serons pas là pour accompagner les politiques libérales ».

Le second objectif est « promotion de l'égalité et de la solidarité qui sont en opposition à la concurrence et à la compétition, ce qu'on appelle compétitivité et qui est le creuset des inégalités. Les territoires ruraux pourraient beaucoup perdre, nous voulons un aménagement égalitaire du territoire. Mais nous ne sommes pas là pour raser gratis, les batailles seront à mener avec les citoyens ».

« Où sont passés les 480 millions d'euros de CICE sur nos deux régions ? »

« Porter des projets en rupture avec le modèle libéral » est le troisième objectif pour « la transition énergétique, les circuits courts, l'économie sociale et solidaire, l'agriculture raisonnée, les batailles pour l'industrie, par exemple le tram donne du travail à Belfort et au Creusot... » Nathalie Vermorel veut aussi conditionner les aides aux entreprises au respect de la RSE, la fameuse responsabilité sociale des entreprises : « aujourd'hui, on ne sait pas où sont passés les 480 millions d'euros de CICE sur nos deux régions. Quand on demande au préfet, il nous répond : secret fiscal ! Toutes les entreprises qui solliciteront l'aide de la région devront dire ce qu'elles ont déjà touché en argent public ».

Tête de liste dans le Doubs, Jean-Christophe Jacottot appuie : « Les gens sont plus intéressés de savoir où va le CICE que par la forme de l'alliance. Je travaille dans une grande entreprise [EDF] qui touche du CICE et fait travailler des sous-traitants dans des conditions sauvages ».

Le référendum d'initiative populaire figure dans le quatrième objectif, la démocratie que l'Alternative à gauche estime « gangrenée par les institutions de la 5e République » dont les « dérives présidentialistes sont partout ». Par exemple dans la façon dont François Patriat et Marie-Guite Dufay « sont allés à la fusion sans même consulter les conseils régionaux ».



 

 

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