Besançon : 300 personnes protestent contre les garde-à-vues de trois syndicalistes

Le secrétaire de l'UD-CGT du Doubs, Cyril Keller, un chercheur de la fac des sciences, Philippe Henry, et un étudiant en sciences humaines ont passé quelques heures au commissariat jeudi après la manifestation contre la loi El Khomri.

manifpref

Environ 300 personnes se sont rassemblées sous une pluie fine, vendredi 25 mars à 13 heures, devant la préfecture de Besançon pour protester contre le placement en garde-à-vue de trois militants syndicaux parmi lesquels le secrétaire de l'UD CGT du Doubs, Cyril Keller, jeudi, plusieurs heures après le défilé essentiellement estudiantin demandant le retrait du projet de loi El Khomri. On reconnaît des responsables CGT de toute la région, les secrétaires des UD du Territoire-de-Belfort et du Jura, de Peugeot-Sochaux. Ils réclament l'abandon des poursuites. Marc Pautot, de la CGT-Énergie, a lu une grave et brève déclaration dénonçant des « arrestations sommaires » et dont voici l'essentiel :

« La France est-elle encore une république où chaque citoyen peut exercer pleinement ses droits d'expression ? Les pouvoirs publics doivent être les garants de l'état de droit et avant tout assurer la protection de chacun pour qu'il exerce son droit à manifester ou à s'organiser. La vague de répression que subissent les militants syndicaux depuis des années prend de l'ampleur et a franchi une nouvelle étape. Après la violence des choix patronaux et l'utilisation de l'appareil judiciaire pour faire taire toute contestation, nos gouvernants n'ont pas trouvé d'autre solution que l'agression des manifestants par les forces de l'ordre. Les inégalités sociales se creusent et suscitent l'exaspération de toute la population. C'est par la réponse aux besoins de justice sociale que se trouve la solution et non par le mépris, la répression et la violence... »

Correntin Lahu au micro, entre Cyril Keller (à gauche) et Marc Pautot (capuche).

 

Correntin Lahu, de Solidaires-Étudiants, a ensuite lu le communiqué du comité de mobilisation de l'université qui figure sur son compte Facebook, indiquant notamment qu'il « ne répondrait pas à la violence par la violence ». Une délégation de six personnes a ensuite été reçue à la préfecture. Les déclarations ont été ponctuées des slogans habituels : « état d'urgence, état policier... Police partout justice nulle part... » et un début de Carmagnole a été entonné.

Les interpellations de Cyril Keller et Philippe Henry se sont produites jeudi vers 19 heures lors de la dispersion musclée du rassemblement devant le commissariat où Sébastien H avait été mis en garde-à-vue deux heures plus tôt dans des circonstances ahurissantes : il a été empoigné manu-militari alors qu'il se rendait à une convocation pour être entendu sur une plainte le visant pour intrusion au lycée Pasteur lors du défilé du 17 mars (voir les images de France3 ici). Ce jour-là, les proviseurs des lycées visités par les manifestants étaient sur les dents.

L'incongruité de l'arrestation de Sébastien H avaient déclenché un rassemblement devant le commissariat. Au bout d'une heure et demi, les policiers sont sortis pour réclamer la dispersion. Après un bref face à face, un officier a annoncé, après avoir raccroché son téléphone mobile, que l'usage de la force allait être employé, raconte Cyril Keller. Les manifestants ont alors reculé sous la pression, traversant plus ou moins à reculons la rue de la Gare d'eau où la circulation n'avait pas été coupée, avant de se retrouver de l'autre côté. Trébuchant dans l'échauffourée, le responsable syndical explique s'être « par réflexe » raccroché au policier qui le poussait et tous deux sont tombés. Là, il a été menotté puis embarqué alors que quelques coups de matraques et des gaz étaient projetés sur les manifestants. Il se voit reprocher des violences volontaires sur agent de la force publique et une rébellion. Il conteste les premières et admet bien volontiers la seconde s'il s'agit de refuser de quitter un trottoir !

Le secrétaire départemental explique aussi que le traitement de sa garde à vue s'est subitement amélioré après des interventions extérieures de dirigeants nationaux de la CGT. Le poignet bandé, Marianne, militante de l'UNEF, présente sur les lieux, dit s'être fait matraquer la main alors qu'elle aidait une jeune fille à se relever. Evelyne Ternant, secrétaire régionale du PCF, ne s'interroge plus sur la nature politique du gouvernement : « c'est la droite dure... »

Le passage à tabac de l'élève du lycée Bergson de Paris est dans toutes les conversations. Une bavure tout à fait capable d'accentuer la mobilisation contre le projet de loi travail.

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