Annie Genevard : pour un « cumul raisonnable »

Vous êtes députée, maire, conseillère communautaire... N'en jetez plus ! Pour limiter, il faut être dans un mandat exécutif. Pour ma part, j'ai démissionné du Conseil régional. Comment vous organisez-vous ? Avec député, ce ne serait pas possible d'avoir plus d'un mandat à responsabilité : maire ou président de Conseil régional ou de Conseil général.

Vous êtes députée, maire, conseillère communautaire... N'en jetez plus !
Pour limiter, il faut être dans un mandat exécutif. Pour ma part, j'ai démissionné du Conseil régional. 

Comment vous organisez-vous ?
Avec député, ce ne serait pas possible d'avoir plus d'un mandat à responsabilité : maire ou président de Conseil régional ou de Conseil général.

Vous pourriez être aussi conseillère régionale ?
Clairement, non.

Comment faites-vous ?
Députée, c'est deux jours et demi par semaine. Il reste quatre jours et demi pour être maire. C'est compatible au prix d'un gros travail qui ne laisse pour ainsi dire pas de loisirs personnels. Il faut avoir de l'organisation, de bons collaborateurs, de bons adjoints, une grosse capacité de travail... et une famille en soutien.

Pensez-vous qu'il puisse y avoir un conflit d'intérêt politique entre votre mandat de parlementaire et d'élue locale ?
C'est le contraire ! Il y a convergence d'intérêt. On est dans le débat de fond : le jour où il n'y a plus de cumul, on aura des élus apparatchiks, des élus du système. Quand je me suis présentée, les gens m'ont parlé d'évidence : on vous connaît comme maire, sur les dossiers. Il y a un parcours qui s'est construit, en même temps on construit le fond, la raison d'être d'un élu. J'ai été vingt ans au contact de toutes les réalités, d'abord des questions humaines. Même si ce n'est pas audible, la convergence d'intérêt entre ceux qui sont maire ou l'ont été est celle-ci : ils ont la capacité à transcrire l'effet d'une loi sur un territoire. Par exemple le débat sur l'école est éclairant : il y a des différences d'approche entre les cabinets et les élus locaux. Les maires ont vu les problèmes de la réforme des rythmes scolaires.

Pourquoi ne pas mettre l'Association des maires dans ce type de processus législatif ?
Oui. Mais au final, ce sont les députés qui votent la loi.

Vous pensez qu'un parlementaire devrait avoir été élu local ?
On ne peut pas mettre une telle condition pour l'accès aux responsabilités. A ce moment, il faudrait un tas de critères...

Qu'ont apporté de concret les maires ou les adjoints au débat sur les rythmes scolaires ?
On ne peut pas décider dans un délai aussi court, en un mois, pour la rentrée de septembre 2013, sans savoir l'organisation et les coûts. Sur Morteau, c'était 5% de masse salariale de la ville en plus. Parle-t-on de garde d'enfant ou d'enrichissement du temps scolaire ? Autre exemple, la loi sur le logement social : les non élus locaux ont mis un quota de logements sociaux pour les communes de moins de 1500 habitants. Il a fallu des maires pour dire que c'était infaisable. Pareil pour le mariage des couples de même sexe : un amendement que j'ai défendu a été voté à l'unanimité. Il permet la possibilité, pour un maire, de marier des jeunes dont les parents habitent la commune même si les enfants n'y sont plus...

Que dites-vous à vos amis qui voudraient faire comme avant ?
Je suis la vice-présidente d'une association d'élus pour la démocratie, avec quelques dizaines de parlementaires, que préside Daniel Fasquelle, afin de combattre des idées reçues. Il y a un climat inquiétant, un opinion populaire de plus en plus sévère, des propos dévalorisants pour les élus, c'est dangereux pour la démocratie. Un engagement électif est un bel engagement, ce n'est pas honteux d'être un élu. Ceux qui doivent trancher la question sont les électeurs : les règles normales pour encadrer le cumul des fonction et des rémunérations. D'après les sondages, 60% des personnes, ne savent pas que le cumul est limité, 66% pensent que le cumul des revenus n'est pas plafonné, 60% sont pour interdire le cumul d'une fonction et d'une activité professionnelle... Cela signifierait qu'un élu d'une petite commune à quelques centaines d'euros d'indemnité ne pourraient plus travailler ! Tout ça témoigne d'une méconnaissance de l'exercice des mandats. Je suis pour un cumul raisonnable, encadré, permettant de faire un travail correctement.
  

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !