Eric Alauzet : « le signal n’est pas très-très bon »

Le député bisontin ne cache pas les difficultés d'Europe-Ecologie-Les-Verts à influer sur l'orientation du gouvernement. A Morre samedi, devant une centaine de militants, Eric Alauzet défend « l'échelon régional », celui de la mobilisation, dans le cadre de la transition énergétique.

Eric Alauzet

Le niveau régional est le « bon niveau de la mobilisation » pour les écologistes. En plaidant contre la logique centralisatrice, la députée européenne Sandrine Bélier est bien dans la position traditionnelle des Verts qui tenaient samedi leur conférence régionale à Morre, près de Besançon. C'est aussi l'échelon de la réflexion. Celui où Eric Alauzet signale l'écart entre les attentes, les engagements et ce qui pourra être réalisé grâce à la participation au gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
Il souligne la proposition de résolution sur la prévention des catastrophes nucléaires que le vice-président de l'Assemblée nationale Denis Baupin va présenter au vote des députés. Elle prolonge la déclaration du président de l'Agence de sûreté nucléaire qui, auditionné à l'Assemblée nationale , a indiqué que « personne ne peut garantir qu'il n'y aura jamais en France un accident nucléaire ». Pour EELV, « allonger la durée de vie des centrales à 60 ou 70 ans, comme la direction EDF le revendique, est irresponsable. » Denis Baupin plaide d'abord pour une plus forte transparence, puis pour une « évaluation totale et objective des coûts » dont celui du démantèlement et « surtout celui d'une assurance qui soit à la hauteur de ce qui pourrait se passer » (la probabilité d'un accident nucléaire est de 0,002% par an : « faible mais pas inexistante »). Selon Eric Alauzet, les estimations du prix de l'assurance « vont de 500 à 1.000 milliards d'euros, soit au minimum cinq fois plus que le coût de l'installation de l'industrie nucléaire en France. Si cela devait être répercuté sur le prix du kilowatt/heure cela le ferait doubler, ce n'est évidemment pas ce que l'on demande, ce n'est pas tenable ». Les écologistes proposent de créer un fond de garantie. Ils souhaitent également étendre la distance de sécurité autour des centrales à 30 km au lieu de 10 km.

Le gouvernement « doit mieux faire » sur la TVA dans le bâtiment

Sur le logement, Eric Alauzet considère que « les perspectives données par François Hollande et Cécile Duflot sont énormes : 500.000 logements à construire par an dont 150.000 de logements publics et 500.000 à rénover. On voit dès aujourd'hui que ces objectifs seront difficiles à atteindre du fait de la crise économique qui n'épargne pas le bâtiment ». Quant au projet de hausse de la TVA de 7% à 10% pour contribuer à financer le crédit d'impôt compétitivité emploi, il estime qu'on « doit mieux faire ». Pour les écologistes une hausse de la TVA pénaliserait des secteurs auxquels ils sont attachés, les transports, l'eau, l'assainissement, les déchets et le logement. Le « signal n'est pas très-très bon » et « le débat sera très pointu », mais des « signes existent que la TVA sur le logement public passerait à 5% ». EELV promet une bataille dans l'hémicycle pour que la rénovation bénéficie du même taux.

Dans le domaine des transports, la taxe poids lourd est « reportée mais pas remise en cause. Chacun s'adapte ». A défaut de pouvoir mettre en place « une taxe carbone digne de ce nom en quelques semaines », les écologistes ont voulu remettre en cause les niches fiscales polluantes, notamment l'exonération du diesel, « cela n'a pas été possible, sans parler des déclarations remettant à 2016 la fiscalité écologique ». Mais pour Eric Alauzet « l'opportunisme au bon sens du terme » a permis « sans doute du fait de l'instauration du crédit d'impôt compétitivité emploi de réintroduire la question de la fiscalité écologique, point central pour nous de la transition énergétique, qu'il faudra veiller à ne pas plomber par des conceptions qui seraient néfastes à l'idée que l'on peut s'en faire (sic). Le socialiste Jean-Paul Chanteguet a publié un projet de résolution de grande qualité, un très bon texte de départ où il n'y pas grand chose à rajouter ».
Complexe et laborieux donc, le cheminement d'EELV dans la majorité de François Hollande ! Vers quoi se dirige-t'on, s'interroge Eric Alauzet ? « Je ne sais pas si ce sera pour 2014, j'espère, mais sans doute vers des mesures immédiates de résorption des niches fiscales nuisibles à l'environnement et un début de fiscalité écologique structurante, lisible, progressive et solide. » Remettre encore son ouvrage sur le métier et faire preuve d'opportunisme pour réussir la transition énergétique « véritable refonte de notre modèle économique ».
La richesse des échanges et des débats de la journée ne laisse pas d'encourager militants et proches de l'écologie politique. L'inquiétude et le doute ne manquent pourtant pas. Michel Boutanquoi écrit dans le dernier bulletin mensuel La Feuille verte d'EELV Franche-Comté : « Sans négliger l'important travail des ministres et des parlementaires EELV, chaque jour qui passe semble nous éloigner un peu plus d'un projet volontariste de transformation - si tant est que le président et son premier ministre pouvaient l'incarner. »

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