Est-ce un pas de plus vers la rupture de la majorité municipale bisontine ? Dans un communiqué intitulé « Il est nécessaire d’envoyer un message clair aux Bisontin-es », les présidents des trois groupes de gauche PS, PCF et EELV du conseil municipal de Besançon, critiquent l'affichage, sur son compte Facebook, d'une photo où la référence départementale de LREM Alexandra Cordier, attachée de presse et conseillère aux grands projets urbains au cabinet de Jean-Louis Fousseret, figure au côté du président départemental du MoDem Laurent Croizier, conseiller municipal d'opposition. On voit également sur cette image prise à Pontarlier dans le cadre d'une campagne européenne, l'ancien adjoint bisontin Denis Baud (ex PRG, ex PS) et des militants LREM.
« Cet affichage assumé pose question », soulignent Abdel Ghezali (PS), Anne Vignot (EELV) et Thibaut Bize (PCF) en rappelant que Laurent Croizier figurait en 2014 sur la liste conduite par Jacques Grosperrin (LR). « Comment la Référente départementale d’En Marche peut-elle s'afficher avec un élu de l’opposition qui dénigre publiquement et constamment le travail mené par la Majorité municipale de Besançon et de son Maire Jean-Louis Fousseret, lui-même En Marche ? Où est la cohérence ? », se demandent-ils, annonçant que les élus de leurs groupes « se sont réunis afin d'éclaircir la situation ».
« Urgence écologique et sociale »
Ils indiquent que « les politiques nationales menées par l’alliance LREM-MoDem impactent très sérieusement le fonctionnement de nos délégations et donc la vie quotidienne de nos concitoyens : réduction des contrats aidés, baisse des subventions qui impactent tous les secteurs associatifs : social, environnemental, sportif, culturel… contrainte imposée par l’État sur nos budgets de fonctionnement, sévère amputation des ressources de nos bailleurs sociaux, future réforme de la fonction publique, remise en cause des services publics… »
Ils en concluent qu'il « devient nécessaire d’envoyer un message clair aux Bisontin-es : dans un contexte d’urgence écologique et sociale, nous constatons que le besoin de solidarités n’a jamais été aussi important et il est aujourd’hui indispensable de dire avec force que nous ne nous reconnaissons ou partageons en aucun cas avec l’alliance EM-MoDem que ce soit au niveau national ou au niveau local, et en ce sens l'affichage d'Alexandra Cordier et Laurent Croizier. »
On s'attendrait à ce qu'ils réclament le départ d'Alexandra Cordier de ses fonctions auprès du maire, mais ils se gardent bien de le faire. Ils rappellent ce qu'ils répètent depuis la création du groupe LREM du conseil municipal : « Nous avons été élu-es en 2014 sur un programme commun de gauche et écologiste et nous souhaitons mener à bien le travail pour lequel les Bisontin-es nous ont fait confiance. Fidèles à nos électeurs, nous agissons et continuerons à agir au quotidien pour honorer nos engagements collectifs. Il en va de l'avenir de la solidarité et du vivre ensemble dans notre ville. »
« Le double emploi est problématique »
En fait, le message des trois partis s'adresse autant aux macronistes qu'aux Bisontins. Aux premiers, Anne Vignot (EELV) que nous avons sollicitée pour davantage de précisions, se contente de dire : « qu'ils prennent leurs responsabilités ». Elle ajoute pour les seconds : « on veut surtout s'adresser au grand public, d'autant qu'Alexandra Cordier a déclaré qu'elle pourrait être candidate à une élection locale. On veut que les Bisontins sachent qu'on est clair et qu'il n'y a pas de changement de périmètre de la majorité municipale ».
Pour Thibaut Bize (PCF), c'est aussi « le double emploi qui est problématique ». Le conflit d'intérêts potentiel entre les deux fonctions d'Alexandra Cordier, militante responsable LREM et salariée de la ville, a déjà été pointé lors des campagnes électorales de 2017. La jeune femme avait alors suggéré qu'un journaliste de L'Est républicain l'ayant évoqué soit mis à la retraite. Interpellé par la droite, le maire avait minimisé l'affaire, concédant une maladresse tout en soutenant sa conseillère.
Le président du groupe communiste insiste aussi sur la symbolique et la contradiction politique : « C'est le cabinet du maire, donc le maire. Alors on pose la question : où êtes vous ? De gauche ou de droite ? Peut-on encore être de gauche en soutenant Emmanuel Macron qui privatise la SNCF ? Peut-on soutenir la politique de droite de Macron et faire une politique de gauche à Besançon ? »
Si la majorité municipale au complet a voté récemment le budget 2018, les deux élus MoDem se sont abstenus. Mais que les deux ans qui restent avant les prochaines municipales vont être longs !