Une soirée à discuter propositions programmatiques…

L'Espace de dialogue des gauches et de l'écologie a commencé à discuter à l'automne en vue des municipales de 2020 à Besançon avec des ateliers thématiques qui se sont réunis plusieurs fois. Une plénière abordait récemment la démocratie locale et les transports… Le travail se poursuit d'ici l'été… 

edge

C'était « réunion de chantier » ce mardi 4 juin pour l'Espace de dialogue des gauche et de l'écologie (EDGE). Une quarantaine de personnes étaient venues salle Battant à Besançon pour une nième étape du processus de construction de propositions qui pourraient se retrouver sur un programme municipal de gauche. Entendons par là, la gauche classique, habituelle, regroupant écologistes, communistes et ceux des socialistes qui ne se voient pas sur les traces d'En Marche, bien que terminant le mandat avec des élus y étant passés, sous la houlette du maire Jean-Louis Fousseret et du député Eric Alauzet.

C'est un bilan d'étape avec comptes rendus d'ateliers thématiques, esquisses ou poursuite de débats. On parle petite enfance et services publics, démocratie locale participative et transports… Sur tous ces sujets, il y a encore à débattre et d'autres rendez-vous sont programmés. L'ancienne députée PS frondeuse Barbara Romagnan est là. Quelques jours plus tard, elle sera l'une des premières signataires d'un texte réclamant un Big Bang à gauche en compagnie de Clémentine Autain, députée LFI, Laurence Lyonnais, candidate LFI aux européennes, habitante du Haut-Doubs ou Aurélie Trouvé, porte parole d'Attac… Il y a là Anne Vignot qu'EELV a désignée comme sa tête de file à Besançon pour 2020, son homologue socialiste Nicolas Bodin, des militants communistes mais pas d'élus.

Comment garantir « l'indépendance » des instances vis à vis de la collectivité ?

La démocratie locale participative suscite une longue discussion. Quatre réunions précédentes, résumées par Olivier Grimaitre, militant de l'association A Gauche citoyens, n'ont pas épuisé le sujet, mais permis de constater les « limites » du CDP, le conseil de démocratie participative du Grand Besançon, les « retours peu satisfaisants » des conseils consultatifs d'habitants. La vieille idée d'un budget participatif est évoquée, ou encore les « simulations de projets en carton » comme à Montpellier. 

On se demande toujours comment garantir « l'indépendance » des instances vis à vis de la collectivité : « elles doivent avoir un budget et fonctionner indépendamment de la communauté urbaine», explique un participant qui a quitté le CDP pour cette raison précise. Nicolas Bodin estime pour sa part que le CDP intervenait surtout « sur des sujets n'étant pas du ressort de l'agglomération… »

On se demande comment impliquer les habitants sur la durée. On bute sur l'articulation entre spontanéité et institutionnalisation. Anne Vignot prend exemple sur le Conseil de la forêt qu'elle a créé en invitant les 400 personnes ayant sollicité la ville justement sur des questions, très diverses, relatives à la forêt : « 115 personnes sont venues à la première réunion, puis 85 à la seconde, pour construire un document d'objectifs à 20 ans sur lequel travaille l'ONF… »

Seulement « 13% des maires et 37% des adjoints sont des femmes » dans l'agglo…

Marcel Ferréol suggère une assemblée citoyenne de 128 personnes tirées au sort dans l'agglomération, histoire notamment de « veiller au fonctionnement de la communauté urbaine » afin de « l'enrichir ». Car le « grand problème » de cette assemblée intercommunale est « la délibération » car l'agglo est « la structure la plus anti-démocratique » qui soit. Claude Mercier défend pour sa part l'idée de subsidiarité : « tout ne doit pas remonter à l'agglo », mais il estime nécessaire « une autre chambre » que le conseil de communauté. 

Quand Marcel Ferréol dit imaginer aussi une sorte de « CESEConseil économique, social et environnemental d'agglo », Jean-Pierre Billot qui a siégé pour la FSU au CESER, estime que l'instance est « un parangon de démocratie car quel que soit le vote, ça n'a aucune importance ». Jean-Paul Bruckert, militant d'Ensemble, en appelle à l'enfance de la démocratie qui « à Athènes reposait sur le vote et le tirage au sort… » Constate que « 13% des maires et 37% des adjoints sont des femmes », un duo mixte propose que la parité soit réellement de mise dans les instances tant municipales qu'intercommunales. 

La réflexion sur les transports ne se résume pas à « réduire la place de la voiture en ville ». Co-présidente d'EDGE, Marcelle Choblet évoque aussi « l'importance et la cohérence du maillage des différentes modes », ce qui conduit à la nécessité de « tout penser ensemble ». Elle pointe la « difficile et complexe » question de la gratuité qui divise les participants. Ne serait-ce parce que les transports sont plus ou moins déjà financés en partie par la collectivité.

Transports : « agir sur plusieurs tableaux en même temps »

Le militant communiste Alain Boussard défend de grands parkings gratuits aux entrées de ville, une halte ferroviaire au CHU et la prolongation du tram jusqu'à Franois. Un consensus se dessine pour une première étape de gratuité des transports en commun pour les scolaires et sur critères sociaux. Estelle Colin (Alternatiba) la défend : « la gratuité diminue la part modale de la voiture, c'est moins 3% à Compiègne… Il faut agir sur plusieurs tableaux en même temps : arrêter d'investir dans la voirie, privilégier le vélo et la marche avec des trottoirs qui en soient vraiment ! »

Le sujet transports est inépuisable On défend l'accès aux transports en commun dans les villages de l'agglo, le développement des chemins pour vélos et piétons, les trains-taxis, un vrai cadencement ferroviaire vers le centre-ville. Il est aussi question de sécurité, d'interdiction des boulevards nord aux poids-lourds en transit. Ce qui pourrait aussi s'envisager à une échelle plus large incluant la rocade, voire la RN83. Tout cela renvoie aux « débats du contournement d'il y a quinze ans », rappelle Claude Mercier.

Des mobilités à l'urbanisme, il n'y a qu'un pas. L'atelier sur ce dernier point s'est lui aussi réuni quatre fois, l'un étant consacré aux Vaîtes « où on n'est pas arrivé à un accord » sur fond de débat sur l'étalement urbain. « Pourquoi attendre 2040 pour ne pas artificialiser les sols ? », résume le rapporteur Benoît Cypriani, ancien adjoint EELV, en soulignant que « l'étalement frappe majoritairement les communes périphériques ». Le sujet renvoie à l'agriculture urbaine à laquelle il préfère l'expression de « cultures vivrières ». 

50 hectares ont été « désartificialisés aux Prés de Vaux »

Marcel Ferréol est déjà dans l'après, le mandat prochain : « quelle méthode pour faire autrement ? » Un ancien du conseil des Sages explique que l'instance a posé la question à la Ville : « pourquoi les Vaîtes n'ont pas été compensées en terres maraichères ? On n'a pas eu de réponse… » 

Nicolas Bodin, adjoint à l'urbanisme, a fourbi ses arguments en défense du projet. Au classique besoin indémontré de la nécessité de construire 500 logements par an, il ajoute que 50 hectares ont été « désartificialisés aux Prés de Vaux ». Et défend un progrès pour avoir proposé 2040 pour ne plus artificialiser les sols quand « la loi impose 2050… »

On verra si ces débats alimentent le(s) programme(s) de gauche pour les municipales de mars prochain. Sans doute, les partis, qui restent à la manoeuvre, y puiseront. Pour l'heure, les discussions ne sont pas terminées. Les prochains rendez-vous se tiennent le 13 juin sur les mobilités (salle du Petit labo, 5 place Saint-Jacques à 20 h) et le 18 juin sur les services publics…

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