La résistible percée de l’extrême droite parmi les Gilets jaunes bisontins

L'interpellation d'un activiste bisontin dit Sanglier, soupçonné d'avoir participé au saccage de l'Arc de triomphe, ou la présence dans les cortèges et sur certains ronds-points de quelques nostalgiques du nazisme ou de proches de Soral et Dieudonné, ne doit pas faire oublier que personne ou presque ne sait qui ils sont. Et quand ils sortent du bois, ils sont rarement bienvenus. 

sanglier

L’extrême-droite radicale de Franche-Comté s’intéresse au mouvement depuis ses débuts. Elle y marque, davantage qu’un soutien de forme, une présence physique discrète mais réelle. Par cette désignation, il faut entendre les individus et affinités qui se considèrent comme plus « durs » que le Front national, souvent violents dans les propos et les actes. On compte ainsi plusieurs grandes familles telles que les identitaires, les ultranationalistes, et bien sur les néonazis.

Dans les balbutiements des premiers appels à la mobilisation sur les ronds-points, on trouvait ainsi dès le 17 novembre à Chalezeule un certain Sanglier… Cet ancien légionnaire s’illustrera plus tard en étant accusé d’avoir participé au saccage de l’arc de Triomphe, le 1er décembre à Paris, et dans la suite pour la possession d’armes et de drapeaux du IIIe Reich retrouvés à son domicile. Le quarantenaire s’est fait connaître sur Besançon, naviguant entre prises massives d’alcool, étalage d’un racisme hors-norme, tabassages réguliers de tout faciès qui ne lui reviendrait pas, et exhibition de fusils.

Loin d’être seul, Teddy, lui aussi militaire et meneur local, a sans doute été du voyage, tant à la Capitale le 1er décembre, qu’au préalable sur le site d’Ecole-Valentin. Il est fondateur des « Werwolf Sequania », section clandestine et paramilitaire qui mena une série d’agressions politiques et racistes d’avril 2012 à janvier 2013 à Besançon. Il a réapparu, dès la manifestation du 15 décembre à Besançon, et en tandem le 12 janvier, avec les adhérents casqués et cagoulés des anciennes Jeunesses nationalistes, surtout originaires du Jura et du Haut-Doubs.

Idées « völkisch et néo-païennes »

Ce groupe, dissout après le meurtre du jeune antifasciste Clément Méric en 2013 à Paris, s’est également illustré localement. Ses  « têtes pensantes » n’ont pas hésité, outre des appels clairement homophobes, antisémites, et contre l’immigration, à poser avec carabines, gazeusesbombes lacrymogènes, et matraques télescopiques en main, sur fond de croix gammées. De manière plus anecdotique, mais très proches des précédents, le président régional du groupuscule Terre et Peuple, se réclamant des idées « völkisch et néo-païennes », battait lui aussi le pavé le 19 janvier.

Ce palmarès éloquent demeure toutefois confidentiel pour le plus grand nombre. Aucun des groupes ne laisse entrevoir explicitement autre chose qu’une adhésion à un « patriotisme » et seulement quelques runes (alphabet germanique utilisé en histoire et par des nostalgiques du nazisme) peu parlantes aux non-initiés. Cette approche ne sera pourtant pas payante, leur absence d’enracinement concret étant criant. Seule « victoire » au prix de cette neutralité quasi-totale, un laissé-passé dans l’anonymat des foules Bisontines qui n’avait été possible que le 2 février 2013 lors de l’édiction locale de la Manif pour tous.

Le chant des Partisans aux Glacis...

Leur potentiel de dangerosité et de récupération à marche forée n’en est pas moins établi et inquiétant, par ce passif lourd et leur récente réémergence dans un bar fréquenté du centre-ville de Besançon avec son lot de nuisances et d’attaques à l’encontre de ceux qu'ils considèrent « indésirables ». Enfin, notons la sortie de quelques fans de Soral et Dieudonné dans les cortèges, qui tentent, se croyant « anti-système », plus par bêtise que véritable haine, le sifflement de la quenelle, peu suivie et souvent désapprouvée par d’autres participants.

Plutôt polarisé sur des thèmes et revendications « souverainistes », le mouvement des Gilets jaunes embrasse par nature un spectre politique extrêmement vaste, dont la construction commune malgré les divergences est une de ses principales richesses. Il ne semble cependant pas inutile de rappeler certaines évidences. Ainsi, les franges fascistes, bien que très minoritaires puisque réunissant à peine quelques personnes, malgré l’ouverture des idées et des débats, n’apparaissent pour beaucoup pas être les bienvenues.

C’est par exemple ce qu’entendait encore signifier dernièrement des participants à l’émission spéciale gilets jaunes de Radio Bip du 17 janvier : « si le mouvement était raciste, on seraient nombreux ici à être mis dehors ; ceux qui restent sur cette logique et sont réfractaires à la discussion partent d’eux-même ». Qu'on songe aussi à l’hommage aux victimes des deux derniers mois le 20 janvier parc des Glacis, au son du chant des Partisans...

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