Saint-Claude est restée bien à droite

Le maire sortant Jean-Louis Millet a été réélu dans la triangulaire qui l'opposait au conseiller régional socialiste Frédéric Poncet qui a fait l'ouverture vers LREM et au communiste Francis Lahaut qui a occupé deux fois la fonction… Il y a six ans, Jean-Louis Millet avait revendiqué la présidence de la communauté de communes et échoué. Cette fois, il a annoncé ne pas briguer le poste.

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L'hôpital a-t-il torpillé la candidature de Frédéric Poncet, conseiller régional PS à la tête d'une « liste d'ouverture » au centre ? C'est ce qu'il semble penser en expliquant dans La Voix du Jura à la suite de son échec au second tour qu'il « ne pouvait y avoir d'union de la gauche parce que, quand deux ennemis se sont liés, en possédant le sujet de l'hôpital, pour dézinguer le renouvellement, c'est n'est pas possible ». 

Arrivé second du premier tour 35 voix derrière Jean-Louis Millet, Frédéric Poncet a été distancé de 294 voix au second tour qui a vu se déplacer 299 électeurs de plus, portant la participation à 52,5%. Il a pourtant obtenu 95 voix de plus, mais le maire sortant en faisait de son côté 354 de plus… Dans le même temps, Francis Lahaut (PCF) perdait 149 voix entre le 15 mars et le 28 juin. On peut penser que ces voix se sont réparties entre Millet, Poncet et l'abstention. On peut aussi considérer que le regain de participation a largement favorisé le sortant. 

L'avenir de l'hôpital, malmené par l'ARS avec la fermeture de la maternité et des urgences, aura bel et bien été le catalyseur de la campagne électorale municipale. Le sujet a d'ailleurs mobilisé bien avant l'échéance et bien au-delà des frontières de la ville. Des manifestations ont réuni jusqu'à 3500 personnes localement, un millier à Lons-le-Saunier, des centaines en d'autres occasions dont un rassemblement à Dijon devant le siège de l'ARS. A chaque fois ou presque, Jean-Louis Millet et Francis Lahaut se sont montrés ensemble pour défendre l'équipement, l'un privilégiant les démarches officielles, l'autre la mobilisation militante.

Impossible union à gauche

Pendant ce temps là, Frédéric Poncet, qui avait au conseil régional voté contre le projet régional de santé porté par l'ARS avec la majorité régionale, ne se montrait pas dans les manifestations. Pire, sa colistière Christine Sophoclis, élue LR en 2015 au Conseil départemental en binôme avec Jean-Louis Millet, avait maladroitement affiché sa défiance envers l'hôpital où elle a récemment repris un poste de chef de service de gériatrie : « Maternité fermée, Chirurgie fermée = vies sauvées », avait-elle indiqué sur une banderole au passage d'un défilé de soutien à l'établissement !

Ce positionnement de la liste Poncet aura à l'évidence contribué à l'impossibilité d'une liste d'union de la gauche. « Je n'ai cessé de la demander », assurait Francis Lahaut en colère au soir du second tour : « vous payez cher votre inconscience et bien d'autres choses », lançait-il à l'adresse de Frédéric Poncet. Il évoquait sans doute aussi la présence sur cette liste de Michaël Lefel, responsable local d'En Marche, mais peut-être aussi celle d'une ancienne suppléante d'un candidat communiste aux départementales… Autrement dit, l'ouverture dont se réclamait Frédéric Poncet ressemblait au mariage de la carpe et du lapin.

Ce dernier répliquait que « M. Lahaut n'a pas dénoncé l'appel de M. Millet à voter pour le FN [en 2017] : est-ce que c'est un homme de gauche ? » M Poncet aura aussi de la peine à traiter dans sa campagne d'autres thèmes, bien qu'il ait par exemple tenté de défendre La fraternelle, à la suite d'une promesse de Marie-Guite Dufay de ne pas la laisser tomber.

Bref, la voie était libre pour un troisième mandat de Jean-Louis Millet, ancien du MPF de Philippe de Villiers, conseiller départemental divers-droite contre qui l'extrême-droite n'avait pas présenté de candidat en 2015… Les « bonnes » habitudes ont quant à elles continué : la librairie Zadig - dont un libraire était sur la liste Poncet - n'a pas été invitée à une réunion de commerçants sur le déconfinement, tout comme La fraternelle n'a pas été conviée à une réunion des cafés… 

L'enjeu de la communauté de communes

Quelles seront les conséquences sur la communauté de communes Haut-Jura-Saint-Claude ? Il y a six ans, Jean-Louis Millet en avait revendiqué la présidence, mais c'est le maire socialiste de Septmoncel, Raphaël Perrin, qui avait été élu. Après quoi, les Sanclaudiens de la majorité municipale avait déserté l'intercommunalité, entravant à l'occasion son fonctionnement, par exemple en se faisant tirer par la manche pour accorder l'autorisation d'occuper le trottoir pour installer un échafaudage lors des travaux de la médiathèque !   

Cette fois Jean-Louis Millet a annoncé qu'il ne briguera pas la présidence. Quant à Raphaël Perrin, il a indiqué qu'il y renoncerait si Jean-Louis Millet était réélu maire… Cela signifie-t-il que la voie est libre pour un compromis ? Tout dépend des impétrants. « Si c'est Jean-Daniel Maire, maire de Viry et conseiller départemental (LREM, ex PS), il aura du mal à travailler avec Millet qu'il a traité de menteur à la tribune du congrès des maires du Jura », analyse un observateur de la vie publique du Haut-Jura.

En outre, le rapport de force politique n'a pas beaucoup changé depuis six ans et les élus « anti-Millet » ont pour la plupart été reconduits, tandis que pour être passée sous la barre des 10.000 habitants, Saint-Claude va perdre des délégués à la communauté de communes. De nouvelles têtes ont cependant été élues à Saint-Lupicin et Lavans-les-Saint-Claude, notamment Nelly Durandot, la binôme de Jean-Daniel Maire au département. Sachant que ces deux communes et Saint-Claude détiennent ensemble une majorité de sièges, y a-t-il là matière à la constitution d'un exécutif rompant avec le blocage du mandat précédent ? Réponse le 16 juillet. 

 

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