Anne Vignot : « c’est encore difficile d’admettre d’être derrière une écologiste »

La présidente du groupe EELV au conseil municipal ne désespère pas de faire une large union allant de la France insoumise aux socialistes. : « Il y a un enjeu écologique et social, et pas seulement pour gagner la ville, mais pour atteindre l'objectif zéro carbone. Si c'est ça qui les anime, alors stop ! Autour de la table ! »

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Comment voyez vous le claquement de porte du PS ?

C'est une étape vers quelque chose. Une étape de discussion, de colère, d'incompréhension. On ne peut pas construire l'union en disant on s'aime, tout est fluide ! On est sur de nouveaux rapports entre organes politiques.

Des rapports de forces ?

Oui. Les uns et les autres disent que la vision politique de chacun est bousculée. Tout le monde s'empare de la problématique écologique, mais cela fait-il sens ? Car si oui, ça percute les projets précédents.

Par exemple ?

On ne peut penser l'urbanisme comme il y a des années… On a de moins en moins de subventions à accorder aux structures, du coup se repose la question : sur quelles politiques mettre l'accent ? D'autant que l'Etat resserre ses politiques et certains veulent l'accompagner, par exemple sur la politique du petit déjeuner ou la récupération des bouteilles plastiques…

L'Etat vous embarque dans ses politiques ?

Oui. Il est urgent de mettre des moyens sur la transition écologique, on doit donc abandonner des politiques, du coup on change de schéma des pensée…

Les socialistes disent être bien seuls à parler économie ou attractivité…

Je ne sais pas comment qualifier leurs arguments : ils ne sont pas justes. On était en train d'identifier nos sujets de désaccord et notre objectif est d'avoir un accord. Ils sont sincères, au moment où on s'achoppe. Par exemple sur les transports, les discussions sont complexes. On n'avait pas encore travaillé sur les autres sujets, comme l'attractivité. Mais quel élu ne s'en préoccupe pas ? Quand on fait une équipe composite, on ne peut pas tous avoir la même perception de la politique. Il faut dire qu'on aura des débats.

Le PS claque-t-il la porte car il veut la tête de liste ?

L'exercice politique est ambigu, entre suivre quelqu'un puis critiquer son égo ! Les organes politiques ont l'habitude de s'affronter. Mais si on ne pense pas les choses de façon plus systémique, il est nécessaire d'entrer davantage dans une logique intégrée. On est sur des cultures différentes, cela demande aux uns et aux autres de se transformer énormément…

Les socialistes ne veulent pas de vous ?

C'est encore difficile d'admettre d'être derrière une écologiste. Ils construisent des personnages. Quand je négocie avec GRDF, ils ne me perçoivent pas de cette manière. J'ai en moi quelque chose de la société civile, des laboratoires de recherche. La façon de travailler aujourd'hui ne me convient pas. Si je suis élue, je changerai la façon de travailler les dossiers. Aujourd'hui, les élus se battent pour que leurs dossiers passent avant ceux des autres. On ne les travaille pas ensemble. 

Comment avez vous pris la proposition de Barbara Romagnan ?

On a été stupéfait… Elle a montré un engagement politique, a un vrai message. Elle m'a affirmé plusieurs fois que la ville n'était pas l'endroit où elle souhaitait agir. Et d'un seul coup d'un seul, elle dit : vous croyez que je peux ? C'est étonnant, peu collectif. Or, on a besoin de travail collectif, c'est urgent.

A-t-elle sa place ?

Bien sûr ! 

Pourquoi ça s'enlise ?

C'est comme avec les socialistes. Elle est issue de la même pensée politique, d'un modèle politique trop ancien. Je ne lie pas ça à sa lettre, la division vient aussi des personnes qui disent que la division existe. Ceux qui s'auto-proclament fédérateurs, il faudrait déjà qu'ils soient autour de la table. J'ai fait le raid handifort, et j'ai très bien été accueillie par le public quand le speaker m'a présentée. Il y a une liaison sport-écologie que beaucoup ne font pas.

Et avec la France insoumise, c'est fini ?

Non. On se voit la semaine prochaine. Avec eux, c'est comme avec les socialistes, il y a des gens avec des avis tranchés. La question, c'est savoir à quel endroit les gens veulent s'investir. Les citoyens attendent l'union des citoyens engagés. Ce qui est délicat avec LFI, c'est qu'on n'a jamais rencontré quelqu'un disant : nous avons mandat de dire ce qu'on veut faire. S'ils viennent sans mandat, on fait comment ? On est à neuf mois de l'élection, il faut se mettre d'accord sur un projet et se mettre au travail maintenant. On attend d'eux qu'ils nous envoient un message. Ils nous ont dit être dans un système où le national donne la méthode… Ils ne sont mandatés ni par le local ni par le national pour exposer leur désir ou leur stratégie. Nous on dit : comment faire pour travailler ensemble ? On a besoin de confiance. Le flou est compliqué.

Vous avez envie de travailler avec la France insoumise ?

J'ai envie de tout le monde ! De faire en sorte que tout le monde s'y retrouve ! LFI a un projet écolo très avancé, et je ne parle pas des personnes. Il serait bon qu'ils viennent avec nous. S'ils ne souhaitent pas le faire, ils ne le feront pas. Mais ce serait aberrant. La société est faite de personnes ne pensant pas de la même façon, et je ne demande pas aux gens de penser comme moi : comment on traite ça ? J'ai besoin qu'on se mette d'accord sur un travail ensemble, pas qu'on dise : c'est ça ou rien.

Des gens à LFI ont envie, d'autres pas…

C'est comme chez les socialistes. Ils se ressemblent, c'est la même logique.

Vous pouvez dire : je veux des insoumis, des socialistes et être candidate pour gagner ?

Oui ! Je veux gagner. Il y a un enjeu écologique et social, et pas seulement pour gagner la ville, mais pour atteindre l'objectif zéro carbone. Si c'est ça qui les anime, alors stop ! Autour de la table ! J'étais mardi au conseil national de la biodiversité : les gens sont désespérés de voir que ça pétouille dans la politique, sont stupéfaits du caractère d'usine à gaz qu'on leur a fait.

 

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