Besançon : la majorité municipale encore un peu plus secouée

Constitué des communistes, écologistes et deux socialistes, rejoint par un élu société civile, l'intergroupe de gauche annonce qu'il quitte le groupe majoritaire pour ne plus avoir de débat à huis clos avec LREM. Le groupe PS doit aussi quitter le groupe majoritaire et son président s'exprime ce jeudi sur la perspective des municipales...  

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Il n'y a plus de groupe majoritaire au conseil municipal de Besançon. Cette instance politique se réunissant quelques jours avant chaque séance du conseil municipal regroupait les 41 élus de la liste Fousseret en 2014, qu'ils soient socialistes, communistes, écologistes ou dits de la société civile, puis En Marche à partir de septembre 2017. Reste encore la réunion hebdomadaire de la municipalité où se retrouvent chaque lundi le maire et les adjoints, et éventuellement des conseillers municipaux délégués s'ils ont un dossier à présenter. 

Il n'y a plus de groupe majoritaire parce que les membres de l'intergroupe réunissant les cinq élus communistes, les cinq écologistes et deux socialistes, rejoints par Frédéric Alleman estampillé société civile, ont décidé de le quitter. Ce divorce politique a été annoncé par sept d'entre eux ce mercredi 30 janvier lors d'une conférence de presse tenue à la salle Courbet où se célèbrent généralement les mariages…

Cette décision en entraîne une autre, le départ du groupe majoritaire des treize élus du groupe socialiste, un éventuel huis-clos avec LREM n'étant pas tenable. Cela devrait être confirmé ce jeudi par son président, l'adjoint à l'urbanisme Nicolas Bodin, qui doit « clarifier le rôle [qu'il j’entend] jouer lors des prochaines élections municipales ». Il pourrait notamment annoncer qu'il brigue la première place des socialistes. 

« Certains ont rompu le contrat de 2014 en quittant le PS ou EELV »

Pour expliquer leur départ du groupe majoritaire, les membres de l'intergroupe avancent plusieurs arguments. Les uns sont déjà connus : « Nous, nous gardons le cap. Certains ont rompu le contrat de 2014 en quittant le PS ou EELV », explique l'adjoint à l'eau et à l'assainissement Christophe Lime (PCF). Mais aujourd'hui, ajoute-t-il, « nous avons de plus en plus de divergences avec LREM, et la politique nationale a de plus en plus d'impacts sur les politiques locales ». 

L'adjointe à l'environnement Anne Vignot (EELV) les détaille : « la loi de finance ne correspond pas à notre pensée politique et a des conséquences sur la politique de la ville. Il y a l'ISF, la politique du logement, la disparition des contrats aidés qui a des effets sur les associations et certains services publics. La contractualisation avec l'Etat nous entraine vers la fin de notre capacité à animer nos politiques. Enfin, cette politique nationale est portée par le maire qui l'exprime de plus en plus au conseil municipal… Face à cela, nous devons montrer notre cohérence… »

La démarche a été approuvée par Frédéric Alleman, le président de la commission d'appel d'offres, fonction lui conférant « une vision transversale : j'ai le rôle de sentinelle… Ce qui m'intéresse, c'est le respect des engagements de 2008 et 2014. Je recherche aussi de l'efficacité pour finir le mandat, je ne me représenterai pas, deux mandats étant largement suffisants… »

« Sous François Hollande, le maire déferait la ville,
y compris contre des politiques nationales »

La décision de l'intergroupe a été annoncée il y a une dizaine de jours à tous les élus de la majorité de 2014. Et proposition a été faite au groupe PS de rejoindre l'intergroupe : « la porte est ouverte, nous serions la première force politique », explique Christophe Lime. Avec 26 élus en cas de ralliement des socialistes, l'intergroupe frôlerait la majorité absolue de 28 sièges. Il l'obtiendrait avec deux des trois non inscrits ayant quitté le groupe socialiste et/ou le PS (Emmanuel Dumont, Yves-Michel Dahoui, Thierry Morton). Quoiqu'il en soit, il serait plus fort que LREM et ses douze élus. Restent un débat interne et des hésitations parmi les socialistes...

Toujours au PS mais plus au groupe socialiste, Jean-Sébastien Leuba a déjà franchi le pas en intégrant l'intergroupe. Il n'est pas le moins virulent vis à vis de Jean-Louis Fousseret : « Sous François Hollande, il déferait la ville, y compris contre des politiques nationales. Là, par exemple sur les migrants à Arènes, la ville appuie la préfecture. Marie-Noëlle Schoeller [première adjointe lors du mandat précédent] aurait-elle permis qu'on installe un grillage fermant le préau ? »

Saborder le groupe majoritaire devrait avoir pour conséquence de rendre publics les débats qui s'y tenaient jusqu'alors. « Qu'on se rappelle ce qu'est la politique : une diversité d'expressions », souligne Anne Vignot qui ne craint pas que les séances du conseil soient plus longues à l'avenir. « Il faut redonner du rôle à LA politique, qu'on fasse émerger des questions de fond, que s'expriment des projets de société… Si le conseil municipal n'est qu'une chambre d'enregistrement, pourquoi serait-il public ? » Christophe Lime ne dira pas autre chose un instant plus tard : « Il y avait jusque là des débats au sein du groupe majoritaire, on va les rendre davantage publics ».

« La dynamique, c'est nous »

Les élus de l'intergroupe voteront-ils le budget ? « On verra bien… Si nous ne le votons pas, nous serions démissionnaires de la municipalité » assure Christophe Lime, « aujourd'hui, nous sommes encore files. Et ce n'est pas nous qui avons rompu le contrat ». Ont-ils pensé démissionner ? Si oui, la réponse a été non ! « On nous a mis dans une situation difficile », ajoute Lime. « On aimerait que ce soient les autres qui démissionnent », s'exclame Françoise Presse (EELV), déléguée aux risques urbains et vice-présidente de l'agglo au développement durable et à la transition énergétique.

L'intergroupe approuve-t-il la décision de la ville de demander une dérogation au code de l'environnement pour détruire des espèces protégées aux Vaîtes ? Anne Vignot ne souhaite « pas répondre aujourd'hui sur ce dossier » mais elle n'a manifestement pas apprécié que les habitants et jardiniers aient été mis devant le fait accompli. Elle veut surtout défendre « le travail structurel sur la biodiversité » mené sur la ville… Anthony Poulin (EELV) assure de son côté que l'intergroupe a été « pertinent sur plusieurs dossiers d'urbanisme : sur l'étalement, comme aux Planches-Relançons, on ne lâche rien… On ne voit pas ce qu'on permet d'éviter comme catastrophes. La majorité municipale, ce n'est pas LREM ! »

En tout cas, l'étiquette LREM du maire leur donne de l'urticaire. « On ne lâchera pas la ville à En Marche », dit Anne Vignot en donnant l'exemple de la mise en minorité des macronistes sur l'ouverture des commerces le dimanche grâce aux voix de l'intergroupe et des socialistes. Est-ce une préfiguration pour les municipales de 2020 ?  Sourires. Chaque chose en son temps. « La dynamique, c'est nous », veut croire Françoise Presse.

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