Acte 23 à Besançon : encore 600 personnes au milieu des congés

Alors que les rendez-vous de mobilisation se concentrent cette fin de semaine avant l'acte 24, le procès de Frédéric Vuillaume lundi et le 1er mai, manifestants et forces de l'ordre se sont fait face une nouvelle fois le 20 avril. 

gj23

L‘acte XXIII des gilets jaunes s’est déroulé ce samedi 20 avril à Besançon, avec un cortège principalement fixé dans les rues du vieux centre historique. L’édition a été marquée d’un net recul numérique comprenant au mieux environ 600 participants, et par le retour d’un calme certes fragile entre manifestants et forces de l’ordre. Malgré l’accalmie retrouvée, les perturbations sont restées importantes et les quelques points de tensions demeurés vifs, notamment au niveau de la Gare Viotte, de la prison de la Butte, et de la Préfecture.

Slogans anticapitalistes et danse orientale

15 h, place de la Révolution. Ils sont plusieurs centaines massés, comme chaque samedi. Les CRS ont pris le relais des Gendarmes mobiles, et effectuent des contrôles préventifs aux abords du site. Une fourgonnette de la police locale passe à plusieurs reprises, avec à son bord un représentant syndical bien connu n’hésitant pas à saluer - ironiquement ? - la foule qui répond par des sifflets, huées et doigts d’honneur. Ambiance. Pourtant dès que les uniformes se tiennent à distance, tout se passe dans la plus grande joie.

Exemple lorsque le cortège croise par hasard une cérémonie de mariage maghrébin, vers 15 h 10 sur le parvis de la mairie, les deux ensembles convergeant presque naturellement. Alors que Fredéric Vuillaume entonne fermement « anti, anti, anticapitalistes ! » au porte-voix, l’orchestre « oriental » suit harmonieusement en enflammant participants et passants. Pendant près de dix minutes, instruments, chants, youyous, se mêlent aux slogans, fumigènes, et pancartes. Le début d’après-midi suivra ce rythme enivrant, sans la moindre fausse note.

La chaleur est étouffante, le parcours étant dés le début consommateur en eau. Côté chiffres, beaucoup notent une fréquentation en baisse ; entre la météo, le week-end pascal, et des appels régionaux pour se concentrer Dijon et Paris, les rangs se sont clairsemés et plafonnent à environ 600 personnes – 500 pour les autorités. Par ailleurs cinq street-médics comtois ont été arrêtés et seront prochainement jugés, accusés d’avoir, dans la capitale bourguignonne, « dissimulé leur visage », délit de la nouvelle loi « anti-casseurs. » Il en faudra pourtant plus pour arrêter la fête.

Drapeaux comtois et tricolores, entrecoupés de banderoles ou affiches réclamant le Référendum d’Initiative Citoyenne (R.I.C.), la suppression des lanceurs de balle de défense, une meilleure solidarité avec les retraités, complètent les nombreux messages à même la chasuble exigeant la démission du président Macron et la justice sociale. Les slogans, traditionnels ou radicaux, persistent aussi : « Besac’, debout, soulève-toi ! », « on est pas fatigués ! » ou encore « cocktail molotov, bazooka, kalachnikov ! »

Plannings ferroviaires perturbés...

Peu avant 15 h 30 les manifestants arrivent sur Chamars, et prennent la direction de Tarragnoz. Aux abords du commissariat de la gare d’Eau, une vingtaine de policiers prennent place. Fusent cris hostiles et faux billets de 500 euros – en référence à la prime allouée par le Gouvernement. Quinze minutes plus tard les gilets jaunes gagnent le tunnel de la citadelle, traversée synonyme d’un large relâchement festif. Après des graffitis apparus les semaines passées et effaces, deux nouveaux sont apparus : « menu du jour poulet rôti » ainsi que « sous le gilet la liberté » - reprise de Mai 68.

Entre 16 h et 16 h 30 sur la seule avenue d’Helvétie, trois conflits éclateront avec des automobilistes fortement irrités par le ralentissement de la circulation. La situation aurait pu parfois virer au drame, notamment dans le premier cas où le conducteur manœuvrera dangereusement contre la foule. Avenue Foch, en direction de la gare, c’est une confrontation plus épineuse qui s’improvise face au cortège : les CRS, arrivés en contre-sens, sortent des fourgons et tentent de dresser un cordon pour interdire tout passage.

Les forces de l’ordre ne parviendront pas à tenir leur ligne plus d’une minute et céderont facilement à la pression physique des « assaillants. » Certains saluent le geste, d’autres maintiennent leur critique acerbes, un dernier lance un pétard sans faire de blessés. 16 h 45, Viotte est à portée de main, mais les policiers locaux tiennent la place, ferment les bâtiments, bloquent les issues, ce qui perturbe les plannings ferroviaires. Après de longues minutes de face-à-face, les manifestants partent vers le quartier de la Butte atteint peu après 17 h 15.

L’objectif est d’approcher la maison d’arrêt, où sont toujours incarcérés deux manifestants locaux. Les gendarmes mobiles, dépêchés sur place, empêchent toute approche des bâtiments. Le slogan « libérez nos camarades » résonne dans tous le secteur. Le message de soutien entendu, le cortège retourne dans la Boucle avec un dernier tour de piste à la préfecture. 18 h, une lente dispersion s’amorce sans friction. Mais après 18 h 30 une interpellation est effectuée pour « outrage ».

Des rendez-vous se multiplient

En plus des programmes fixes, en particulier les mercredis pour les opérations parkings gratuits à Jean-Minjoz et les samedis dont le prochain accueillera l’acte XXIV, de nombreuses autres dates figurent dans un agenda très chargé. Y trônent les engagements contextuels de longue durée comme aux Vaîtes, des actions spontanées comme le dressage nocturne de films plastifiés tagués dans la Boucle ou les rassemblements devant Carrefour Chalezeule et Casino Easydis, et encore le soutien au maintien de ronds-points en ruralité.

On note encore la tenue mercredi d'une intersyndicale avec les gilets jaunes organisée devant la Préfecture vers midi et une assemblée à Planoise en soirée. Ce vendredi 26 avril, un soutien aux blouses blanches de Pontarlier et de Besançon qui sera organisé à 14 h sur Chamars. Dimanche 28, une manifestation sensibilisera à la situation du handicap à 15 h place de la Révolution. Lundi 29, une mobilisation devant le C.N.F.P.T. de Planoise aura lieu à 8 h 30 suivie du procès de Fredéric Vuillaume et sa famille à 13 h 30 au Tribunal de grande instance. Vera-t-on la poursuite de la convergence mercredi 1er mai ?

Côté opinion, il est difficile d'évaluer la sympathie ou le rejet du mouvement par la population. Selon des sondages effectués par L’Est Républicain et Macommune.info, la cote du mouvement dépasse 70% d’adhésion. Si les automobilistes sont moins nombreux qu’au début à afficher ouvertement la fameuse chasuble, ils restent toutefois encore très visibles, jusqu’aux cabines des tramways...

 

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