Bisontine depuis un an et demi, experte-comptable de formation, Nathalie de Pontac est coordinatrice de la « Manif pour tous » pour le Doubs, fonction qu'elle partage avec un autre coordinateur pour la Haute-Saône. Elle est donc une cheville ouvrière des manifestations prévues samedi 2 février à Besançon (15 h à la Gare d'eau) et Vesoul, et probablement à Belfort et Lons-le-Saunier. Alors que les opposants au projet de loi sont reçus ce vendredi à l'Elysée et que les partisans s'apprêtent à défiler dimanche 27 janvier à Paris (bus à 6 h à la gare Viotte), elle explique son engagement et ses arguments.
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Comment vous êtes-vous retrouvée là ?
Par la corrélation de deux choses. Tout est parti de la manifestation du 13 janvier. Mais aussi par mes engagements associatifs, j'en avais la légitimité. Je suis déléguée départementale de l'Alliance Vita (NDLR : créée par Christine Boutin, elle a manifesté en octobre à Besançon) qui a un service d'écoute pour les personnes confrontées aux épreuves de la vie. Cela nous fournit matière à nous tourner vers les pouvoirs publics. Nous nous tournons aussi vers le grand public. L'Alliance Vita fait partie des trente associations qui constituent le collectif national Manif pour tous. Mais je n'agis pas comme coordinatrice au nom de l'Alliance Vita.
Avez vous une orientation philosophique ou spirituelle ?
Je suis attentive aux étiquettes qu'on pourrait nous coller... Je suis pour le respect de la vie, mais je ne suis pas du tout « Pro Vie » ou manif anti IVG. Ce n'est pas notre mode d'action. Nous avons choisi un mode d'action différent, mais qui dit les choses.
Pourquoi vous êtes-vous engagée ?
Le souhaite entraîner, fédérer contre ce projet de loi. Pour qu'il soit retiré. Je veux faire entendre notre refus : pourquoi une majorité écrasante ne serait pas entendue du gouvernement qui souhaite légiférer pour une minorité ? J'ai rencontré beaucoup d'homosexuels qui ne se positionnement pas, ou ne réclament pas. C'est pour une minorité dans la minorité...
La démocratie, c'est la loi de la majorité, mais aussi la protection des minorités...
La protection de qui ? Je pose la question ! Le mariage est le cadre juridique qui protège les enfants et installe la filiation...
Les 50% de naissances hors mariage ne seraient pas protégées ?
Vous avez raison. Je m'attache à répondre à ça car c'est la revendication des homosexuels. Il est important de partir de la notion de mariage. La majorité des gens disent « pourquoi pas ? », mais on change de majorité dès que la question des enfants, de la filiation, est posée. Les chiffres s'inversent quand on parle de procréation médicale assistée (PMA) ou gestation pour autrui (GPA).
Justement, la PMA et la GPA ont été sorties du projet...
C'est pour désamorcer la bombe sociale, c'était judicieux.
Les sujets, mariage d'un côté, PMA et GPA de l'autre, sont assez différents...
Tout est lié. Derrière la mariage, il y a la question de la PMA et de la GPA. Le délai va permettre d'approfondir la réflexion. Une quantité de problèmes juridiques sont liés à ces questions...
Mais ils se posent de la même façon, quels que soient les couples !
Ils sont augmentés pour les couples homosexuels. PMA et GPA ne sont déjà pas simples avec les couples hétérosexuels, il y a danger à légiférer d'urgence.
Pourquoi y aurait-il un problème spécifique aux couples homosexuels ?
Ce sont eux qui relancent, se positionnent différemment, pas nous.
Quels problèmes voyez-vous à la déconnection du mariage de la filiation ?
Le mariage n'est pas que l'union entre deux êtres, il arrive que des homosexuels réclament le mariage sans projet parental...
Craignez-vous que l'ensemble du projet initial passe par étapes successives ?
J'ai débattu à a télévision avec le sénateur Jean-Pierre Michel (PS, Haute-Saône). Il a clairement dit se battre sur le sujet depuis le PACS et que son projet final, c'est l'ensemble du paquet cadeau.
Sur le plan anthropologique, l'humanité a connu une grande variété de façon de concevoir la filiation...
Des civilisations disparaissent quand l'homme est un loup pour l'homme.
De grandes civilisations ont disparu, toutes les civilisations disparaissent...
Oui, mais pas pour des raisons stupides. Que nous organisions la disparition, c'est grave. C'est grave d'institutionnaliser, de légiférer, pour poser un acte non structurant pour les enfants.
Il existe des couples hétérosexuels non structurant pour leurs enfants. Pensez-vous qu'un couple homosexuel soit par principe non structurant ?
Tous les professionnels de l'enfance le disent : des personnes élevées par deux mamans ou deux papas témoignent de leurs souffrances. On sait que c'est l'altérité sexuelle qui structure.
Des souffrances peuvent avoir pour cause l'homophobie, non ?
Les personnes ne disent pas ça, n'expriment pas ça par rapport à la société. Ce sont eux qui disent « voilà ce qui m'a manqué et je ne m'en remettrai jamais ». J'en ai marre qu'on me parle des couples hétéros, les couples homos sont moins fidèles, la proportion des PACS homosexuels rompus est supérieure au pourcentage de divorces...
Comment s'organise votre mouvement ?
Notre équipe est à géométrie variable... L'organisation locale est différente de l'organisation nationale. Ici, ce sont plus des individus. Je ne vois pas arriver de représentants d'associations.
Combien êtes vous d'animateurs dans la région ?
Pour les bus du 13 janvier, deux personnes dont l'une a été relayée par une troisième, une chargée de mission presse, deux responsables des tractages, une dizaine de distributeurs de tracts, une personne s'occupe de la boîte mail, une fait les relais vers les autres associations et les réseaux, et une équipe est en cours de constitution pour l'accueil et la sécurité, notamment pour les jeunes. Nous sommes tous bénévoles et n'avons pas de local.
Combien de manifestants attendez-vous ?
Nous n'avons d'objectif chiffré. On veut envoyer un signal fort au monde politique, interpeller les parlementaires avec des petits trucs sympa... Au retour de la manifestation parisienne, nous avions eu plus de 500 contacts, dont beaucoup émanant de personnes se disant prêtes à se mobiliser localement. Nous pensons que les gens qui ont manifesté à Paris seront là, mais qu'il y en aura d'autres.
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