À Besançon, les Gilets jaunes renouent avec les cortèges

Après un « relâchement » durant la période estivale, ils étaient environ deux-cents Gilets jaunes à battre le pavé ce samedi dans les rues de Besançon. Nouveauté, de nombreux participants arboraient casques de protection et parapluies, comme les protestataires à Hong-Kong. Après un passage par la préfecture et le commissariat central, l’événement s’est terminé sans heurts en fin d’après-midi.

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Entre début juin et fin août, ils s’étaient faits plus discrets, bien que toujours là. Le rond-point « Mallarmé », rebaptisé Charlottesville par la municipalité il y a un peu moins d’un an, devenant le nouveau site de ralliement des gilets jaunes à Besançon. Ces « occupations » de giratoires, défilés dans les artères périphériques, et « prises » de stations essence, ont permis de maintenir le mouvement lors de cette période de creux, potentiellement fatale. L’occasion pour le « noyau dur » de se retrouver plus « posément » à quarante et parfois cent, et surtout, préparer la suite.

Peu avant ce « retour officiel » de ce samedi, une date importante s’est présentée avec la mobilisation dans la ville suisse de Genève qui abrite le siège de l’ONU le samedi 31 août. Une façon de solliciter l’organisation internationale sur la question des répressions subies, et en particulier l’usage du fameux LBD à l’origine de nombreuses blessures et mutilations. Un car avait été réservé pour l’occasion, avec plus de 120 participants venus de toute la région. Au total environ 1000 manifestants étaient présents, regonflant une confiance jusque là morose.

 « Aujourd’hui, c’est la reprise ou la mort »

Dès le matin du samedi 7 septembre, ils étaient une cinquantaine à s’être réunis au rond-point de Chalezeule. Des pancartes avaient été préparées, pour communiquer et convier le plus grand nombre à la manif’ de l’aprèm’. À partir de 10h00, plusieurs groupes se détachent afin de placarder cet appel aux Mercuraux, à Châteraufarine et encore à Valentin. Dans ce dernier lieu, la gendarmerie décide de procéder à un relevé général d’identité. Les agents annoncent par ailleurs la parution d’un nouvel arrêté préfectoral pris la veille, pour lequel, de leur propre aveu, aucun aperçu public n’était encore disponible.

 Une « entrée en matière » qui laisse craindre à certains que la reprise tant espérée ne soit gâchée par un excès de zèle. « Aujourd’hui, c’est la reprise ou la mort » lance l’un d’eux. Reste qu’à 15h00 place de la Révolution, ils étaient un peu plus de deux-cents selon notre décompte sur place. Le noyau dur, bien sûr, mais aussi des « anciens » s’étant un peu relâchés, d’autres jusqu'ici « en pause », mais aussi quelques nouvelles têtes. Un chiffre loin des jours de faste de novembre à juin, mais suffisant pour renouer avec les traditionnels cortèges du samedi.

Hong-Kong comme modèle

Nouveauté tactique, le cortège, surtout en tête, est désormais doté de casques et de parapluies, malgré un temps plutôt clément. Comme dans d’autres actes sur le pays, il s’agit là clairement d’une « reprise » du modèle des manifestants à Hong-Kong, tant pour se doter d’un équipement individuel de protection que pour offrir un écran barrant la vidéosurveillance omniprésente dans la cité. Après des prises de parole, vers 15h15 la foule envahit bruyamment les rues du vieux centre en paralysant les transports. La police, quant à elle, est absente.

 « Anti, anti, anti-capitalistes », « on est là », « travaille, consomme, et ferme ta gueule », « Macron on vient te chercher chez toi » et autres « Mathurin démission, Castaner en prison » perturbent une course aux achats prisée par la population. Drapeaux comtois, pancartes, bonnets phrygiens, vuvuzelas, et autres sonos, clôturent la panoplie d’ambiance. Le professeur Laurent Thines déploie une banderole « stop LBD. GLI-F4 et mutilations » rue des Martelots au cours de l’événement, et à 16h00, un bref retour se profil avec une longue halte au pont Battant.

Pas de confrontation avec les forces de l’ordre

Après un temps d’hésitations, décision est prise de terminer comme jadis sur Chamars. Un crochet s’improvise par la mairie pour une jonction joyeuse à un mariage algérien, puis une fois n’est pas coutume, les Gilets jaunes gagnent sans encombre la préfecture à 16h30. Ensuite, direction le commissariat central de la Gare-d’Eau, avec un passage aux parkings pour vérifier la rumeur d’une arrivée de CRS, vite démentie. Les fonctionnaires finiront par sortir et sécuriser le périmètre, repoussant les contestataires sans incident particulier.

 Le face-à-face durera plus de trente minutes avant un départ collectif et une lente dispersion au niveau du parc Chamars. Quelques chansons, et la remise d’une collecte de soutien à Radio Bip plus tard, tous s’accordent à réitérer cette date dés le samedi 14 septembre. Après dix mois d’un mouvement inédit, la détermination ne semble pas faiblir, et l’espoir que les plus « tièdes » reviennent gonfler les rangs perdure. La machine est-elle pour autant relancée ? Malgré cette rentrée, difficile à dire si l’élan se poursuivra sur la durée.

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