Yves Jégo : « Besançon, c’est Belfort en pire »

L'ancien ministre de Nicolas Sarkozy tenait jeudi soir une réunion publique à Belfort pour lancer l'UDI en Franche-Comté. Au programme : la perspective alléchante de gagner plusieurs villes tenues de longue date par les socialistes. Mais la route est encore longue...

Michel Zumkeller, Nathalie Bertin, John Huet, Yves Jégo, Didier Klein, Loïc Cavagnac

« Moins d'impôts, plus d'emplois ! » La formule est simple, voire simpliste et incantatoire. Ce pourrait bien être le slogan de l'UDI, le parti créé il y a cinq mois par Jean-Louis Borloo, pour les municipales de 2014. Son délégué général, Yves Jego, l'a répété sur tous les tons jeudi soir à Belfort. En conférence de presse à la permanence du député Michel Zumkeller, comme lors d'une réunion publique à la CCI devant une centaine d'auditeurs.

L'UDI dans la région
Coordinateur régional (et Territoire de Belfort) : Michel Zumkeller.
Coordinateur Jura : François Godin, maire de Bois d'Amont, conseiller général de Morez, président de la communanuté de communes de la station des Rousses.
Cordinateurs de Haute-Saône : Loïc Cavagnac (Vesoul), Guy Chevanne, maire de Choye, président de la com-com des Monts de Gy.
Coordinateurs Doubs : Nathalie Bertin, adjointe au maire de Pontarlier, vice-présidente de la com-com du Larmont, et Didier Klein, maire de Taillecourt, vice président de la communauté d'agglo du pays de Montbéliard.

En Franche-Comté, l'UDI a les yeux rivés sur la reconquête, ou plutôt la conquête des deux principales villes : « Besançon, c'est comme Belfort en pire », a dit l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, natif de Besançon et maire de Montereau. « Les socialistes, là depuis l'après-guerre, sont en train de ruiner la ville. C'est la mésentente à gauche, il y a des travaux pharaoniques dont les Bisontins voient arriver avec horreur la facture. C'est une des capitales régionales qui va basculer, mais pas sur l'UMP dont le positionnement est trop à droite. Ce sera la fin de 60 ans de copinage, de corporatisme, de clientélisme ». Avec Philippe Gonon en tête de liste ? Le délégué général veut garder le mystère en conférence de presse, puis finit par le confirmer en réunion publique, en présence de l'intéressé... 
Yves Jego aimer cogner, tous azimuts, et ça se voit, ça s'entend. Sur les équipes en place pour commencer. « Besançon est une capitale qui n'est plus une capitale. Robert Schwint était le fils de qualité de Jean Minjoz le fondateur. Jean-Louis Fousseret a plus déçu que séduit. Besançon a besoin qu'on parle d'elle. Fousseret a réussi l'exploit qu'on n'en parle jamais. La ville est en train de disparaître de la carte. Nous avons à faire ce que la droite n'a jamais su faire... » Quant à Belfort, il force un peu le trait : la ville est « sous le joug socialiste depuis 50 ans ». En fait, 36 ans, mais il est vrai que le temps paraît plus long dans l'opposition... Il force le trait et cogne sur Etienne Butzbach, « ce maire qui passe toujours en force, dont la gestion socialiste n'amène que paupérisation du territoire et assistanat sans contrepartie ». Il élargit ses critiques à la région qui, « avec 1,2 million d'habitants, n'a aucune chance d'exister avec un ectoplasme à sa tête. Cette Marie-Guite doit aller en stage auprès de Ségolène pour savoir comment la Franche-Comté peut exister ».
Il cogne aussi, moins directement, sur l'UMP dont il pense que les positions ne permettront pas de gagner les deux villes. « C'est la première fois qu'une force politique de centre-droit est en mesure de gagner, que nous sommes le moteur de la reconquête sociologique de la Franche-Comté ». Il est certain que dès que la liste UDI sera lancée à Besançon, « il y aura des adhérents ». Reste que cet instant ne doit survenir qu'entre « le début de l'été et l'automne » alors que la tête de liste UMP devrait être connue d'ici la fin mars. Jégo ironise quand on cite Jacques Grosperrin : « Mais fais campagne pépère, montre ce que tu sais faire... Attention, ce n'est pas une agression. Je suis maire dans le même département que Jean-François Copé et Christian Jacob, je connais leurs méthodes, le caporalisme... Je dis qu'en Franche-Comté, le rejet de l'autre n'est pas un moteur de campagne ».
Pour Belfort, c'est une drôle de partie de poker menteur qui semble s'être enclenchée. Le député Damien Meslot (UMP) a proposé un curieux marché à Christophe Grudler (MoDem) qui était assis au premier rang à la réunion publique de l'UDI où Michel Zumkeller le fait applaudir de la salle. Meslot a proposé à Grudler la tête de liste, à l'UMP les deux-tiers des sièges, la présidence de l'agglo, le poste de sénateur... Michel Zumkeller trouve que Meslot y va un peu fort : « l'UMP veut tout, ce n'est pas comme ça que ça se passe, on ne commence pas une négociation avec 80% des la liste ! » Yves Jégo a bien saisi le danger : « J'appelle au calme ceux qui sont énervés. On gagnera par la sérénité, sans oukase... Et si on n'arrive pas à une formule de premier tour, on en trouvera une au second. Que les électeurs de droite ne s'inquiètent pas : celui dont la liste serait en tête au premier tour conduira la liste du second tour, mais c'est vrai, il faut essayer de tomber d'accord avant le premier ». L'UMP peut-elle gagner si elle est en tête d'une primaire de premier tour ? « Si elle fait une campagne intelligente, oui... » Et d'en appeler au « rassemblement de tous ceux qui n'en peuvent plus du maire de Belfort, et ça fait du monde ».
Pour gagner, la droite, UDI ou UMP, devra non seulement convaincre bien au delà de ses électeurs dans deux villes qui ont donné une large majorité à François Hollande en mai 2012. Elle devra aussi construire des projets et conjurer ses propres divisions. « Tu crois qu'ils vont s'entendre ? », demandait un peu angoissé un auditeur du meeting à un de ses amis. 
   
 

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