Venu à l'action public par le militantisme de la vie quotidienne, l'action de proximité dans son quartier de Fontaine Ecu, Abdel Ghezali est aujourd'hui adjoint aux sports à Besançon après un mandat à la vie associative. C'est peu dire que le projet porté par le duo Hollande-Valls de déchéance de nationalité des bi-nationaux qui seraient convaincus de terrorisme a heurté l'adhérent socialiste qu'il est de longue date : « C'est scandaleux et inefficace, mais aussi symbolique et c'est pour ça que c'est grave : je n'aurais jamais imaginé ça du PS où je me suis engagé. Parce que la première qu'on fait quand on entre au PS, c'est défendre les valeurs... »
Lui-même bi-national franco-algérien, il n'est pas seulement « déçu », mais se sent « déchu, touché au plus profond » et proteste : « je suis un enfant de la république ». On ne l'a pas souvent entendu manquer de loyauté à son camp ou formuler des critiques internes qu'il garde généralement pour lui. « Quand bien même on n'arriverait pas aux trois-cinquièmes [de parlementaires] nécessaires, s'ils avaient mis autant d'énergie pour le droit de vote... »
Il ne finit pas sa phrase. Il veut bien sûr parler de la très vielle promesse socialiste d'instaurer le droit de vote aux étrangers pour les élections locales, un engagement jamais tenu qui vient de François Mitterrand et figure dans le programme du PS. Un marqueur de gauche parmi d'autres marqueurs oubliés en route : « je regrette qu'on ne fasse pas d'alliance à gauche plus large ».
« Un sujet de rupture »
La semaine dernière, on sentait du rétropédalage dans l'air avec les premières déclarations de grands élus socialistes opposés à la mesure. Abdel Ghezali est sceptique : « Ils ne savent pas quoi faire car ils ne peuvent pas faire d'apatrides. Ils jouent avec le feu, mais le mal est fait... Je suis rassuré par ce qu'a dit Anne Hidalgo, mais je vois que Frédéric Barbier est pour et je ne sais pas ce que pense Martial Bourquin... »
Il est également « rassuré par la base militante du parti », par la prise de position du premier fédéral du Doubs, Nicolas Bodin (dans un entretien à Macommune). Pour l'heure, hormis Barbara Romagnan, intransigeante sur les valeurs de gauche, force est davantage de constater un embarras et un silence prudent de la part de nombreux socialistes. Peut-être la dernière vague de protestations, qui dépasse de très loin les cercles dits frondeurs et intègre Martine Aubry, va pousser certains à dire tout haut tout le mal qu'ils pensent jusque là très bas du projet.
Pour Abdel Ghezali, il y a en tout là « un sujet de rupture ».