Pour la seconde fois à Besançon, un rassemblement dénonçant les atteintes aux droits de l'homme en Turquie a réuni samedi 12 novembre une centaine de participants sur la place du 8 Septembre. Diffusant des chants et musiques kurdes, des membres de la diaspora kurde de Turquie, mais aussi des Turcs « de gauche » et quelques Kurdes de Syrie, ont animé le secteur pendant près d'une heure et demie.
Ils entendaient notamment protester contre l'arrestation le 4 novembre de onze députés du jeune parti HDP (parti démocratique des peuples), considéré, de part son positionnement à gauche, écologistes et défenseurs des droits LGBT, comme une sorte de Syriza turc. Parmi les députés emprisonnés, figure le leader du HDP, Selahattin Demirtaş, qui avait obtenu près de 10% des voix lors de l'élection présidentielle de 2014 qui avait vu Recep Tayip Erdogan être réélu.
Un bref message adressé de sa prison a été lu par un militant, évoquant « l'obscurité où notre pays s'enfonce... mais qu'une bougie suffit à éclairer ». Parmi les slogans scandés par la petite foule, on pouvait entendre « libérez nos députés » ou « à bas le régime fasciste en Turquie ».
Membre de l'Union de la jeunesse de Mésopotamie, Nicolas Larand, considère que la tentative de coup d'Etat du 16 juillet (condamné par le HDP) ressemble fort à un « coup monté » ayant servi de prétexte à la répression contre l'opposition. Cette répression a touché des milliers de magistrats, des universitaires, des syndicalistes, des cadres de l'armée, indépendantistes kurdes...) Le président turc nest pas à un amalgame près, il a indiqué que que « l'Etat islamique et le PKK
Entre le HDP et le PKK interdit, il y une proximité certaine puisque des manifestants brandissaient un drapeau d'Abdullah Ocalan, le leader emprisonné à vie du PKK.
Le rassemblement avait été déclaré par le PCF, et a reçu le soutien de plusieurs organisations politiques et syndicales. On notait aussi la présence de militants d'Ensemble, du PG, de la Fédération anarchiste, de deux élus municipaux PS, de Solidaires-Etudiants qui a été à l'origine, il y a quelques semaines, de l'adoption par le conseil d'administration de l'Université d'un texte s'engageant à accueillir et protéger les universitaires turcs qui en feraient la demande.
La liberté de la presse est une autre victime du durcissement du régime turc. L’Association des journalistes de Turquie estime que 170 organes de presse ont été fermés, 105 journalistes placés en détention et 777 cartes de presse annulées depuis la tentative de coup d’État. Notre confrère Olivier Bertrand, du journal en ligne Les Jours, ancien de Libération, a été interpellé vendredi 11 novembre par la police turque près de Gazientep, région proche de la Syrie.