Député LR de la première circonscription de Haute-Saône, maire de Vesoul, Alain Chrétien est en délicatesse avec son parti qui a investi Dimitri Doussot, l'attaché parlementaire d'Alain Joyandet, face à sa suppléante qui est cette fois candidate titulaire et dont il est suppléant. Alain Chrétien, qui avait soutenu Bruno Le Maire lors de la primaire de la droite et du centre, reste sur la même ligne que celui qui fut directeur de cabinet de Dominique de Villepin puis ministre de l'Agriculture de Nicolas Sarkozy.
Comment analysez-vous la recomposition politique en cours ?
Les Français en ont marre de la lutte perpétuelle entre la droite et la gauche, sans résultat, stérile. Ils ont envie de nous voir travailler ensemble. J'ai des points communs avec Emmanuel Macron, sur le droit du travail, la dépense publique, la fonction publique, les orientations régaliennes... Nous avons des désaccords sur la CSG, la politique migratoire. Je veux qu'on insiste sur ce qui nous rapproche. L'échec du président en place, ce serait l'échec du pays...
Êtes-vous dans la majorité présidentielle ?
Le suis républicain, élu LR, de droite. J'ai envie que la France réussisse. Je ne suis pas dans la majorité présidentielle, mais une majorité de Français souhaitent que le pays s'en sorte. Je ne suis pas d'accord avec tout, mais je suis d'accord avec les propositions économiques et sociales d'Emmanuel Macron. A l'Assemblée, beaucoup de collègues LR disaient on pourrait voter des projets portés par François Hollande, mais si on le fait, on n'existe plus... L'UMPS était l'épouvantail brandi par le FN qui nous empêchait d'avancer. Emmanuel Macron souhaite travailler avec la droite sur les grandes réformes, mais la spécificité française est son régime semi-présidentiel, et il a donné un signe.
Plusieurs enquêtes disent qu'il n'y a pas eu de véritable vote d'adhésion pour lui au premier tour, et au second surtout un vote anti FN...
Une voix égale une voix. Je ne sais pas distinguer entre une voix enthousiaste et une autre... Cette analyse poussée au maximum n'a pas de sens. Emmanuel Macron est là pour cinq ans, et on sait ce qui bloque le pays, la rigidité de sa fonction publique ou de son droit du travail...
Vous seriez favorable à des majorités à géométrie variable ?
Pourquoi pas ? Cela tranche avec les habitudes de la 5e république, mais si le contrat est clair dès le début, cela ne me choque pas. J'imagine que si le droit du travail est réformé par ordonnances en juillet, on sera tous derrière...
Vous aurez alors même la CFDT contre vous...
Il faut arrêter l'hypocrisie. Même la CFDT n'est pas loin de penser comme Macron.
Que va-t-il se passer pour LR ?
Aujourd'hui, il y a deux tendances, une tendance conservatrice et une tendance progressiste, sans vouloir refaire le RPR et l'UDF. Je ne suis par exemple pas d'accord avec Sens commun. J'ai davantage de points communs avec Gérard Collomb qu'avec Jean-Frédéric Poisson avec qui j'ai siégé et que je trouve sympathique. J'ose le dire quitte à avoir des foudres de mon parti.
Ils vous ont viré ?
Ma suppléante, Marie Breton, qui est maintenant candidate, n'a pas l'investiture LR. Je crois qu'on nous a suspendus... Un parti, ça rassemble, ça n'exclut pas !
Vous discutez encore avec Alain Joyandet ?
On se voit de temps en temps. Il m'a envoyé son assistant parlementaire dans les pattes aux législatives.
Cela va vous poser des problèmes électoraux, non ?
Sur les anciens schémas oui... Beaucoup m'ont incité à rejoindre En Marche... Avec ma suppléante, on a fait du bon travail.
Vous serez confronté à une double primaire, avec le candidat LR Dimitri Doussot, et avec la candidate LRM Barbara Bessot-Ballot ...
Oui, c'est à ça que sert une élection à deux tours. Il n'est pas question de ne pas être en accord avec ma conscience.
Comment cela va-t-il se passer à droite ?
Il y a une marge conservatrice à LR qui s'opposera sur les mêmes thématiques que le FN...
Et une opposition de gauche autour de la France insoumise ?
Oui, avec les socialistes qui resteront avec ce qui reste des hamonistes...