La crise des gilets jaunes, qui agite le pays depuis de longues semaines, trouve sa genèse dans le ras-le-bol fiscal des Français en général, des habitants de la France périphérique en particulier.
La hausse de la taxe sur les carburants n'est que le détonateur d'un phénomène plus profond et plus ancien. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Cinq ans après les matraquages fiscaux opérés par François Hollande, la mobilisation des gilets jaunes, et les violences -évidemment condamnables- qui l'accompagnent, apparaissent comme une catharsis pour ceux qui ploient sous les prélèvements obligatoires. Trop de taxes, trop d'impôts ont fini par miner le consentement à l'impôt raisonnable sans lequel aucune société moderne ne peut exister et se développer.
Et si encore cette pression fiscale sans cesse accrue se traduisait par des services publics supplémentaires. Mais non, dans les territoires ruraux et dans les zones périurbaines, les habitants sont non seulement assommés d'impôts mais ils voient, en plus, partir les services publics de l'Etat les uns après les autres.
Aujourd'hui, j'ai écouté attentivement le Premier ministre. "Aucune taxe ne mérite de mettre en danger l'unité de la nation" a-t-il martelé. Il a raison. Et le moratoire de six mois sur plusieurs taxes annoncé par Edouard Philippe après trois semaines de mobilisation est indispensable pour ramener de la sérénité et renouer le fil du dialogue.
Tout au plus peut-on regretter le jusqu'au-boutisme affiché par Emmanuel Macron et son Premier ministre. Car ce qui aurait sans doute permis de désamorcer la crise et calmer les gilets jaunes au début du conflit risque de ne pas suffire maintenant que la chienlit s'est installée et que la colère est à son comble.
Dans son allocation télévisée, Edouard Philippe a également annoncé qu'un" large débat sur les impôts et les dépenses publiques" sera lancé pendant le moratoire sur les taxes. Là encore, il a raison. Impôts et dépenses publiques sont indissociables. On ne peut pas baisser les premiers sans adapter les secondes. C'est mathématique.
Mais pour répondre aux revendications des gilets jaunes, soutenus par près des trois quarts des Français, il faut tout à la fois réduire la pression fiscale et les charges obligatoires -logement, chauffages, assurances- et arrêter avec les fermetures de services publics dans les territoires.
L'équation est difficile à résoudre mais pas impossible.
Si on veut baisser les impôts tout en maintenant un haut niveau de services publics, il est impératif de s'attaquer à la réforme du pouvoir central.
C'est la mère des réformes.
Toute autre réforme sera vouée à l'échec. Et s'apparentera à mettre un cautère sur unejambe de bois. Un sparadrap pour une hémorragie interne.
Il faut agir fort et juste. Il est temps de s'attaquer à la réforme d'un Etat central devenu suffisant, dispendieux et inefficace.
Comment ? Que l'Etat arrête d'intervenir là où les collectivités locales sont déjà présentes. Que l'Etat cesse de doublonner avec des compétences exercées depuis des dizaines d'années par les communes, départements et régions. Que l'Etat se concentre sur ses missions régaliennes, notamment la sécurité, la diplomatie et la défense, et laisse faire les collectivités locales pour les autres compétences.
Plus de décentralisation. Plus de dialogue. Plus de proximité. C'est LA solution à la crise actuelle. Une solution qui permettra d'alléger la pression fiscale tout en garantissant une présence publique pour tous.
Les élus locaux sont disponibles, prêts à agir. Il suffit de les écouter. L'heure est grave. Il faut réformer l'Etat. Et vite !