Derrière le coup de com’

Le président de la République et onze ministres d'un coup en Haute-Saône, ce lundi 14 septembre en Haute-Saône. L'offensive politique est sans précédent. Hélas digne de la monarchique 5e république...

C'est un joli coup de com'. Le président de la République et onze ministres d'un coup, ce lundi 14 septembre en Haute-Saône. Le Monde titre L'exécutif en campagne. En campagne à la campagne pour parler du monde rural, parler au monde rural. Comme s'il avait saisi que les nouvelles couches de réforme territoriale qui consternent le pays profond quand elles ne l'indiffèrent pas, pouvaient être mortelles pour son camp après son échec économique et social.

L'offensive politique est sans précédent. Chacun des ministres y est allé de sa visite. Stéphane Le Foll dans une ferme d'Aroz, Ségolène Royal dans une résidence étudiante à énergie positive de Port-sur-Saône, Najat Vallaud-Belkacem sur le pôle éducatif de Noroy-le-Bourg, Myriam El Khomri à Pôle-Emploi Lure; Sylvia Pinel à la Maison de la négritude de Champagney, Patrick Kanner chez les pompiers à Vesoul, Ségolène Neuville à la Maison de santé de Saulx... On en oublie...

Pour la presse, même celle qui a des grandes rédactions, c'est un sacré casse-tête. Impossible de tout suivre, de tout rendre compte. Prévenue le samedi matin de ces multiples rendez-vous, elle a forcément fait des choix, laissant aux attachés de presse, ou aux publications spécialisées, la mission de rapporter les événements.

Mais en était-ce vraiment un ? Et si l'événement ce n'était justement pas cette multiplication des ministres sur le terrain ? Avec l'objectif de constituer un album photo en forme de patchwork ? Comme si l'on se résolvait une fois pour toute au cloisonnement : à chacun des réseaux, sa clientèle, son marché, sa niche.

Ou est la cohérence, sinon celle de la communication qui a pris le pas sur l'action. S'agissait-il de réellement prendre le pouls du pays ? Mais alors, à quoi servent tous ces corps intermédiaires qui, des conseils municipaux aux associations, des chambres consulaires aux syndicats, des administrations décentralisées aux collectivités territoriales, animent tant bien que mal la société avec toutes ses contradictions et complexités, les font remonter au pouvoir central depuis tant d'années...? Ils ont certes été conviés, mais ont servi au mieux d'éclaireurs ou de bouffons, au pire de courtisans. 

Car c'est bien le problème de notre monarchique 5e république de s'asseoir ainsi sur les corps intermédiaires dont le moindre défaut est, faut-il le rappeler, d'animer la démocratie représentative. Nicolas Sarkozy leur avait manifesté bien du dédain. Moins caractériels, François Hollande et Manuel Valls sont dans ses pas...

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