Gabriel Amard : « Christophe Perny se comporte comme un oligarque »

Secrétaire national du Parti de Gauche, il n'est pas candidat aux élections départementales mais il a inspiré la démarche citoyenne qui vise à fédérer à gauche du PS. Il voit évidemment au delà du scrutin des 22 et 29 mars.

g-amard

Secrétaire national du Parti de gauche, Gabriel Amard a exercé, à 47 ans, de nombreux mandats dans l'Essonne entre 1995 et 2014 (maire, président de communauté de communes, vice-président de conseil général, conseiller régional). Installé à Lons-le-Saunier, il est l'un des animateur de l'Appel pour une majorité citoyenne dans le Jura.

Qu'est-ce que ce processus de « majorité citoyenne » ?

Tous les textes l'expliquant sont sur le site majoritecitoyenne.org, avec la chronologie, les règles de fonctionnement... C'est un processus engagé avec des militants politiques venus comme citoyens. Les partis ne sont jamais affichés en tant que tels.

Dans le canton d'Authume, ils soutiennent...

On n'est pas pour s'en distinguer. Leur appel est à 90% comme le nôtre. On est ensemble hors d'un accord entre partis. Il y aura peut-être des cantons où les mêmes forces politiques, constatant qu'il n'y a pas de démarche citoyenne, auront sans doute un accord politique... Mais on n'est pas en train de reconstruire une organisation politique ! Nous sommes cependant républicains, écologistes, pour le partage des richesses. On se met à distance de la logique capitaliste, de la droite, de l'extrême droite, de l'obscurantisme...

A vu de nez, vous serez présents dans un canton sur trois...

Ce n'est pas grave. Notre idée est de faire des exemples. On ne fait pas l'impasse sur les élections départementales, mais on ne s'y arrête pas. C'est un moment fort d'éducation populaire et politique... Cela gêne parfois un peu les militants politiques, mais il faut voir qu'il y a environ 40% qui n'adhèrent à aucune organisation dans la démarche. On doit reconnaître qu'on n'est pas encore majoritaire ! Les adhérents des partis ne travaillaient plus ensemble... Des objecteurs de croissance parlant avec des communistes, des militants du NPA ou du PG, ça ne se faisait pas...

Vous mettez-vous en danger ?

Non, mais il faut admettre dès le départ que c'est long. Je prends beaucoup de précautions oratoires dans cette assemblée, il y a une crainte que je récupère... Mais aujourd'hui, si je peux faire la courte échelle, je le fais. Je ne peux pas être pour la 6e République dans mes discours et pratiquer la 5e ! J'essaie de travailler plus horizontalement, davantage en réseau, plutôt qu'en consignes politiques. Je me remets en cause !

C'est dur ?

Ça me passionne. Je ne peux plus retourner dans la discussion classique.

Les missions d'un conseil départemental sont telles qu'il y a peu de marges...

La clause de compétence générale ne sera pas remise en cause par la loi, c'est un point d'appui. J'ai été premier vice-président d'un Conseil général en charge des finances, je me mettrai à disposition...

Le Conseil général sortant a fait les transports par bus à 2 euros...

Si on peut faire 2 euros, c'est symbolique. Si on est vraiment pour le droit à la mobilité, on peut augmenter l'offre et passer à la symbolique de la gratuité, car c'est un droit de se déplacer.

Y aura-t-il un débat 2 euros contre la gratuité ?

Le droit à la mobilité, c'est comme le droit à l'eau. Les 2 euros ne couvrent pas le prix du service. C'est l'impôt départemental et la région qui couvrent 90% du système. Ce n'est pas gratuit ! Mais ces 2 euros sont marginaux. Regardons du côté du versement transport...

La charte propose un office foncier. Pourquoi ?

Ceux qui en sont à l'origine cherchent une réponse à l'artificialisation des terres et aux promoteurs. Sur la zone du Rocher sur le contournement de Lons, Christophe Perny projette un "éco parc" , le Conseil général a 10% des terres et veut faire une opération avec des propriétaires. L'outil foncier est utile par anticipation, ou quand un prédateur se présenterait. La charte est une boîte à outils. On s'y référera quand on sera élus... 

Qui opposer à Christophe Perny ?

La candidature face à lui ne sera pas un accident. Elle devra être à la hauteur de ce qui est nécessaire. Il faut se donner les moyens de remplacer un président de conseil général qui se comporte en oligarque. Pour ma part, je souhaite un citoyen non encarté...

C'est le portrait de Claude Buchot !

Il incarnerait bien l'état d'esprit du processus...

Comment situez vous ces élections départementales alors que vont arriver les régionales, que vous poserez la question de la 6e république en 2017 ?

On ne fait pas les départementales seulement pour ça ! Pour les étapes suivantes, les gens se détermineront sur la manière. Il faut qu'ils aient du discernement avant de prendre des positions politiques. La 6e république, c'est faire gagner des personnes pour élaborer une nouvelle constitution, qui ne se représenteront pas après.

Comment voyez-vous les événements de la semaine dernière ?

Il y a un risque... Tout dépend de la lecture qu'on en a, du sens de l'identité nationale ou de la démocratie du peuple debout, du vivre ensemble, de la fraternité. Il y a ceux qui nous annoncent un choc des civilisations faisant l'amalgame musulmans-terroristes. Nous sommes plus proches de la laïcité, de la liberté, de la liberté d'expression. La blasphème n'est pas un délit, en France, on peut rire et se moquer de tout dans le respect des lois républicaines. On peut aussi se moquer de ceux qui ne croient pas... Ce qu'on nous propose nous emmène au choc des civilisations.   

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