Communauté d’agglomération du grand Besançon : les absentionnistes s’expliquent

Les deux communistes, les deux écologistes et un élu indépendant de la périphérie se sont abstenus au bureau de la CAGB lors de la préparation du débat d'orientation budgétaire qui doit se tenir en séance publique jeudi 12 février.

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Ils sont cinq sur trente membres du bureau de la CAGB et ne se retrouvent pas dans les orientations budgétaires qui vont être présentées ce jeudi aux représentants des 59 communes du Grand Besançon à l'occasion du débat d'orientation budgétaire. Obligatoire depuis 2001, ce débat sans vote doit se tenir dans les semaines qui précèdent le vote du budget. Il a longtemps été, un peu partout, un exercice un peu artificiel où l'exécutif en disait le moins possible pour éviter de prêter le flanc à la critique de son opposition. Il permet cependant d'aborder le contexte global dans lequel s'élaborent les politiques publiques locales. Et même d'avoir un débat politique, certes technique et financier mais comment s'en dispenser, faisant le lien entre orientations nationales et choix locaux.

Donc, cinq élus, tous de gauche, se sont abstenus lors de la réunion du bureau qui a entériné non des décisions, mais des orientations valant propositions de principe à présenter jeudi, avant d'éventuelles précisions pouvant amender - à la marge - le projet de budget proprement dit. Il s'agit de quatre élus bisontins : les deux communistes Elsa Maillot et Christophe Lime, les deux écologistes Françoise Presse et Anthony Poulin, et du maire indépendant de Montferrand-le-Château Pascal Duchezeau.

Elsa Maillot (PCF) : « Certains étaient prêts à descendre l'investissement à 10 millions »

« Ce sont les positions que nous tenons depuis deux ans », explique Christophe Lime qui, absent, avait donné son pouvoir à Elsa Maillot. « On monte régulièrement au créneau parce qu'on pense que c'est une erreur politique et surtout économique » de baisser l'investissement. Celui-ci s'élevait en moyenne autour de 21 millions d'euros par an, il devrait être ramené à 15 millions. « Certains élus étaient même prêts à descendre à 10 millions pour qu'on n'augmente pas les impôts », ajoute Elsa Maillot.

Quoi qu'il en soit, cette baisse de l'investissement va immanquablement retomber sur les entreprises. « On a dit : vous allez faire crever des entreprises, essentiellement locales, qui font de l'entretien de bâtiments, de routes... », précise Christophe Lime en ajoutant : « la Ville [de Besançon] va faire pareil. On était autour de 40 à 42 millions d'investissements par an, on est monté à environ 50 ces deux ou trois dernières années pour les travaux connexes au tramway, on va redescendre à 32 millions ! C'est l'ensemble des collectivités qui vont baisser leur investissement de 20 à 30 % ».

Anthony Poulin (EELV) : « on a très peu de marges de manoeuvre »

Le contexte, c'est le plan d'économie du gouvernement qui a décidé de diminuer de 11,5 milliards d'euros les dotations d'Etat aux collectivités territoriales d'ici trois ans. « Ce n'est pas pour désendetter le pays, mais pour payer les 20 milliards du CICE », s'insurge l'élu qui préside l'association des élus communistes et républicains du Doubs. Quand on sait que 75% de l'investissement public est porté par les collectivités, on mesure non pas « le coup de rabot, mais de hache dans les budgets », expliquait lundi en conférence de presse Gabriel Baulieu, le premier vice-président de la CAGB en charge des finances.

Élu écologiste, Anthony Poulin confirme son abstention mais n'est pas aussi loquace que ses collègues du PCF : « je ne parle pas des votes en bureau. On a eu une discussion, maintenant la décision est prise et le bureau est solidaire ». Il admet cependant souhaiter des « ajustements » tout en expliquant que « le contexte est contraint et qu'on a très peu de marges de manoeuvre ».

Pascal Duchezeau : « j'ai besoin de mûrir ma réflexion »

Pascal Duchezeau, quant à lui, explique avoir manqué de temps de réflexion : « ça me gêne d'avoir à débattre dans un bureau sans avoir les documents avant, je ne suis pas un financier. Je me suis abstenu car je n'ai pas tout compris, il faut que je puisse mûrir ma réflexion... » Ses abstentions sur les autres questions (niveau d'investissement, augmentation fiscale immédiate ou étalée sur 4 ou 6 ans) découlent de la première. 

Il sait en tout cas que Jean-Louis Fousseret a été « interpellé par plusieurs élus pour que la CABG puisse faire poids » sur le sujet et qu'il tente, ce mardi avec l'Association des maires des grandes villes, d'infléchir le gouvernement. Pascal Duchezeau note cependant que « même si Jean-Louis Fousseret dit qu'on ne fait pas de politique », c'en est quand même puisque le PC et les Verts se sont abstenus.

 

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