Le vote des communistes franc-comtois est un peu en trompe l'œil du fait du résultat atypique des Hauts-Saônois, les plus nombreux numériquement en Franche-Comté. Ils ont donné plus de 75% au texte « Reconstruire le parti de classe, priorité au rassemblement dans les luttes » qu'on peut considérer comme une orientation fondamentaliste. Cela met ce texte en seconde position au niveau régional alors qu'il est quatrième et dernier dans le pays, mais aussi dans le Jura et le Territoire de Belfort.
Le Doubs a, plus largement qu'au niveau national, placé en tête le texte « Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle » qui a obtenu près de 60% des voix des 81 votants. Pour la petite histoire, la fédération du Doubs avait été, en 1987, la seule du pays à ne pas voter le texte d'orientation proposé par la direction du parti à l'occasion du 26e congrès. Cela lui avait valu la mise sous tutelle, le débarquement des responsables locaux, et entraîné le départ de très nombreux adhérents dont certains constituèrent la Fédération démocratique de Franche-Comté...
Si les communistes du Doubs et du Territoire de Belfort ont amplifié la tendance nationale en faveur du Manifeste, notamment signé par le député André Chassaigne, président du groupe à l'Assemblée nationale, les Jurassiens ont voté quasiment avec la même répartition que nationalement. Le texte du Comité national, soutenu par l'actuel secrétaire général Pierre Laurent, ne fait mieux qu'au plan national que dans le Jura (40%), mais fait nettement moins au niveau comtois, ne récoltant que 5 voix en Haute-Saône...
Secrétaire de la fédération du Doubs depuis 6 ans, poste pour lequel il ne se représentera pas, Thibaut Bize, a beau jeu de relever, comme tout le monde, que « c'est la première fois que ce n'est pas le texte de la direction qui arrive en tête. On nous avait souvent reproché des débats monolithiques... » Il estime que ce résultat est « un signal pour revenir à une stratégie plus claire tout en redonnant au parti son rôle dans la gauche. Le rassemblement sans contenu n'est pas une fin en soi... »
Est-ce à dire que c'est la fin des alliances à géométrie variable, selon les territoires ou les situations, pour le PCF, ayant souvent donné l'allure d'opérations sauvetage de sièges ?
« Prenons les questions les unes après les autres. On n'est pas d'accord avec Génération.s sur le fédéralisme européen. C'est différent sur des sujets précis ou les municipales où une alliance est possible ».
Quelle seront les conséquences de ce vote interne sur les élections européennes et municipales ?
« Le PCF ne change pas de philosophie ! Nous avons dans notre ADN la construction d'un grand rassemblement populaire, mais il faut qu'on soit plus à l'initiative. Dans le débat européen, il manque une analyse de classe. La gauche européenne se perd dans certains débats. Ça a peu de sens d'opposer les travailleurs immigrés et les travailleurs de son pays, comme le fait cette dirigeante de Die Linke. Peut-être notre défaillance est de ne pas être audible à gauche pour construire le rassemblement. Il faut ramener l'analyse de classe et l'internationalisme... »
Le congrès qui se tient fin novembre devra notamment trancher la question du maintien ou non de Pierre Laurent à la tête du parti. Thibaut Bize estime que le secrétaire général devrait « tirer les conclusions » de sa mise en minorité...