Coup de théâtre à Lons-le-Saunier : John Huet (DVD) soutient la liste de gauche

Ancien adjoint de Jacques Pélissard, sa liste Atouts Lons est arrivée troisième du premier tour avec 21% des voix mais ne s'est pas maintenue ni n'a fusionné pour le second. Après un questionnaire programmatique adressé aux deux listes restantes, c'est celle dirigée par Jean-Yves Ravier qui a été préférée à celle de Christophe Bois, investi par LREM et soutenu par le maire sortant. La dynamique de fin de campagne penche à gauche...

huet

Il avait un temps été question de fusion entre les listes de Christophe Bois et de John Huet. Entre le candidat arrivé en tête le 15 mars avec 36,2% des voix, adjoint aux affaires sociales, adoubé par Jacques Pélissard, et celui arrivé troisième avec 21%, également ancien adjoint et ayant un temps fait figure de dauphin. Cela n'aurait pas été politiquement surprenant. Tous deux ont demandé l'investiture de LREM, tous deux ont figuré dans la même équipe municipale, tous deux se revendiquent du centre-droit.

Mais ça a coincé. Humainement, programmatiquement, méthodologiquement. On ne rentrera pas dans le premier élément, confinant aux relations interpersonnelles, parfois à la vie privée, voire à des épisodes grotesques ou scabreux qui pourraient avoir des suites procédurales. L'examen du questionnaire en 35 points de programme, soumis aux deux candidats restant en lice, est plus intéressant. Il montre de réelles convergences avec la liste d'union de la gauche (EELV, PCF, PS) conduite par Jean-Yves Ravier, qui n'adhère à aucun parti, et a fait 30% au premier tour.

D'abord en matière de gouvernance avec le non cumul des mandats de maire et président de l'agglomération (ELCA) : si Jean-Yves Ravier est élu maire, Claude Borcard (PS) sera candidat à la présidence de l'intercommunalité. Christophe Bois entend pour sa part exercer les deux mandats, mais s'il gagne à Lons-le-Saunier, il aura à faire face à une opposition de nombreux élus des communes voisines et/ou rurales qui ont d'ores et déjà un candidat pour le poste, le maire réélu de Condamine, Hervé Guy (DVG), qui avait parrainé Emmanuel Macron pour la présidentielle avant de s'en éloigner assez rapidement.

Jean-Yves Ravier, lors du premier meeting de campagne de Changer de cap, le 29 janvier dernier.

Atouts Lons (Huet) et Changer de cap (Ravier) ont également en commun le principe d'un budget participatif par quartier, le projet d'un réseau de circulation dédié aux « modes doux », la réhabilitation des logements sociaux après que la ville n'a pas été éligible au plan de l'ANRU (agence nationale de rénovation urbaine), une politique culturelle distincte de l'animation, un soutien scolaire estival post-COVID pour faire face à la déscolarisation… On en passe : la liste Ravier a coché 28 des 35 cases du questionnaire que lui a adressé la liste Huet.

Ce dernier en conclut sur Facebook : « le projet porté par [Jean-Yves Ravier] converge sur de nombreuses propositions formulées par notre liste sur la gouvernance, la vie des habitants, l'économie et le développement du territoire ». Quid de la réponse de Christophe Bois ? « Une invective méprisante » sur le réseau social, regrette John Huet. En fait, Christophe Bois considère que le score réalisé par Atouts Lons au premier tour « l'obligeait à se présenter au second pour lequel »la liste] était qualifiée ». Et d'ajouter que les deux programmes d'Huet et Ravier « annoncent un dérapage incontrôlé des dépenses de fonctionnement annonçant des hausses d'impôts inéluctables » (voir ici).

Le débat entre les deux finalistes sur France 3 Franche-Comté a montré que le candidat Agir-LREM insistait beaucoup sur ce point en critiquant les propositions du candidat de gauche, lequel lui a rétorqué que son projet de musée sur le site de l'hôtel-dieu était dispendieux. Bois l'évalue à 20 millions d'euros dont 6 à la charge de la ville, Ravier l'estime à 35 millions…

57% d'abstentions le 15 mars. Et le 28 juin ?

Quoi qu'il en soit, le soutien d'Huet à la liste d'union de la gauche est concomitant de celui d'un militant insoumis, Irving Fleck qui a écrit à ses amis de la gauche radicale : « je sais qu'à la gauche de la gauche, il peut y avoir une réticence à voter avec enthousiasme une liste contenant certaines étiquettes connues comme peu radicales. Sachez tout d'abord que les personnes composant cette liste, sont vraiment de gauche ! Sachez ensuite que nous sommes ici avec une vraie équipe démocratique dans sa prise de décision et non face à un système vertical avec un leader qui impose sa vision imparfaite. Sachez enfin que la liste de Gauche sera sans le moindre doute un point d'appui pour nos luttes post-élection en cas de Victoire ! »

Ces prises de position sont-elles de nature à influer sur le résultat du second tour ? Si l'on s'en tient à l'arithmétique du premier, force est de constater que l'addition Ravier + Huet dépasse 51%. Il faudrait sans doute ajouter une part des électeurs de Christophe Perny (DVC, ex-LREM, ex-PS, 7,7%), de Géraldine Revy (LFI, ex PCF, 3,6%) et de Johanne Morel (LO, 1,5%) qui ont renvoyé tout le monde dos à dos.

Mais il y a un mais : près de 57% des inscrits se sont abstenus le 15 mars. Que feront ils dimanche 28 juin ? Il faut aussi prendre en compte les réseaux d'influence. Ceux de Jacques Pélissard, maire depuis 1989, élu cinq fois dont quatre au premier tour, sont réputés efficaces. Son savoir-faire compte également. Il a délégué à Christophe Bois la gestion de la crise sanitaire, provoquant l'ire de ses opposants qui estiment qu'il a ainsi pu faire campagne à bon compte alors qu'eux suspendaient la leur. Ce à quoi, il rétorque que le maire sortant, ayant une intervention chirurgicale programmée pour l'après second tour initialement prévu le 22 mars, lui a donné mandat de ce fait… Jacques Pélissard a aussi, ces derniers jours, adressé une lettre aux personnes âgées dans la quelle il dit sa confiance en Bois et leur demande de faire « le bon choix ». Les mêmes mots que le président Giscard d'Estaing entre les deux tours des élections législatives de 1978 qui furent un échec pour la gauche…

Est-ce un présage ? L'histoire ne se répète pas, ou alors balbutie… Reste une impression que la dynamique est en ces jours de fin de campagne du côté de Changer de cap. Mais ce n'est qu'une impression…

 

   

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