« Ce n'est pas une union de façade, mais de projet ». Christine Bouquin, porte-parole de la campagne de « l'union de la droite et du centre » dans le Doubs, sait qu'on attend notamment son camp sur ce point. D'ailleurs, deux jours plus tard, patatras : la façade d'unité est fissurée. L'ancien conseiller général UMP d'Ornans devenu sénateur UDI, Jean-François Longeot, appelle à voter pour le socialiste Vincent Fuster à Besançon, contre le secrétaire départemental de l'UMP Michel Vienet et l'ancienne députée Françoise Branget. Les bisbilles à droite ont la peau dure...
Le sénateur Longeot, qui fut suppléant de Jacques Grosperrin quand ce dernier était député UMP, soutient également Patrick Ronot, élu sortant d'Amancey qui se présente à Besançon et impose une primaire à Odile Faivre-Petitjean et Alain Loriguet. Là aussi, l'union passe par le combat... électoral.
Favorite sur le canton de Maîche avec son colistier Serge Cagnon, Christine Bouquin sera candidate à la présidence du département en cas de victoire. Mais elle risque de ne pas pas être la seule, Annick Jacquemet, également favorite sur le canton de Saint-Vit, n'a pas renoncé au fauteuil. « L'élection se fera au soir du deuxième tour, en d'autres termes, je suis toujours candidate à la présidence », nous dit au téléphone l'élue sortante du canton de Boussière, qui avait fait liste sénatoriale commune avec Jean-François Longeot.
« Redéployer dans une approche mutualisée pour optimiser les moyens »
Quoiqu'il en soit, c'est une Christine Bouquin rayonnante et en grande forme qui a présenté, mercredi 10 mars, les grandes lignes du programme de l'UDC en compagnie de cinq candidats. Presque un casting, cette conférence de presse qui respectait soigneusement les équilibres politiques (un UDI, une MoDem, un UMP, trois divers-droite), à peu près les équilibres territoriaux (deux Bisontins, un du Pays de Montbéliard, trois Haut-Doubiens), et même une subtile variété de codes vestimentaires : deux chemises ouvertes, une cravate et une écharpe pour les hommes, une femme en tailleur l'autre en pantalon...
Sur le fond, le projet tient dans un fascicule de douze pages, joliment illustré, déclinant cinq priorités réparties en 25 « actions clés ». On n'y voit pas de grande nouveauté, mais plutôt une méthode consistant à affirmer qu'il faut que les fonctionnaires départementaux soient davantage sur le terrain. Y a-t-il des mutations derrière cette proposition ? « On ne va pas déplacer les agents, mais redéployer dans une approche mutualisée, pour optimiser les moyens », dit Mme Bouquin.
Une crèche à la ZA de Mamirolle
Dans cette optique, il est question de mobiliser « l'ingénierie » du Conseil départemental pour les projets des communes, créer des maisons d'assistantes maternelles et des micro-crèches, des « maisons collectives de location maillon manquant entre maintien à domicile et EHPAD
La source de la Loue ne mérite-t-elle pas un véritable périmètre de protection éloignée ? « Il ne faut pas opposer les uns aux autres. Nous travaillerons différemment. Le Doubs, la Loue, le Dessoubre sont pollués depuis longtemps. On ne va pas remédier à 50 ans de pollution en 6 mois ! On a un exemple sur le canton de Maîche où le syndicat du Dessoubre a repris la compétence micro-polluants. Il y avait eu la même démarche sur le Pays horloger, mais personne ne nous avait accompagnés... »
Denis Leroux, par ailleurs président de communauté de communes et maire de Grand Combe des Bois, regrette qu' « avant 2004
« Mobiliser l'épargne locale » et « favoriser les partenariats public-privé »
On notera au chapitre présentant la « mobilité des hommes et des idées » la perspective de « mobiliser l'épargne locale via des plateformes de financement participatif ou des systèmes coopératifs, et favoriser les partenariats public-privé, afin de faciliter l'implantation de projets à fort ancrage local ». Ce point se traduit au chapitre « budget réaliste » par la « sollicitation de l'épargne locale au profit d'investissement durables, visibles et évaluables en termes de retombées pour les habitants du Doubs ».
Avant toute chose, un audit budgétaire sera réalisé, ce qui n'empêche pas l'UDC de promettre de « maîtriser fiscalité et endettement à compétences constantes », et de produire un bilan financier à mi-mandat, ce qui semble correspondre à la « participation citoyenne » mise en avant par Odile Faivre-Petitjean (MoDem). Globalement, ce projet reste... dans la continuité de l'existant, par exemple quand il indique « accompagner l'installation de la fibre » haut-débit numérique. Il reste cependant plutôt vague et ne manquera pas d'alimenter la critique de Claude Jeannerot, le président (PS) sortant pour qui son opposition « n'a pas de programme ».
« Redécouvrir ces espaces, avec des populations différentes »
« Nous ne sommes pas dans un débat politique, mais dans un espace de projet et de territoires », répond Christine Bouquin en se désolant quand même de devoir faire campagne alors que la loi sur les compétences des collectivités vient seulement d'être adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale.
La porte-parole avoue aussi ne « pas apprécier » le nouveau découpage qui « ne correspond plus à la proximité ». Il a donc fallu à l'UDC « redécouvrir ces espaces, avec des populations différentes : nous ne sommes plus sur des espaces réduits, mais sur des espaces à réaménager, avec des autres priorités ». Ce faisant, elle n'est pas très convaincante sur ce point. Interpellée sur la fusion de son propre territoire électoral (l'ancien canton de Maîche) avec l'ancien canton de Saint-Hippolyte, elle répond en effet : « nous travaillons déjà ensemble dans le cadre du Pays horloger ou de l'office de tourisme ».
Ceci étant, elle omet de dire que les nouveaux cantons ne constituent pas forcément des territoires de projets communs, mais sont tout simplement des circonscriptions électorales. Ce redécoupage peut-il se retourner contre ses auteurs ? « C'est peut-être une aubaine pour nous », répond Christine Bouquin. Le FN ne risque-t-il pas, en présentant des candidats partout, de priver la droite de second tour ici ou là ? Comme les candidats des autres partis, personne n'a vu ceux du FN sur le terrain : « ils n'ont pas besoin de faire campagne », entend-on. « Ils n'ont pas de projets locaux », dit Ludovic Fagaut.
Qui sait s'ils ne perdraient pas des voix en se montrant ?