Budget régional : la marge étroite

A la veille du débat d'orientation budgétaire qui doit donner les grandes lignes du budget de transition avant la présentation d'un plan de mandat à l'automne, Marie-Guite Dufay revient sur les grandes questions d'actualité : plan emploi, soutien d'urgence aux agriculteurs, répartition des directions Besançon-Dijon, Mots Doubs, loi NOTRe...

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A la veille du débat d'orientation budgétaire du conseil régional Bourgogne-Franche-Comté, la présidente Marie-Guite Dufay organisait un déjeuner de presse dans le salon Raymond-Forni de l'hôtel Grammont qui abrite les locaux bisontins de ce qui fut le conseil régional de Franche-Comté. C'est une de ses manières de pratiquer l'équilibre entre les deux capitales. Une autre est sans doute de proposer en vins du bourgogne et du jura... 

Elle n'abordera cette question des relations Besançon-Dijon qu'un bon moment après avoir évoqué le budget et les décisions d'urgence. Comme pour reléguer au second plan la controverse qu'elle évoque d'emblée pour mieux la reporter à plus tard. « Il y a beaucoup de turbulences ces temps-ci et au milieu de tout ça, je suis au travail. Ces épiphénomènes, j'essaie de faire en sorte qu'ils ne me perturbent pas dans le cap que je me suis fixé : l'essentiel, c'est une région en marche », commence-t-elle. Elle y reviendra plus tard : « Je suis navrée de ce à quoi nous avons assisté. J'aime mieux parler d'une dynamique que d'un équilibre qui se fera grâce au pôle métropolitain. Malgré les mots excessifs, qui correspondent à la passion des maires pour leur ville, je vois surtout deux hommes qui prennent les moyens de faire ce qu'ils n'ont pas encore fait pour travailler ensemble. Ils me rendront compte de leurs objectifs fin mars ».

« Ce ne sont pas les administrations qui commandent les dynamiques territoriales, mais les projets »

On peine cependant à imaginer Jean-Louis Fousseret et François Rebsamen au rapport devant elle, encore moins au garde-à-vous ! N'empêche, c'est dit, calmement, fermement. Ne pas être intervenue dans la polémique la conforte dans sa stature de madame tout-le-monde courageuse et sensée. Une posture diront certains, mais on ne lui enlèvera pas d'être aussi travailleuse. « Je ne regrette pas mon silence. Ma responsabilité, c'est un débat au sein de ma collectivité sur la répartition entre les directions administratives, le siège, les assemblées. Ce ne sont pas les administrations qui commandent les dynamiques territoriales, mais les projets ».

Y compris en interne, quand il s'agit de mobiliser l'administration pour les soutenir. « L'enjeu est si fort que la méthode doit primer : je ne veux aborder les choses que globalement ». Autrement dit, quand la nouvelle directrice générale des services, Valérie Chatel, aura pris complètement la mesure des chantiers à conduire : « elle doit fixer le cap des rationalisations, de la simplification, de la proximité et de l'accessibilité de nos politiques, sans doute en mettant en place un numéro vert proxim-région afin qu'un porteur de projet, où qu'il soit, puisse appeler et être accompagné ».

Vingt directions :
« faire en sorte qu'il y ait dix-dix »

Le cadre global, c'est quand même vingt directions, Mme Dufay promet de « faire en sorte qu'il y ait dix-dix ». Elle entend aussi que ce processus de « transition » de cette « maison chamboulée » se construise dans la concertation : « il n'y aura pas d'interruption du dialogue social », répond-elle à une question évoquant le rassemblement initié le 22 mars à Besançon par la CGT qui lui demande de « mettre fin à la souffrance des personnels qui ne peuvent plus satisfaire à leurs missions dans des conditions de travail acceptables » en raison de « rivalités de pouvoir ou de mésentente calculée et persistante entre les directions de deux sites ».

Bigre ! Dans ces conditions, estime-t-elle, il était urgent d'organiser des élections professionnelles afin de « négocier au plus vite les questions globales des indemnités, du temps de travail, des avantages sociaux ». Et surtout de négocier avec des représentants du personnel de la nouvelle collectivité plutôt qu'avec ceux des deux anciennes... Pour donner un peu de grain à moudre, elle indique ne « pas avoir voulu d'année blanche sur les avancements de carrière que les textes permettent de bloquer jusqu'en 2017 ». Une « concertation informelle » s'est donc tenue avec les syndicats le 14 mars, avant une « conférence sociale avant l'été » et une « grande négociation au second semestre ».

51 ateliers citoyens

Pour l'heure, le contexte est cette fameuse transition du passage de deux à une collectivité. Le mot revient : « un budget de transition se préfigure ». Le débat d'orientation de ce vendredi, annonce-t-elle, n'est donc pas « destiné à figurer le plan de mandat : nous le ferons d'ici l'été avec une traduction budgétaire à l'automne ». Pour ce faire, elle entend également « associer l'ensemble des acteurs économiques et le CESER pour l'été », mais aussi mettre en place à partir du 7 avril des « ateliers citoyens dans 51 endroits, animés par les 51 élus de la majorité, avec chacun un témoin porteur d'une initiative et faisant un bout de chemin avec nous ».

On verra à l'usage l'influence des uns et des autres : Marie-Guite Dufay sera-t-elle dans la synthèse ? Ou fera-t-elle, avec sa majorité, des choix politiques plus assumés ? Sa marge est étroite, bornée par la présidentielle, puis par les choix politiques nationaux de 2017. Que viendront faire les ateliers citoyens dans ce processus ? Le risque est qu'ils soient des alibis, ou des faire-valoir. Que s'y recyclent les pistes proposées par des alliés politiques potentiels ? Qu'il est difficile d'institutionnaliser la citoyenneté !

200 millions d'investissements

En attendant, Marie-Guite Dufay présente ce vendredi des « rapports d'urgence ». Le premier est la « déclinaison » du plan Hollande emploi-formation. Il y avait 20.000 places de formation, il y en aura 12.000 de plus. Le second est le plan pour l'agriculture qui vit une « crise de dérégulation européenne et mondiale ». Il comporte un allégement de cotisations : « 4 millions menaçaient d'être ponctionnés, j'ai eu Stéphane Le Foll qui m'a confirmé qu'ils resteraient : la préfète verra la répartition avec les agriculteurs ».

Pour le long terme, la présidente de région entend promouvoir des actions « fixant localement la valeur ajoutée et aidant l'exportation ». Elle évoque 4 millions à investir dans l'aide aux trésoreries, des chèque audit d'exploitation, des audits de filières à réaliser avec la chambre régionale d'agriculture . Elle veut « booster les marchés locaux en poussant les lycées à s'approvisionner localement » et embauchera pour ce faire un « monsieur ou madame acheteur pour organiser des groupements d'achats. Un volet concerne aussi « l'accompagnement individuel des agriculteurs en reconversion ». 

Côté budget, elle parle de 200 millions d'investissements ayant un impact sur l'emploi dans le bâtiment, les travaux publics, le ferroviaire. Elle annonce la reprise par la région des aides économiques assumées jusque là par les départements qui, en raison de la loi NOTRe, n'en ont plus la responsabilité. Admettant la lenteur avec laquelle arrivent les crédits européens, elle veut mettre en place un fonds d'aide de trésorerie permettant de patienter. Elle étendra à la grande région le dispositif bourguignon de lutte contre les offres anormalement basses lors des appels d'offres.

 

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