À Besançon, le Rassemblement National tente de séduire

En campagne européenne à Besançon, Gilbert Collard et Thierry Mariani ont présenté leur programme… et dit leur confiance quant à la « prise de conscience générale » du Vieux continent et de la France, les sondages plaçant en effet la liste d'extrême-droite en bonne place.

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Une quarantaine d’élus, de cadres, d’adhérents et de sympathisants du Rassemblement National (ex FN), se sont retrouvés jeudi 25 avril pour une réunion publique à Besançon. Dans le cadre des élections européennes du 26 mai prochain, les têtes d’affiches Gilbert Collard et Thierry Mariani ont présenté leur programme... et leur confiance quant à la « prise de conscience générale » du Vieux continent et de la France, les sondages plaçant en effet leur liste en bonne place.

Immigration et union des droites

Salle Proudhon à 19 h 30, ils sont une bonne trentaine à avoir répondu à l’appel, dont nombre de non Bisontins. Le délégué départemental et conseiller régional Jacques Ricciardetti fait les présentations. Le départ fracassant du parti d'extrême-droite de son numéro deux Florian Philippot aurait-il pesé sur l’affluence ? Localement, la plupart des représentants ont en tous cas choisi cette option, à l’image des deux conseillers municipaux de la ville, élus en 2014 sur une liste FN, devenus Patriotes, avant de siéger désormais comme non inscrits.

Dehors un petit contre-rassemblement s’improvise, avec une banderole « la jeunesse emmerde le Front National » dressée sur un balcon annexe. Dans la salle, l’ambiance se veut franche et festive. Le député du Gard Gilbert Collard multiplie les piques à l'égard de Philippot qu’il n’a « jamais apprécié. » Le président du groupe RN au conseil régional, Julien Odoul, avait pris auparavant la parole en premier, plaçant en ligne de mire l’immigration qu’il n’hésite pas à associer à la criminalité.

À sa suite, l’ancien ministre des transports de Sarkozy, Thierry Mariani, prend son propre parcours en exemple. Après une carrière à l'UMP, il a décidé de rejoindre Marine le Pen pour ce scrutin. Il explique « en avoir eu marre de l’absence de coalitions de droite avec l’ensemble de l’échiquier dans ce registre, sa famille ayant toujours préféré composer avec un centre, aujourd’hui allié de Macron, bloquant toutes les vraies réformes souhaitées par les Français. »

L’Italie et la Hongrie « montrent la voie »

Il développe également la « possibilité » et la « nécessité » de gagner : « Nous n’aurons peut-être pas la victoire totale au niveau européen, mais si nous sommes seconds ou troisièmes, le temps des monopoles et des fausses alternances sera alors terminé. Que ce soit en Italie, en Hongrie, et même en Finlande, on voit que tout est désormais possible ». Collard abonde en ce sens : « vous êtes des soldats », assène t-il à la foule comblée.

Il qualifie Jean-Marie le Pen de « vieux », ce qui suscite cette fois l’émotion dans la salle apparemment encore attachée au fondateur. Mais il se rattrape vite en indiquant « un propos affectueux », puis critique longuement l’allié germanique : « Je n’en veux pas à l’Allemagne d’être forte, mais à notre pays d’avoir été faible ». Pour lui, l’ensemble des dirigeants se sont « couchés » devant la chancelière Angela Merkel « qui tire seule le véritable bénéfice de cette union ».

« Ce que l’Allemagne perd en 1945, elle le récupère avec l’Europe »

Actualité oblige la tête de liste LREM, Nathalie Loiseau, est évoquée davantage sur ses renoncements que concernant la polémique à son propos (elle a figuré sur une liste étudiante d'extrême droite en 1984), de même que François-Xavier Bellamy pour les Républicains. Mariani défend ainsi « les personnes », mais « combat leurs choix et convictions politiques qui amènent aux mêmes résultats depuis des décennies. » Le thème de la désertification rurale, avec l’abandon des services publics et de toute une frange de la population, est aussi abordé.

Quelques questions dans le public provoquent le débat. Un ancien professeur de la langue de Goethe estime que « ce que l’Allemagne perd avec la guerre de 1945, elle le récupérera désormais avec l’Europe » ; il encensera également Pierre-Joseph Proudhon le libertaire face à Karl Marx l’égalitaire. Un couple demande pour sa part des arguments pour les amis et voisins, afin de grappiller des voix aux Républicains. Après une Marseillaise, la soirée se clôture par un banquet.

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