La gauche peut-elle conserver Belfort ?

La gauche a-t-elle une chance de conserver Belfort aux municipales de 2014 ? La moue de Denis Sommer, premier vice-président du Conseil régional et maire (PS) de Grand-Charmont, en dit plus long qu'un grand discours. A entendre la droite, ce serait plié. Le conseiller général MoDem Christophe Grudler, sur son blog, décrit le maire Etienne Butzbach comme un « homme seul ». Et il se réjouit de l'alliance qu'il pourrait conclure avec l'UMP pour s'emparer de la place. Reste que les négociations ne sont pas terminées. Yves Akermann, le président socialiste du Conseil général, a conscience du danger. Il croit à un sursaut. Vendredi soir, lors du meeting dont Pierre Moscovici était la vedette, il l'a expliqué tout en ne cachant pas ses craintes : « Il y a une conscience politique dans le Territoire de Belfort. Comment expliquer qu'on travaille ensemble toute l'année et qu'un parti dise "je veux être le chef ou je fiche tout par terre" ? ». Tout le monde a compris que ce parti est le MRC, inutile de le préciser. A Belfort, ville dont le sénateur Jean-Pierre Chevènement fut le roi, la rivalité PS-MRC est dans tous les esprits.

« On aurait une situation curieuse, sans unité à gauche », poursuit Yves Akerman, « avec peut-être cinq listes : MRC, PS, communistes, Verts, Front de gauche… et la droite unie en face ! Alors qu'au Conseil général, dès que Grudler parle, Meslot le contredit. Et dès que Meslot parle, Grudler dit l'inverse ! Ils ne foutent rien toute l'année et se réunissent, mais s'ils gagnent ils ne vont rien faire ! » Face à la menace, Yves Akerman n'a d'autre solution qu'appeler au « rassemblement » et à faire « cesser les querelles d'égo ».

Christian Proust : « la gauche n’a pas besoin de nous pour perdre, il suffit qu’elle soit menée par Étienne Butzbach... »

Il n'est pas désigné, mais il est facile de reconnaître Christian Proust, l'ancien président MRC du Conseil général, et son initiative Oser le débat qui a tout d'un départ en campagne électorale. La présentant en novembre à la presse, il lâchait, acerbe, « la gauche n’a pas besoin de nous pour perdre, il suffit qu’elle soit menée par Étienne Butzbach... » Maire actuel, passé l'été dernier du MRC au PS, Etienne Butzbach avait été adoubé par Jean-Pierre Chevènement dont il était l'adjoint. Vendredi, il a salué « les perspectives intéressantes » ouvertes par le gouvernement pour « l'école et l'hôpital », avec « la banque publique d'investissement, les emplois d'avenir et les contrats de génération ».Voilà pour coller au PS. Mais dans la foulée, il dénonce les « déclarations contreproductives », estimant que « l'annonce par le ministre du budget d'une ponction dans les deux années à venir de près de 4,5 milliards dans les dotations de l'Etat aux collectivités n'est pas admissible, alors que des efforts leur sont demandés pour accroître les services aux populations ». Voilà pour rester encore un peu dans le coeur des électeurs MRC.
De quoi expliquer que son « choix sincère » d'avoir rejoint le PS n'est « pas celui du reniement de nos idées ». En fait, il veut « tourner une nouvelle page au niveau national comme à Belfort ». Faut-il comprendre tourner la page Chevènement ? Quoi qu'il en soit, il prévient : « la gauche d'aujourd'hui n'est plus celle des années 1970-1980. L'ancrage de Belfort à gauche ne va pas de soi, les législatives depuis 2002 en témoignent. Nous ne pouvons conserver Belfort à gauche si nous ne travaillons pas main dans la main avec tous ceux qui revendiquent, partagent et croient aux idées et valeurs de la gauche ». Il en appelle donc au « changement », au passage d'une « logique de division qui a gravement affaibli la gauche dans le département à une logique d'union de la gauche, dans sa diversité ». 
Les militants CGT et Front de gauche qui interpelaient vendredi soir les socialistes sur la rigueur de gauche, disaient cependant redouter une désunion de la gauche qui ouvrirait les portes de la mairie à la droite.

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