Huit jours après le vote d'une motion qui a révélé la mise en minorité des macronistes, dont le maire Jean-Louis Fousseret, par la majorité municipale bisontine, le président du groupe socialiste « acte le départ » de neuf de ses membres.
Une scission que communistes et écolos voient comme une clarification, le MoDem comme une hypocrisie...
« Des collègues ont quitté le PS, cela les place hors du groupe socialiste-société civile républicaine du conseil municipal. Dans un souci de clarté et de cohérence, nous prenons acte de leur départ. On reste à travailler ensemble sous la conduite du maire... » Ces trois petites phrases, Abdel Ghezali, adjoint aux sports et président du groupe PS-SC, majoritaire au sein du conseil municipal de Besançon, a mis quelques minutes à les prononcer en conférence de presse, ce vendredi matin dans la salle Minjoz de la mairie.
Entouré de neuf conseillers municipaux, il avait commencé par dire prudemment que « le groupe majoritaire n'a jamais nié la diversité », qu'il allait « y avoir un nouveau parti en juillet » sans prononcer les mots de République en marche... Il s'est enhardi en expliquant que « compte tenu de ce qu'on a pu observer, de la présidentielle et des législatives, la donne a changé. Cela a des conséquences organisationnelles ».
Le groupe comptait jusque là vingt-cinq membres, il n'en a plus que seize dont neuf adjoints, fait remarquer Carine Michel, elle même en charge du personnel, « la plus belle des délégations ». Quant aux conséquences politiques, le président du groupe et ses amis n'en démordent pas : la feuille de route est le programme municipal de 2014.
« On n'est pas dans une procédure d'exclusion, ce ne serait pas tenable »
Les choses ont-elles été formalisées ? Abdel Ghezali répète : « il y a eu des démissions du PS de membres du groupe PS, de fait, ils se mettent hors du groupe... » Il faudra reformuler la question pour apprendre qu'il n'est pas question d'envoyer une lettre à ceux qui « se sont mis hors du groupe » ! « On n'est pas dans une procédure juridique, pas dans une procédure d'exclusion, ce ne serait pas tenable », note Michel Loyat, 2e vice-président de l'agglo et conseiller municipal délégué au budget.
Un instant plus tôt, il était déjà tout en nuances diplomatiques : « le changement, ce n'est pas tant la démission du PS que la constitution d'un nouveau parti, même si REM ne l'est pas encore... On ne peut pas être REM et membre du PS. Ils ont changé de parti, une clarification était nécessaire... Il n'y a pas d'hostilité par rapport au maire... » Il y en a si peu qu'Abdel Ghezali ajoute un instant plus tard : « Jean-Louis Fousseret est toujours le chef de la majorité... Et il reste un homme de gauche... »
Yves-Michel Dahoui, adjoint à l'éducation, candidat déclaré à la succession de Fousseret, estime pour sa part que « la clarification, c'est le respect qu'on doit à nos concitoyens. La majorité est plurielle, on souhaite garder la liberté de nos analyses... Oui, il y aura de possibles interférences par rapport à la ligne nationale. Mais vu l'état du PS, on ne peut pas nous accuser d'opportunisme ! »
Fousseret fait modifier la motion mais ne la vote finalement pas...
Ce grand moment de clarification vient huit jours après l'adoption d'une motion critiquant la baisse annoncée des dotations aux collectivités locales par le gouvernement. Proposée par le groupe communiste, son texte initial demandait aux députés de voter contre un éventuel passage en force du gouvernement. Le maire estimait que cela visait Eric Alauzet, et qu'il ne pourrait que s'y opposer. La phrase a été retirée. « On s'était mis d'accord entre le groupe majoritaire et le maire », souligne Michel Loyat.« Face aux budgets en baisse, nous avons toujours adapté nos politiques. Il n'y a rien de nouveau avec une motion alarmant le gouvernement qu'on est en difficulté », dit l'adjoint à la culture Patrick Bontemps. « J'étais persuadé que la motion serait votée par tous », ajoute Yves-Michel Dahoui. Erreur, en séance, Jean-Louis Fousseret annonce avoir changé d'avis : il s'abstiendra, et avec lui douze élus de la majorité.
Dès lors, les macronistes se comptent. Ils tentent de faire changer le nom du groupe socialiste pour y rester, que ce soit un groupe réunissant PS et marcheurs, mais les socialistes n'en veulent pas... « On ne peut pas être dans deux partis à la fois », dit Dahoui. Jean-Sébastien Leuba, adjoint aux associations, secrétaire de la section PS de Besançon, est plus trash : « la REM souhaitait exclure la candidate socialiste dans la première circonscription avec l'aide de certains de nos partenaires, alors qu'aux législatives, il y a eu une volonté du PS de non émiettement de la gauche... »
N'y a-t-il donc vraiment pas d'hostilité, même larvée ? « Non », assure Ghezali. « Il y a souvent des conflits en politique, mais je souhaite qu'il ait aussi de la responsabilité », note Loyat. « Au congrès du PS, chacun se positionnera », prévient Bontemps. « On ne peut faire aucune prévision politique à plus d'une semaine », plaisante Dahoui.
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