Jean-Louis Fousseret suspend Jean-Sébastien Leuba

Le maire de Besançon reproche au conseiller municipal de sa majorité d'avoir posé tout haut des questions sur le financement de l'association d'art contemporain Le Pavé dans la mare. "Je n’ai pas eu d’autres choix", dit Jean-Louis Fousseret.

Jean-Louis Fousseret a décidé de suspendre la délégation du conseiller municipal Jean-Sébastien Leuba parce que, écrit-il dans un communiqué, ce dernier s'est "exprimé publiquement et à plusieurs reprises contre la gestion de la Ville dans le dossier" du Pavé dans la mare. "En conséquence, ajoute le maire, je n’ai eu d’autres choix que de lui retirer sa délégation".

Membre de la majorité municipale et du groupe socialiste, Leuba n'avait pas participé au vote de l'augmentation d'une subvention à l'association d'art contemporain Le Pavé dans la mare lors du conseil municipal du 20 septembre dernier. Il avait surtout, dans une intervention écrite à l'avance, posé des questions quant à la gestion de l'association, en particulier sur la vente d'une oeuvre de Gilles Picouet et à propos du coût d'une résidence d'artiste en Chine.

Il n'avait obtenu que des réponses outragées avant que celles-ci ne soient finalement apportées le 5 octobre par le président du Pavé dans la mare, Grégoire Huguet. Ce dernier indiquait que sur les 50.000 euros de subvention consacrés à l'achat de l'oeuvre, la moitié était allée à l'artiste, l'autre moitié à l'association. Quant aux 12.500 euros de location immobilière en Chine, il s'agit, pour 10.000 euros, a expliqué Grégoire Huguet à L'Est Républicain du 6 octobre, de la location d'un appartement pour un an et demi pour héberger des artistes et stocker des oeuvres.

En tout état de cause, Jean-Sébastien Leuba a soulevé des questions dont certaines, politiques, sont toujours sans réponse : Le soutien au Pavé dans la mare "n'est-il pas une fuite en avant déguisée qui engage fortement la ville puisque contrairement à ce qui apparaît dans la délibération, les deux collectivités (NDLR : conseil régional, conseil général) n'apporteront pas de subventions supplémentaires cette année. Peut-on s'engager aujourd'hui sans connaître le véritable projet culturel de ce prochain Centre d'Art et son articulation avec les autres structures intervenant dans le champ contemporain (École d' Art, Musée des beaux Arts, FRAC...) ? Pourquoi enfin dans la délibération il est indiqué que celle-ci est rétroactive et qu’elle prendrait en compte la subvention de juillet 2012 et celle d’aujourd’hui que nous sommes invités à voter ? Comment une association qui a comme mission principale la sensibilisation à l'art et aux artistes contemporains de notre région auprès du large public local et en particulier les jeunes, peut-elle consacrer 34000€ à l'achat d’œuvres, alors que ce n'est pas sa fonction ou une location immobilière de 12.500€ en Chine et 37.600€ de frais de déplacement ? Si la résidence d'artistes dans notre ville est un outil certainement intéressant de médiation, en quoi la résidence d'artistes en Chine comme cela est évoqué dans la convention répond t-elle à cet objectif ?"

Quoiqu'il en soit, Jean-Sébastien Leuba ne disait rien de ce qu'il convient d'appeler le conflit d'intérêt où se situe l'adjoint à la culture Yves-Michel Dahoui. L'expression est trop souvent confondue avec la prise illégale d'intérêt qui est un délit, et non une situation. Autrement dit, par le seul fait qu'il est l'époux de la directrice du Pavé dans la mare, M. Dahoui est en situation de conflit d'intérêt. Le maire et son entourage feignent de penser qu'un délit est reproché à l'adjoint et s'insurgent contre un mauvais procès, des accusations de malhonnêteté, ce qui pourrait "laisser penser que les élus de cette ville pourraient contourner les règles", dit Fousseret.

Or, la question n'est pas là. Personne, en tout cas pas nous, ne dit qu'Yves-Michel Dahoui est un délinquant ou un malfrat. En revanche, nous disons que sa situation est préjudiciable à double titre. D'abord à cause de la définition même du conflit d'intérêt. Ensuite, parce qu'en ne prenant pas part aux discussions et aux votes sur le Pavé dans la mare, il ampute son propre champ d'action politique, celui dont il a justement la charge. Car c'est quand même gênant que l'adjoint à la culture ne puisse rien dire - publiquement - sur l'art contemporain.

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