Anne Vignot : « tant que les accords sont respectés, ça ira, on sera en discussion permanente »

La présidente du groupe écologiste au conseil municipal de Besançon s'explique : « nous sommes une équipe composite, mais nous avons un accord programmatique... Ce qui peut devenir un problème, c'est la multiplication des modifications des compétences des collectivités sans que le budget suive. »

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La politique nationale peut-elle conduire à une mise en minorité de Jean-Louis Fousseret sur le budget ?

Vu comme ça, et avec les informations que j'ai, je ne pense pas. On a eu des réunions budgétaires avant les vacances. Ce n'est pas sur cette base que les choses se feront, sauf coup de Trafalgar. C'est vrai que nous sommes une équipe composite, mais nous avons un accord programmatique. En revanche, ce qui peut devenir un problème, c'est la multiplication des modifications des compétences des collectivités sans que le budget suive. Sur les rythmes scolaires, on a demandé aux communes d'adhérer au dispositif sur la base du périscolaire de compétence communale, tout en engageant le travail des enseignants de compétence Éducation nationale : on ne sait plus qui est compétent dans ce désordre. Laisser entendre que les communes font des choix alors qu'ils doivent être validés par le rectorat entraîne de la confusion. Est-ce le signe que l'Etat abandonne ses compétences régaliennes au nom de la particularité des territoires ?

Certains parlent de recentralisation, de mise sous tutelle...

Oui et non. L'Etat dit qu'on doit choisir mais décide d'organiser le travail ! Ce flou dans le rôle des uns et des autres déstabilise. Ça fait quand même drôle aux enseignants que ce soient les communes qui décident s'ils travaillent quatre jours ou quatre jours et demi... Si le gouvernement continue à avoir cette politique (CETA, financiarisation...), on ne pas dire qu'on est dans l'équilibre local-global.

Revenons à Besançon...

Le programme de l'équipe, c'est proximité, bien-être, bien-vivre... Tant que ce n'est pas mis à mal fondamentalement, il n'y a pas de raison que l'équipe se déchire plus que ça. Sur les discussions nationales, ça devient plus conflictuel car on n'a pas la même approche de la vie politique. On n'a pas la même vision du monde. Mais si on est là, c'est parce qu'on a discuté, et obtenu, des postes à enjeux : mobilités douces, santé, transition énergétique...

Ça marche ?

Avec toutes les difficultés que ça représente. On sait ce que c'est d'être minoritaires dans une majorité, mais on fait avancer des dossiers. Comme ni le PS, ni LREM ne sont en situation hégémonique sur la ville, la question, c'est comment on travaille ensemble.

Jean-Louis Fousseret peut-il être mis en minorité en 2018 ?

Je ne sais pas. Si demain, il dit qu'il s'aligne sur le national, on en reparlera. Pour l'instant, on n'a rien vu de fondamentalement changé sur le programme. Et on n'a pas attendu 2017 pour savoir ce qu'on allait faire en 2018 ou 2019. On participe à la commission PPI (plan pluriannuel d'investissements) où sont travaillées les grandes orientations. Il y a de vrais débats et nous ne sommes pas toujours d'accord. Je vivrais mal une dictature de la pensée, ce que je reproche à Macron...

Tout le monde prépare les prochaines municipales, ou y pense, en sachant qu'il y aura les élections européennes avant...

Jean-Louis Fousseret a constitué un groupe, fait beaucoup référence à Macron au conseil municipal. Cela donne des séances beaucoup plus politiques. Jusque là, l'équipe montrait sa diversité, mais pas son opposition. La société a besoin de ça, de débat. Les partis aussi sont là pour dire leur vision des choses. Il y a un bouleversement national avec En Marche et la France insoumise. On n'est pas là pour exister, mais se poser la question de notre existence. A travers les motions, j'espère qu'on va améliorer la qualité du débat politique à la ville. Il était meilleur au conseil régional de Franche-ComtéAnne Vignot y a siégé lors du mandat 2010-2015 où la discussion était plus claire. Les gens ont besoin de comprendre pourquoi on va vers telle ou telle direction. Ce serait une farce de croire qu'une piste cyclable ou une chaufferie bois sont juste des questions techniques.

Le débat au sein du groupe majoritaire, qui était jusque là confiné aux réunions à huis-clos de la majorité, transparaît désormais en séance publique...

Oui. La droite fait semblant de parler de cohérence, fait des effets de manche...

Le 14 septembre, Jean-Louis Fousseret et vous-même avez exprimé votre incompréhension mutuelle en séance...

Je lui ai dit : attention aux prises de parole et à l'organisation du débat. Je n'ai pas de parcours politique, je me suis formée au conseil régional où l'on distingue bien les propos liminaires - politiques -, les dossiers, et les motions. Il n'a aucun intérêt à voir partir l'équipe dans le désordre.

Finira-t-il son mandat ?

Je ne suis pas dans sa tête...

Une question morale se pose : élu en tant que socialiste, il est désormais macroniste...

Tant que les accords sont respectés, ça ira, on sera en discussion permanente. Il est capable de comprendre qu'on est dans une autre configuration. Je ne me fais pas de souci pour son intelligence. On est la seule ville où il y a cette transformation...

On le voit aussi dans les départements, par exemple dans le Jura où le groupe LREM est composé d'élus issus de la gauche et de la droite, ils se sont même présentés ensemble aux sénatoriales...

C'est incohérent. A la Besançon, la question est celle d'un groupe composite. Il y a une ambiguïté.

La question d'une autre alliance pour les prochaines municipales peut-elle se poser, du genre de ce qui s'est passé en 2014 à Grenoble avec une alliance EELV-PG ?

Forcément, les questions de l'alliance vont se poser. On est dans la refondation, je ne sais pas si ça passera par les partis.

Vous avez invité le PC à discuter ?

Oui, mais aussi les socialistes. Les uns et les autres s'interrogent, sur comment se parler. Il y a aussi les partis et les élus...

Aujourd'hui, il y a un groupe majoritaire. Un intergroupe PS-PCF-EELV, sans LREM, est-il envisageable ?

Je ne sais pas, mais il est nécessaire qu'on se pose la question de ce qui se passe au groupe majoritaire. Sur comment on envisage 2020 ou 2021, il y a deux démarches. Celle du groupe, mais aussi celle d'individus : certains sont candidats, mais sur quelles bases politiques ? La refondation ou le regroupement ?

Envisagez-vous cette perspective avec les communistes, les insoumis et les socialistes de gauche ?

Peut-être, mais pas dans une démarche individuelle. On a besoin de travail de fond : qu'est-ce qu'une programmation pour Besançon ? Quelles sont les priorités ? Je vois très bien aujourd'hui l'urgence : bien vivre ensemble dans la mondialisation,  le rêve du travail partagé, mais le numérique n'est-il pas un nouveau piège de l'énergie fossile ?

Comment voyez-vous votre ancien camarade Eric Alauzet ?

Il s'est radicalisé sur le libéralisme...

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