Christine Bouquin débarque le directeur général des services du Doubs

Gildas Barruol quittera ses fonctions le 3 janvier 2016. L'ancien président du Département, Claude Jeannerot, « condamne » une décision qu'il estime politique. La gauche a par ailleurs voté contre plusieurs décisions budgétaires symboliques.

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Présidente du Conseil départemental du Doubs depuis le 2 avril, Christine Bouquin a décidé d' « engager la procédure de fin de détachement » de Gildas Barruol, directeur général des services depuis 2008. Autrement dit, le DGS nommé en 2008 par Claude Jeannerot est débarqué. L'ancien président a vivement et longuement dénoncé cette mesure qui entrera en application le 4 janvier janvier 2016 : « Je condamne votre décision », a-t-il déclaré ce lundi 28 septembre lors de la session consacrée aux ajustements budgétaires. « C'est la première fois que cela se produit dans l'histoire de la collectivité. Votre décision ne correspond pas à notre conception de la haute fonction publique territoriale. Aucune faute ne peut lui être reprochée, il a été loyal à l'égard de tous les élus », a-t-il martelé dans une vigoureuse défense d'une parfaite étanchéité des rôles entre élus et administration territoriale. 

La critique de Claude Jeannerot est d'autant plus efficace qu'il ne demande aucune justification à Christine Bouquin en rappelant que sa décision est « conforme aux textes ». Il l'oppose à sa propre pratique : « je n'ai jamais engagé de directeur sur une base politicienne. En 2004, lorsque je suis devenu président, ma première décision a été de confirmer le DGS en place, et certains de vos collègues l'avaient accusé de forfaiture ». Il s'agissait de Gilles Da Costa, alors en poste depuis 1999, et actuel DGS du conseil régional de Franche-Comté après un intermède à la direction de l'Institut national des études territoriales, qu'on présente souvent comme l'ENA des collectivités. 

« On ne connaît toujours pas votre projet »

Qu'est-ce qui a provoqué la disgrâce du DGS ? On imagine aisément la difficulté de la nouvelle présidente à travailler avec un homme qui a tant partagé professionnellement avec son prédécesseur, et, sans doute son cabinet. On espère seulement que ce n'est pas son compte facebook où figurent plusieurs « amis » dont l'engagement à gauche n'est pas un secret. On espère que ce n'est pas non plus son CV où l'on voit, qu'après des études à HEC, il a été DGS à Guyancourt, Bobigny, au Conseil général de Saine-Saint-Denis, et DG adjoint à Lille... Des collectivités historiquement à gauche, Bobigny ayant un maire UDI depuis 2014...
Le directeur général adjoint en charge des solidarités, Etienne Petitmengin, a également été remercié. Il devrait rebondir comme délégué interministériel aux personnes âgées.

Claude Jeannerot va plus loin dans sa critique : « Gildas Barruol, parce qu'il a servi un exécutif socialiste, serait suspect. C'est sous-entendre qu'il est engagé politiquement. C'est une erreur de penser que les hauts fonctionnaires territoriaux seraient des militants. Des patrons de collectivités demandent à des directeurs généraux un engagement militant, mais si on fait ça, on ne sait plus qui sont les élus et qui sont les fonctionnaires. La force de notre fonction publique territoriale est sa capacité à traverser les alternances pour servir les pouvoirs légitimes ».  Et de conclure, cinglant : « Je ne vous accuse pas de sectarisme, je pense que vous faites une erreur d'analyse. Mon prédécesseur [Claude Girard, RPR] savait se mettre à l'écoute de son opposition ».

Le vice-président Pierre Simon « confirme : nous sommes légitimes ». Et Christine Bouquin n'en rajoute pas, ne se justifie pas, se contenant d'une phrase lapidaire : « J'ai évoqué l'ensemble des perspectives avec M. Barruol ». Au-delà du sort du futur es-DGS, il y a la préparation du budget 2016, dont l'examen a été repoussé de décembre à février, et la présentation du programme de la nouvelle majorité. La nouvelle opposition pointe d'ailleurs ce qu'elle estime « long et lent » à venir : « on ne connaît toujours pas votre projet », souligne Martine Voidey, la présidente du groupe PS-DVG : « c'est pourtant Doubs 2017Le nom du programme de l'ancienne majorité socialiste qui s'applique bien qu'il ne soit plus sur le site ». 

Baisser l'emprunt préféré à investir

L'application, selon ses propres termes, de son programme n'a pas empêché la gauche de voter contre deux dossiers présentés par l'exécutif dans le cadre des ajustements budgétaires, autrement nommés décision modificative numéro 2 ou DM2. L'un concerne l'augmentation du coefficient de la taxe sur l'électricité qui comporte deux autres curseurs que le Département ne maîtrise pas. Elle était de 4,06%, on avait le choix de la baisser à 4% ou de l'augmeter à 4,25%. Dans le premier cas, a expliqué le vice-président Philippe Gonon, il s'en suivait une baisse de recettes de 80.000 euros, dans le second un surcroît de rentrées de 250.000 euros qui a été choisi, autant en raison du contexte de la baisse des dotations de l'Etat que pour son caractère quasi indolore : « l'impact est de 3 millièmes d'euro par kilowatt, soit une moyenne de 80 centimes par mois ». Pour Magali Duvernoi (PS), c'est « incohérent avec le discours sur trop d'impôts ». Frédéric Barbier (PS) estime pour sa part que « ça aurait été facile de trouver 80.000 euros car invoquer la baisse des dotations, ça commence à durer. On attend de vous que vous vous mettiez au travail ». Christine Bouqin n'aprécie pas et le dit : « Je n'aime pas les leçons...». Elle lâche un point d'orientation : « la lettre de cadrage indique moins 8 points pour toutes les directions ».

La gauche vote également contre le rapport scolaire en raison, explique Rémi Nappey, de la baisse de 0,50 euro par famille sur le Passeport-Doubs que Ludovic Pagaut défend parce que touchant davantage d'élèves...

Plus généralement, cette DM2 prend en compte  une baisse de 1,7 M€ d'un fonds de solidarité. Une avance de 4 M€ sur le fonds de compensation de la TVA a été consentie par la Caisse des Dépôts et Consignations à taux zéro, mais au lieu de les injecter dans l'économie comme le suggère la gauche, Christine Bouquin a préféré diminuer d'autant les emprunts.

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