On n'a pas beaucoup voté lors de ces élections législatives, et plutôt moins en ville que dans les villages : 46,3% de votants à Besançon (43% dans la première circonscription, 48% dans la deuxième). C'est un peu moins qu'en mars 2014 aux dernières municipales (54%). C'est beaucoup moins qu'à la présidentielle : 74% au premier tour, 70,3% au second.
A Besançon ce dimanche 11 juin, 8.636 voix se sont portées sur les candidats ayant soutenu Mélenchon et Hamon qui avaient obtenu ensemble 17.039 voix à la présidentielle. En voix, c'est une perte de près de la moitié des suffrages pour Barbara Romagnan, Habiba Delacour, Claire Arnoux et Christophe Lime. En pourcentage, la chute est amortie par la moindre participation, mais on passe quand même de 34,24% à 28,29% des exprimés (voir tableau en fin d'article).
Dans le même temps, les candidats se revendiquant de la majorité présidentielle (Eric Alauzet, Fannette Charvier et Laurent Croizier) ont obtenu 12.146 voix, à comparer aux 13.156 voix pour Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle. En pourcentage, les macronistes passent de 26,44% à 39,77% !
Dans 24 bureaux sur 31, le total Romagnan-Delacour dépasse le score de Charvier
Cette comparaison permet de donner une idée de la mobilisation des électorats. Une bonne vieille règle de trois fournit une autre perspective sur les chiffres. Proportionnellement à la chute de participation entre présidentielle et législatives, autrement dit si les abstentionnistes s'étaient distribués équitablement entre les candidats de la présidentielle, la gauche d'opposition aurait dû avoir près de 1.900 voix de plus que le 11 juin, et les macronistes 3.900 de moins...
Dans la première circonscription, Fannette Charvier est en tête dans 29 des 32 bureaux de vote bisontin, Barbara Romagnan dans trois : les deux bureaux de Battant et Bouloche à Planoise. Habiba Delacour prend la seconde place à la candidate LREM à Champrond. L'insoumise est devant la frondeuse dans quatre bureaux (Kennedy-303, Fanart, Bourgogne et Ile-de-France... Françoise Branget (LR) est en deuxième position derrières Fannette Charvier dans trois bureaux (Saint-Ferjeux, Fontaine-Ecu et Kennedy-309).
Dans 24 bureaux sur 31, le total Romagnan-Delacour dépasse le score de Charvier. Ce total Romagnan-Delacour est supérieur au total Charvier-Croizier dans dix bureaux, égal dans un. Sur la ville, les voix de deux candidats macronistes (4.640) sont un peu plus nombreuses que les voix insoumises et frondeuses (4.466).
Alauzet dépasse le total Arnoux-Lime dans tous les bureaux bisontins
Eric Alauzet est en tête dans les 36 bureaux bisontins de la deuxième circonscription ! Le moindre écart avec Ludovic Fagaut, 19 voix, est dans le bureau réputé le plus à droite de la ville, celui de l'école élémentaire d'Helvétie... Le candidat LR est en seconde position dans 19 bureaux, l'insoumise Claire Arnoux dans 12, le candidat FN Julien Acard dans un (Saint-Claude), Christophe Lime ne devance Claire Arnoux que dans un bureau (Bregille-plateau). Dans onze bureaux, le total FI-PCF dépasse 25%, approche 37% à Proudhon dans la Boucle, 34% à Herriot (Palente), 32% à Bersot (Boucle)...
Le total des voix de Claire Arnoux et Christophe Lime (7.675) est inférieur sur la circonscription aux 8.353 voix obtenues par Ludovic Fagaut. Mais sur la seule partie bisontine, ils sont nettement devant : 4.172 voix contre 3.070... Soit 24,12% contre 17,75%... Eric Alauzet améliore pour sa part son son score bisontin (43,40%) de un point par rapport à celui de la circonscription (42,43%). Dans tous les bureaux bisontins, son score dépasse le total Arnoux-Lime qui réduit l'écart de moins de vingt voix à Proudhon (Boucle) et Herriot (Palente)... Bien que conseiller municipal de Besançon, Julien Acard (FN) fait moins en ville (8,13%) que sur la circonscription (11,32%).
Laurent Croizier s'inscrit déjà « dans la perspective de 2020 »
Nul doute que les états majors des uns et des autres ont commencé à éplucher ces résultats détaillés dans la perspective des municipales de 2020. On en est évidemment encore assez loin et pas mal d'eau coulera sous les ponts du Doubs d'ici là, à commencer par le second tour des ces législatives qui peuvent venir nuancer - ou pas - participation et résultats.
Si Ludovic Fagaut assure ne pas y penser et avoir les yeux rivés sur le 18 juin, Laurent Croizier, président départemental du MoDem qui se présentait comme « divers » et a obtenu 5,74%, lorgne au-delà : « j'ai acquis une visibilité, je m'inscris dans un temps long , dans la perspective de 2020... » Et si Eric Alauzet ne fait plus mystère de son intérêt pour la chose, estimant que, puisque certains y pensent pour lui, il est bien obligé d'y songer lui aussi, Claire Arnoux ne se projette pas : « les municipales, c'est dans trois ans, on ne sait pas ce que sera la France insoumise. Aujourd'hui, la question qui se pose, c'est comment fonctionner... »
