Annie Genevard : « j’ai tout de suite aimé l’action publique »

"J'ai toujours vu mes parents s'engager, professionnellement, chrétiennement, humainement. Papa était garagiste, il a toujours beaucoup travaillé pour la profession, s'est engagé dans les organisations professionnelles. Il était à l'Action catholique indépendante. Maman était à la JOC..."

GenevardAnnie

Fille d'Irène Tharin qui fut députée UMP de Montbéliard de 2002 à 2007 et maire de Seloncourt de 1993 à 2001, Annie Genevard est aussi une descendante de la famille Adami qui a donné des militants  communistes au Pays de Montbéliard. Professeur de lettres classiques au lycée de Morteau, elle est la belle-fille d'un ancien maire de la ville, Christian Genevard. Confortablement élue avec plus de 62% des voix face à la socialiste pontissalienne Liliane Lucchesi, Annie Genevard siège à la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale. Elle a fait partie de la commission spéciale chargée d'examiner la loi organique.

Vous semblez être tombée dans la politique toute petite !
J'ai toujours vu mes parents s'engager, professionnellement, chrétiennement, humainement. Papa était garagiste, il a toujours beaucoup travaillé pour la profession, s'est engagé dans les organisations professionnelles. Il était à l'Action catholique indépendante. Maman était à la JOC, la jeunesse ouvrière chrétienne, dans les associations de parents d'élèves
... J'ai toujours eu ce modèle d'engagement. Je n'avais pas dans l'idée de faire de la politique. Jusqu'en 1994 quand Jean-Marie Binetruy [NDLR : alors premier adjoint de Pierre Cheval, maire de Morteau qui n'allait pas se représenter en 1995], m'a demandé d'être sur sa liste pour les affaires culturelles. J'étais dans le club cinéma de la MJC, je faisais des conférences sur l'histoire de l'art au lycée. L'opposition municipale reprochait à la majorité que Morteau soit un désert culturel, ce qui n'était pas vrai... J'ai été surprise de cette demande, je n'y avait jamais pensé, j'en ai parlé à mon mari... J'ai tout de suite aimé l'action publique.

Membre du RUMP

Annie Genevard a logiquement rejoint le nouveau groupe parlementaire Rassemblement UMP qui réunit une grande partie des députés favorables à François Fillon. Elle est sur le sujet sur la même longueur d'ondes que le député de Montbéliard, Marcel Bonnot, avec qui elle a cosigné un communiqué le 29 novembre.
A l'Assemblée, elle est membre de la commission des affaires culturelles et éducatives, ainsi que de la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi organique. 
Parmi ses interventions, elle a notamment posé des questions écrites le 30 octobre sur le projet de rendre facultative l'adhésion, jusque là obligatoire, à l'ordre des masseurs-kinésithérapeuthes, et le 27 novembre pour demander l'élargissement des mesures de soutien à la construction de logements locatifs aux zones B2 et aux communes de moins de 50.000 habitants. Elle a également posé des questions orales sur la sécurité sociale des frontaliers ou lors de la discussion sur les emplois d'avenir.

Avez-vous été militante associative ou syndicale ?
J'ai toujours aimé la société des autres. Je ne suis pas une solitaire. Je me suis engagée, adolescente, dans les Jeannettes, un mouvement scout féminin... L'élection de 1995 a été un grand tournant dans ma vie. J'ai adhéré au RPR plus tard, vers 97 ou 98. J'ai aimé aussitôt l'action municipale, cette responsabilité...

...de faire ? de concevoir ?
De faire, travailler en équipe, rencontrer toutes sortes de gens. Le mandat municipal est une activité qui permet d'embrasser un ensemble de dimensions : humaines, associatives, techniques, financières... Vous recevez des ministres et des chômeurs...

Vous avez d'abord été adjointe...
Quand Jean-Marie a été réélu en 2001, je suis devenue première adjointe. Puis il a été élu député en 2002 et je suis devenue maire. Il a souhaité garder la présidence de la communauté de communes.

C'est déjà pas mal : député, adjoint et président de communauté de communes !
Oui. Mais cela me fendrait le coeur d'abandonner mon mandat de maire. Je me suis posée la question quand je suis devenue députée. Et puis je me suis réorganisée. J'ai la chance d'avoir une équipe d'adjoints formidables, travailleurs, loyaux, une très bonne équipe de collaborateurs, sérieux et très dévoués, compétents. Chaque semaine, je fais le tour de tous les dossiers.

Quelle est votre organisation ?
Je suis à Morteau le lundi. A Paris le mardi, le mercredi et une partie du jeudi. Les vendredi, samedi et dimanche à Pontarlier et dans le reste de la circonscription.

Quand vous reposez-vous ?
J'ai la chance d'être en excellente santé. Je suis heureuse quand je peux avoir une partie de mon dimanche, pour le quant-à-soi... Mais si je défends le cumul, c'est parce qu'il y a une vraie adéquation entre mandat national et mandat municipal. Le rapporteur général du budget, Christian Eckert [député PS de Meurthe-et-Moselle, maire de Trieux, 2000 habitants] m'a dit : "si je n'étais pas maire, je ne pourrais pas traduire les décisions budgétaires sur le terrain"...

Il y a quand même les associations de maires qui peuvent être auditionnées en commission...
Ça ne remplacera pas ! Par exemple la loi logement. Une nuit, à 1 h 30, on voit arriver deux amendements dont l'un pour abaisser de 3500 à 1500 habitants [dans des communautés de communes de plus de 50.000 habitants dont une ville de 15.000] le seuil à partir duquel les communes doivent avoir des logements sociaux. Le gouvernement le laisse passer, on braille, l'amendement disparaît... Si le député qui l'a déposé avait été maire, il aurait vu que sa proposition n'était pas tenable... Madame Duflot a refusé qu'on mette les aires d'accueil des gens du voyage dans les quotas de logements sociaux, c'est décourageant pour les maires...

Parlementaire et adjoint, ne serait-ce pas plus simple ?
J'ai été adjointe, première adjointe puis maire. Naïvement, je me disais qu'après avoir été première adjointe, j'étais prête, techniquement. Mais devenir maire change tout avec le poids des affaires courantes et des responsabilités.

Qu'avez-vous ressenti le jour de votre installation comme députée ?
Bien sûr, les lieux, la fonction impressionnent, comme l'organisation de cette grande maison. Mais je suis secondaire, j'ai mis un peu de temps pour en saisir toute la dimension. Reste la fraîcheur de la découverte. Ce mandat est très complexe, il faut saisir les règles dites et non dites, saisir le processus de comment la loi se fait. Car le député écrit la loi ! Elle sert dans l'organisation de la vie sociale, sera la référence. On sent le poids de la responsabilité...

C'est une mission ?
Oui, extraordinaire... Et puis les personnalités qu'on rencontre ! Sur la question du mariage homosexuel par exemple, on a eu des auditions avec des pédo-psychiatres, les responsables des grands cultes, qui nous ont apporté beaucoup. Je suis heureuse de revenir dans ma circonscription pour parler de ce que j'ai entendu en commission. Le mandat local s'enrichit de que je vis à Paris.

Avez-vous changé votre réflexion ?
Je n'y suis toujours pas favorable...

Procéderiez-vous à des mariages ?
Je ne sais pas... Je vais d'abord faire mon travail parlementaire. Je dénie en tout cas à quiconque d'y voir de l'homophobie. Je respecte l'amour que se portent deux hommes ou deux femmes. C'est cependant un très grand bouleversement de la famille. Depuis que j'ai entendu les pédo-psychiatres, je trouve que c'est dangereux pour des enfants en construction psychique. C'est un lobby d'une minorité qui veut imposer ses vues à toute la société. Le président de la République est d'ailleurs très fluctuant, admet que ça pose une question liée au droit, mais aussi à la morale...

Vous déléguerez ?
La question ne se résume pas à la délégation. On va à terme vers l'adoption et l'assistance médicale à la procréation (PMA), ce sont de mauvaises choses. C'est là-dessus que je veux me battre, pas sur la question de la délégation.

Il y a quand même la question de l'égalité des droits. Pensez-vous qu'il vaut mieux améliorer le PACS ?
Il faut trouver des réponses à la situation des enfants qui vivent dans un couple homosexuel et la situation n'est pas garantie juridiquement, par exemple lors d'une séparation. Je suis pour des solutions qui soient différentes du mariage. Il y a aussi le risque de pays qui se fermeront à l'adoption. Pour les pédo-psychiatres , l'adoption est liée à l'abandon et à la culpabilisation...

Les anthropologues expliquent qu'il y a par le monde de nombreuses formes de famille...
Un modèle a fait ses preuves... On va bouleverser toute la société pour une minorité...

Vous êtes une proche de François Fillon...
Je suis une de ses trente porte-parole...

N'y a-t-il pas un problème idéologique, un problème stratégique majeur, derrière la guerre des chefs ?
C'est cataclysmique sur le plan politique. Je réponds aux textos des militants que ce qui se passe est terrible. Les socialistes ne se réjouissent d'ailleurs pas : une démocratie doit se baser un grand parti de gauche et un grand parti de droite. Il doit y avoir une droite républicaine. C'est ça qui est en train de se passer...

Y a-t-il un risque d'extrême droite ?
La médiation Juppé est une bonne chose. Je suis d'accord avec Benoît Apparut quand il dit qu'il faut relégitimer le président de l'UMP.

Faut-il revoter ?
Je ne sais pas. La médiation Juppé va clarifier les choses. On voit bien que sur le plan politique, il y a deux stratégies différentes. Copé est très droitier, très clivant. François Fillon pense qu'on ne peut regagner qu'en rassemblant la droite et le centre, tout en n'ignorant pas les problèmes posés par Jean-François Copé : l'identité, l'islam radical, la montée de l'antisémitisme. Le FN est une préoccupation, mais il faut parler au centre et aux électeurs du FN, François Fillon en est capable. Ce que j'aime dans son personnage, c'est qu'il n'est pas le centriste mou dont l'accuse Jean-François Copé. François Fillon a, sur le plan économique, l'épaisseur du premier ministre qu'il a été... Mais à l'Assemblée nationale, les députés de base fillonistes et copéistes s'entendent...

Vous avez signé l'appel des 134 parlementaires et anciens ministres qui soutiennent Fillon...
Oui, mais j'ai aussi déjeuné hier avec Christian Jacob... Il aurait surtout fallu présenter plus de deux candidats, avoir un président de COCOE plus tranchant... Et puis, oublier trois fédérations !

Y a-t-il un risque de scission de l'UMP ?
Ils ne sont pas tant que ça à quitter le navire... Attendons de voir que la médiation Juppé porte ses fruits. La scission, ce serait la mort... Mais je veux garder foi en l'avenir de notre famille. Il n'y a pas d'autre choix.

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