Barbara Romagnan : « les députés ne sont pas les attachés de presse du président »

Passée par un trou de souris pour arriver au second tour, la députée frondeuse sortante a reçu le soutien de Jean-Luc Mélenchon. Du coup, les insoumis de la première circonscription du Doubs, qui s'étaient réunis lundi soir, ont mardi soir appelé à « faire barrage à Madame Charvier »... De son côté, Pascal Routhier (DVD) soutien la candidate LREM.

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« On se remet vite dans une nouvelle course. Je ne pars pas avec beaucoup d'avance, mais j'y suis... » Barbara Romagnan veut parler du second tour qu'elle n'était vraiment pas sûre d'atteindre ces derniers temps, coincée comme bon nombre de candidats du PS entre une insoumise et une macroniste.

Quant à « l'avance », il s'agit de celle sur sa concurrente des deux dernières législatives, Françoise Branget (LR) qui avait été élue en 2007, Barbara Romagnan l'étant en 2012...Une concurrente à qui la concurrence de son ancien suppléant, Pascal Routhier, a sans doute coûté la qualification, et par conséquent donné un coup de pouce à la socialiste. Elle estime aussi que sa présence au second tour est « le résultat d'un travail ancien de terrain avec les forces de gauche qui a porté ses fruits ».

Barbara Romagnan est donc repartie en campagne avec « plus de proximité que jamais ». Il s'agit d'expliquer, avec de nombreux autres, que comme « il n'y aura pas de majorité de gauche à l'Assemblée nationale », point n'est besoin que La République en marche ait une majorité écrasante. Ajoutant que « les députés ne sont pas des porte-parole du président ou ses attachés de presse », elle affirme qu'il y a « besoin de gens qui réfléchissent, pas qui enregistrent ».

« Inquiète sur la question sociale et celle des libertés »

Elle se dit également « inquiète sur la question sociale et celle des libertés ». Elle qui avait voté pour qu'une motion de censure de gauche soit déposée contre la loi El Khomri que le gouvernement Valls a fait passer grâce au 49-3, entend batailler contre la « nouvelle loi travail qui va fragiliser surtout les pauvres qui ont un emploi ». Elle appuie aussi là où le nouveau pouvoir montre d'évidentes faiblesses éthiques « sur la transparence, la justice ou les libertés publiques. Quand je vois le ministre de la Justice faire pression sur France Inter, l'état d'urgence qu'on veut faire entrer dans la loi, je suis inquiète ».

Où siègera-t-elle si elle est réélue ? « Dans un groupe de gauche ! J'ai essayé de faire largement l'union, discuté avec des gens voulant un candidat et pas trois. J'espère une pratique à gauche qui se réinvente... » Sera-t-elle dans l'opposition ? « Je serai un soutien fervent de Nicolas Hulot, mais je ne serai pas dans un groupe REM. Avec les communistes et la France insoumise, s'il y a moyen de travailler ensemble, quel que soit le nombre, il est souhaitable qu'il y ait un seul groupe. Il faut que les gens issus de la diversité de la gauche se mettent ensemble ».

On lui demande si le PS est mort, elle répond : « je n'en sais rien, mon enjeu c'est la gauche, je souhaite qu'elle se réinvente... »

« On a eu la position nationale lundi à 19 h, on a eu besoin d'échanger... »

Ce mardi matin sur RTL, Jean-Luc Mélenchon lui apportait son soutien, comme aux quelques députés socialistes ayant « signé la motion de censure ». Ce geste est aussi destiné à faciliter le soutien réciproque d'électeurs socialistes pour des candidats insoumis qualifiés pour le second tour : les alliances sont la règle du scrutin majoritaire à deux tours... Ce mardi soir, les insoumis de la première circonscription devaient se revoir après une première réunion, lundi soir, destinée à prendre position. Le national aurait-il forcé la main aux militants locaux peu chauds pour appeler à voter pour Barbara Romagnan ? Directeur de campagne d'Habiba Delacour, Emmanuel Girod le confirme à demi-mot : « On a eu la position nationale lundi à 19 h, on a eu besoin d'échanger à une trentaine... »

Est-ce si dur d'appeler à voter Romagnan ? « Oui, car c'est le PS, mais il y a aussi eu des arguments favorables ». Quels sont les principaux arguments pour et contre échangés dans le débat interne ? « Ses votes sur la loi travail, l'état d'urgence, la déchéance de nationalité, la volonté de dire "OK, ce n'est pas la même chose". Mais d'autres estiment que si elle avait rompu avec le PS, ce serait déjà fait. D'autres encore pensent que les positionnements peuvent encore évoluer. Et certains voulaient des conditions sur lesquelles elle s'engagerait... »

Du coup, le communiquéDans la 1ère circonscription du Doubs, nous remercions les électrices et électeurs qui ont porté leurs suffrages le 11 juin sur notre candidature France Insoumise avec 11,60 % sur la circonscription et 14 % à Besançon malgré une abstention record. Aujourd’hui un seul constat doit être fait : La France insoumise est la seule force autonome et d’avenir qui est enracinée en France et en Franche-Comté. Cette force se donne pour tâche de construire encore davantage de commun. Nous sommes fiers d’avoir porté le programme l’avenir en commun et les valeurs d'humanisme social et de l'écologie politique. Nous travaillerons à aider les parlementaires insoumis-es. La France insoumise est ouverte toutes celles et tous ceux qui veulent venir renforcer ce travail en dehors des partis politiques traditionnels. Il nous revient de fédérer le Peuple face à la caste au pouvoir pour construire une alternative à la finance, à la monarchie présidentielle pour passer à la 6e République et engager la transition écologique et citoyenne. Pour le second tour, dans la première circonscription du Doubs, la France insoumise respecte la liberté de vote des insoumis-es et des électeurs et des électrices. Nous appelons à faire barrage à Madame Charvier portant le programme libéral de Macron et dans toute la France au FN. La France Insoumise est ouverte à toutes celles et ceux qui ne donneront pas les pleins pouvoirs à Macron. Nous appelons à un front populaire politique et social à l’encontre de la destruction du code du travail, la remise en cause de la sécurité sociale et des retraites, de la suppression des services publics, de l’institutionnalisation de l’état d’urgence. Nous Insoumis-es voulons tourner la page du vieux monde et être la force de rassemblement et de rénovation profonde de la vie politique de ce pays. publié mardi soir à 22 heures, est en retrait par rapport à la direction nationale du mouvement : « dans la première circonscription du Doubs, la France insoumise respecte la liberté de vote des insoumis-es et des électeurs et des électrices. Nous appelons à faire barrage à Madame Charvier portant le programme libéral de Macron et dans toute la France au FN ».

La culture du débat n'est pas morte...

Ce qui paraît évident pour nombre d'électeurs n'est pas si simple pour les militants, et pas qu'avec la France insoumise. Ce jeune mouvement ne s'est pas seulement construit sur l'adhésion à Jean-Luc Mélenchon, mais aussi sur des débats internes nourris et nombreux qui ont fait une grande partie de la différence avec les partis plus classiques. Cela a aussi fait le succès d'En Marche, et toutes proportions gardées, une part du rajeunissement que l'on peut constater au PCF depuis quelques années, sans toutefois que les structures en soient bouleversées.

On peut donc comprendre que les discussions prennent du temps quand il s'agit de « trouver une synthèse cohérente entre les Insoumis », pour reprendre l'expression d'Emmanuel Girod. Qui peut être contre la culture du débat ? Elle aura longtemps fait défaut, notamment à gauche, depuis un certain 21 avril 2002...

 

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