Doubs : la rigueur de Christine Bouquin écornée par trois vice-présidents

La présidente du conseil départemental a ouvert la dernière session en mettant en avant les exigences de l'éthique qui l'ont fait renoncer aux législatives, ce qu'a salué l'opposition. Mais la page Facebook de l'institution a pendant quelque semaines « aimé » trois élus de la majorité, dont deux candidats aux législatives... Péché véniel ou conflit d'intérêts ? Christine Bouquin a demandé une enquête.

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« Soyons d'une grande rigueur vis-à-vis des responsabilités qui sont les nôtres et d'une grande fidélité à l'intérêt départemental que nous servons. » En ouvrant la session du Conseil départemental du Doubs, lundi 27 mars, la présidente Christine Bouquin fait évidemment référence aux « fortes turbulences politiques nationales ». Celles-là mêmes qui l'ont conduite à renoncer à être candidate aux élections législatives.

Son absence remarquée au meeting bisontin de François Fillon le 9 mars dernier, témoignait à l'évidence d'une prise de distance avec un candidat moralement plombé. Elle montrait aussi que Christine Bouquin n'entendait pas participer à une majorité législative soutenant le candidat LR dans l'hypothèse, à ne pas écarter, où il deviendrait président de la République. Ce faisant, elle préfère se recentrer sur le département et y exercer le reliquat de responsabilités que lui laisse la réforme territoriale, plutôt que d'être une députée godillot sommée de se mettre au garde-à-vous.

Des ingrédients de recomposition ?

Cette attitude a un certain panache. Elle est aussi empreinte du « pragmatisme » dont Christine Bouquin se prévaut souvent. En réalité, elle ferme surtout la porte à un débat sur sa succession qui n'aurait pas manqué de souligner les fragilités de la majorité départementale, sinon ses divisions potentielles entre démocrates-chrétiens du Haut-Doubs et du plateau, droite sociale du Pays de Montbéliard et droite bisontine décomplexée. Comme il y a aussi quelques élus MoDem et UDI, qui sait si cette diversité ne porte pas en son sein les germes d'une recomposition en cas de victoire d'Emmanuel Macron le 7 mai ? Pour l'heure théorique, cette perspective est d'autant plus envisageable que les compétences résiduelles des départements et le mode de désignation des élus poussent davantage aux convergences qu'aux fractures.

La présidente du groupe socialiste, Martine Voidey, pensait-elle à tout cela lorsqu'elle a indiqué : « nous avions été stupéfaits quand vous avez déclaré votre candidature [aux législatives], nous avons été rassurés par votre renoncement » ? Elle a même compati : « vous auriez préféré un autre candidat », avant de louer l'attitude de Christine Bouquin : « pour vous, les questions d'éthique sont primordiales, vous êtes 21 présidents de départements de droite à ne pas avoir signé une motion de soutien [à François Fillon], je salue votre cohérence ».

« Je ne vis pas avec le passé, mais avec les circonstances actuelles, au jour le jour », a répondu Christine Bouquin.

La présidente a également montré qu'elle ne laissait pas passer les manifestations de mélange des genres, fussent-elles accessoires. C'est Raphaël Krucien, le benjamin socialiste de l'assemblée, qui lui en a donné l'occasion en s'étonnant que le compte Facebook du département, à peine créé, ait « aimé » Philippe Gonon, Ludovic Fagaut ou Françoise Branget, tous trois vice-présidents et, pour les deux derniers candidats aux législatives. « Une page institutionnelle doit-elle aimer tous les élus ou est-elle indépendante ? Nous sommes en période électorale, c'est limite, contestable. Rendez la neutralité à cette page ! »

Christine Bouquin : « Je demande solennellement à l'administration de regarder exactement ce qui s'est passé »

« Je ne suis pas au courant », a avoué Christine Bouquin en soulignant : « l'indépendance de la collectivité doit être totale, vous ne pouvez pas en douter... Je demande solennellement à l'administration de regarder exactement ce qui s'est passé. On va faire cesser cela, ça n'a rien à faire sur un site institutionnel ». Françoise Branget a brièvement indiqué ne pas être au courant.

Promise avant la fin de la session, l'explication n'est pas venue, mais les mentions j'aime ont été retirées... Raphaël Krucien les a cependant publiées sur son propre compte Facebook pour qu'on n'oublie pas... « Ils ont été gênés », commente l'élu en soulignant que lors de la commission permanente qui s'est tenue l'après-midi (à huis clôt) l'assemblée a entendu une communication sur les conflits d'intérêts...

 

   

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