Besançon : la droite se paie Fousseret en votant pour un journaliste

Lors de l'élection d'un nouvel adjoint, 10 voix se sont portées sur notre confrère Jean-Pierre Tenoux après que le chef de file de l'opposition municipale Jacques Grosperrin soit revenu sur sa mise en cause par l'attachée de presse de la mairie et référente départementale de LREM, Alexandra Cordier, à qui le maire a apporté son soutien...

jgr

L'opposition de droite du conseil municipal de Besançon s'est bien amusée jeudi 12 octobre. Lors de l'élection à bulletins secrets d'un nouvel adjoint, rendu nécessaire après la démission pour raisons personnelles de Solange Joly (PCF), le grand reporter de L'Est républicain Jean-Pierre Tenoux a obtenu dix voix ! Elles ont évidemment été considérés comme des bulletins nuls puisque notre confrère ne siège pas dans une assemblée que par ailleurs il ne couvre pas. 

Il y a également eu cinq bulletins blancs qui n'ont pas empêché Thibaut Bize d'être élu avec quarante voix, soit une de moins que la majorité municipale. Comme il a voté pour lui, on en déduit que le président du groupe communiste n'a pas fait l'unanimité de la majorité municipale...

Jean-Louis Fousseret, qui n'a pas évoqué les bulletins au nom du journaliste, a ensuite solennellement remis son écharpe tricolore au nouvel adjoint. De quoi faire sourire quand on sait qu'il est en première ligne pour dénoncer les mesures à l'égard des collectivités locales que prend le gouvernement soutenu par le maire...

« La ville a été attaquée »

Dès le débat politique ouvrant traditionnellement le conseil avant l'examen des rapports et des délibérations, Jacques Grosperrin avait interpellé Jean-Louis Fousseret sur le fait que Besançon a récemment été la « cible ironique » des médias nationaux après la « mise en cause du journaliste par une de [ses] proches collaboratrices ». Le chef de file de la droite lui suggéra qu'il aurait alors été « fin de réagir car la ville a été attaquée : cela devait vous inciter à prendre position ».

On se souvient qu'Alexandra Cordier, attachée de presse de Jean-Louis Fousseret et membre de son cabinet, avait réagi à un billet que Tenoux concluait par la nécessité où elle se trouvait de devoir choisir entre ces fonctions et son poste de référente départementale de La République en marche. Elle avait alors tweeté que le journal ferait bien de le mettre à la retraite, puis avait ensuite ironisé sur son âge.

« Tempête dans un dé à coudre... »

Au delà de l'inélégance du propos, que la responsable locale du parti présidentiel demande la tête d'un journaliste ne pouvait que provoquer la réaction d'une profession dont l'indépendance est régulièrement mise à mal. D'ailleurs, la macronie s'est fait une spécialité de la défiance à l'égard des journalistes qui seraient incapables de comprendre la pensée complexe du président, incitant notamment les nouveaux parlementaires à s'en méfier, voire à éviter de leur parler. Du coup, l'opposition est dans son rôle en soulignant les excès auxquels peut conduire l'euphorie d'une victoire politique, fut-elle par défaut.

Répondant à Jacques Grosperrin, Jean-Louis Fousseret en a rajouté une couche en assurant qu'il n'y a « pas de polémique entre la mairie et la presse locale. Il y a eu un problème de tweets privés, de quelqu'un de mon cabinet à qui j'apporte mon soutien. C'est une tempête dans un dé à coudre... »

Reste que ces bisbilles de microcosme en disent long sur la conception du pouvoir et des médias qui a cours dans, justement, les lieux de pouvoir où semblent passer comme une lettre à la poste une certaine violence des mots, des attaques ad hominem, et des arguments d'autorité quand l'autorité des arguments n'emporte pas la conviction.

 

 

 

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