Gabriel Amard : « ce qui compte, c’est nos idées, pas la survivance de nos appareils »

Candidat de la France insoumise aux élections législatives dans la première circonscription du Jura, Gabriel Amard revient sur le « piège » de l'injonction à voter Macron, explique l'essence du mouvement et sa stratégie. Comme ailleurs, il est en concurrence avec une candidature communiste...

gabriel-amard

Membre de la direction du Parti de gauche, Gabriel Amard est candidat de la France insoumise aux élections législatives dans la première circonscription du Jura. L'entretien qui suit a eu lieu à l'occasion du défilé syndical du 1er mai à Lons-le-Saunier.

Quel est l'effet des pressions médiatiques sur Jean-Luc Mélenchon ?

Les caricatures de sa position n'ont pas d'effet sur ses électeurs. Les seuls qui me demandent pourquoi il n'appelle pas à voter Emmanuel Macron n'ont pas voté pour lui ! La France insoumise est d'essence anti-fasciste, il n'y a pas d'ambiguïté. A la présidentielle, on se débarrasse du problème Le Pen, à la législative de la politique de Macron ! Notre raisonnement est caricaturé par les journalistes médiacrates qui veulent qu'on rentre dans le rang pour nous dire ensuite : mais comment, vous avez appelé à voter Macron et vous ne soutenez pas sa politique ! C'est un piège qu'on nous tend.

Macron fait-il une erreur en demandant un vote d'adhésion et non un vote anti FN ?

Oui...

Vous parlez déjà législatives ?

Nous sommes en campagne législative depuis février 2016, depuis que Jean-Luc Mélenchpn nous a engagés, avec les groupes d'appui, à faire de la politique autrement.

Les groupes d'appui ne peuvent-ils pas retomber comme un soufflé ?

Un groupe d'appui, c'est un groupe d'action. Je pense qu'il y a un enthousiasme. D'ailleurs, on était plus nombreux après le vote qu'avant la présidentielle. Le fait de dire qu'on restait uni, ne pas se déchirer sur ce qu'on allait faire au deuxième tour, permet de proposer une majorité parlementaire.

On ne fait pas une majorité parlementaire avec 7 millions d'électeurs...

Il y a un an, on n'existait pas ! On propose d'exploser aux législatives. On est dans une dynamique, on propose l'alternative, pas d'être l'opposition de gauche ! A la minute où on on discuterait avec avec le PS, le PCF ou EELV, les gens diraient : ça recommence comme avant...

Le PCF du Jura vous a invités à discuter mercredi 3 mai...

On en discute entre nous ce lundi soir. Ils nous proposent un schéma couru d'avance : une réunion d'appareils, or, nous ne sommes pas un appareil.

Personne ne comprend encore bien ce qu'est la France insoumise ?

C'est un réseau social qui se fédère par l'action, un mouvement citoyen d'éducation populaire...

Quelle est la prochaine étape ?

Un mouvement citoyen qui ne demandera pas le CV des gens avant de venir. Avec des assemblées générales où le tirage au sort restera un principe. Le tirage au sort sera-t-il dominant ? Je ne sais pas. On se posera aussi la question de la place des partis...

Qui constituerait votre majorité parlementaire ?

La France insoumise.

Et qui d'autre ?

On verra en fonction du résultat. On ne participerait qu'à condition que le programme l'Avenir en commun soit une base de discussion. On n'est pas les derniers de la classe, on vient d'avoir 7 millions de voix...

Mélenchon a bénéficié d'une part de vote utile...

C'est plus qu'un vote utile. Les gens se sont appropriés le programme. Jean-Luc Mélenchon voit plus loin que sa propre existence politique. Il rentre dans le 21e siècle en mettant à disposition un outil politique nouveau pour construire un mouvement avec le meilleur du mouvement socialiste et le meilleur de l'écologie politique.

Pourquoi êtes-vous candidat aux législatives ?

Il a été demandé aux assemblées d'Insoumis dans chaque circonscription de faire remonter des candidatures paritaires à un comité électoral de seize personnes tirées au sort parmi les initiateurs des groupes d'appui...

Vous avez proposé votre candidature ?

Davantage que des gens, ce sont des profils qui l'ont été : syndicaliste agricole, associatif, etc. Ici, à Lons-le-Saunier, j'ai dit que je milite avec Jean-Luc depuis 1986, que je mets à disposition... Le PS et la droite veulent faire penser les législatives comme des élections locales. Je suis candidat avec une communiste insoumise, Géraldine Revy...

Il y a quelques mois, vous disiez vouloir arrêter, que vous aviez assez donné...

Oui... J'étais las des combines... Là, je marche devant, mais il y avait deux ou trois autres profils intéressants, qui ont dit non... Mais ils y ont pris goût, ils se mettront aux municipales de 2020...

Pourquoi la France insoumise a-t-elle des candidats dans la première circonscription du Doubs face à Barbara Romagnan dont les votes à l'Assemblée nationale témoignent d'une prise de distance vis à vis du gouvernement ? Elle a par exemple été la seule députée socialiste à ne pas voter la confiance à Bernard Cazeneuve...

On lui dit « Bienvenue Barbara ! Viens renforcer la dynamique du groupe ! »

N'aurait-elle pas sa place dans une majorité parlementaire avec vous ?

C'est elle qui nous ferait le baiser qui tue. Si elle disait « je me mets à votre disposition, que faites-vous de moi ? », Cambadélis lui mettrait aussitôt un candidat dans les pattes. Si elle est devant, on verra comment faire au Parlement... Le PS ne veut pas qu'on refonde le socialisme avec un nouvel outil. Le PS espère nous passer devant, ou nous empêcher d'y arriver, y compris avec 5%. Les partis qui nous invitent à une convocation en le disant à la presse le font parce que c'est « sauve qui peut » !

L'ancien député socialiste et historien bisontin Joseph Pinard dit que la France insoumise va tuer le PC après avoir tué le PS...

Ils ne comprennent pas ce qu'est l'objectif. Les gens veulent un outil nouveau, ouvert. Ce qui compte, c'est nos idées, pas la survivance de nos appareils.

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !