Primaires à la gauche de la gauche à Besançon

La « Majorité citoyenne » et le Front de gauche sans le PG n'ont pas pu s'entendre pour ne pas se faire concurrence lors des élections départementales... Pour la première, les partis doivent s'effacer derrière des assemblées souveraines.

majcitdoubs

La gauche de la gauche se cherche. Les élections départementales sont l'occasion de tester plusieurs formules d'alliance. Cela avait été le cas lors des municipales qui ont montré les limites du Front de gauche, ses composantes expérimentant des situations à géométrie très variable. L'attelage EELV-PG victorieux à Grenoble n'a pas grand chose à voir avec la classique union PS-EELV-PCF également gagnante à Besançon au prix d'une véritable fracture entre communistes et PG, les deux poids lourds du Front de gauche. Ils s'étaient partagés les circonscriptions législatives en 2012, les voilà, comme aux municipales, sur des trajectoires distinctes pour les départementales.

Les communistes, on l'a vu ici, se sont rapprochés des anciens partenaires du PG pour les municipales : Ensemble Union des Alternatifs et de la Gauche anticapitaliste qui avait quitté le NPA et Citoyens engagés du Front de gauche, en fait les adhérents directs, séduits par l'union mais pas par les partis qui la composent. Ces trois composantes ont changé de partenaire, considérant que le PG, qui avait refusé d'appeler à voter Fousseret aux municipales, s'était montré sectaire.

Le Front de gauche, oui, mais lequel ?

Depuis les municipales, la situation politique nationale a changé : Manuel Valls est arrivé à Matignon et les écologistes ont quitté le gouvernement. Allaient-ils localement répondre aux sollicitations du Front de gauche ? Difficile quand la réponse à cette question est une autre question : le Front de gauche, d'accord, mais lequel ? Comme la réponse n'est pas venue, et pour cause, les écologistes ont choisi : ni l'un ni l'autre. Ils se présentent dans trois des six cantons bisontins, dont l'un avec le soutien des socialistes. On n'imagine pas que l'influence du député Eric Alauzet, qui revendique une écologie réformiste, n'ait pas pesé. Et là où ils ne sont pas, c'est après avoir mesuré le risque FN.

Le PG a quant à lui tenté de partager sa nouvelle marotte des assemblées citoyennes. Ça a fonctionné dans quelques départements, dont le Jura, la Haute-Garonne ou la Drôme. A Besançon, ses partenaires putatifs ne l'ont pas suivi dans cette démarche qu'il a néanmoins poursuivie. Du coup, il n'apparaît plus en tant que parti. « La démarche citoyenne est nouvelle, les partis se mettent en retrait derrière les assemblées citoyennes », explique Benoît Maillard-Salin, candidat dans le canton Besançon 6, l'un des deux où se présente cette équipée issue d'une tentative de démocratie directe intitulée Majorité citoyenne. « On a senti dans les assemblées un ras-le-bol des citoyens par rapport aux adhérents du PCF ou d'EELV qui ne veulent pas lâcher leurs d'étiquettes », ajoute sa colistière Susan Severson, une musicienne franco-américaine bien connue à Besançon. « Il faut dépasser le PG, je suis fière que mon parti s'efface... », dit Séverine Vezies.

Le 49-3 pour la loi Macron : « comme Villepin avec le CPE en 2006 »

Claude Jeannerot, le président sortant du Conseil général face à qui ils se présentent, entend mettre l'accent sur les questions locales. A l'inverse, les candidats de la Majorité citoyenne se placent d'emblée sur le terrain de la politique nationale : « Utiliser le 49-3, c'est la 5e République qui est à bout de souffle. C'est comme Villepin avec le CPE en 2006, ce n'est pas glorieux, il y a un vrai décalage entre le gouvernement et la population », explique Lise Rueflin, candidate sur Besançon 4.

Benoît Maillard-Salin évoque des « déclinaisons locales » d'un programme de relance sociale, le cœur des compétences des départements. Pour Julie Millian, suppléante sur Besançon 6, « il y a besoin d'augmenter l'aide sociale à l'enfance, besoin de services implantés de manière régulière sur le territoire alors que le conseil général actuel répond qu'il y a moins d'argent et qu'il donne donc moins à la protection maternelle à l'enfance ou la aide sociale à l'enfance. Il a réorganisé le service d'assistantes maternelles où deux ou trois personnes donnent les agréments dans un bureau au lieu que ça se fasse sur le terrain ». Benoît Maillard-Salin déplore que les travailleurs sociaux soient si débordés qu'ils « ne parlent plus d'enfants mais de dossiers ».

Une banque départementale solidaire drainant l'épargne des citoyens afin d'aider les projets locaux...

Jean-Paul Barbier, suppléant, défend un meilleur accès aux documents des politiques du département : « on les rendra publics ». Lise Rueflin verrait bien une « banque départementale solidaire drainant l'épargne des citoyens afin d'aider les projets locaux par du micro-crédit ou la reprise d'entreprises par des SCOP ». Eric Putot pose le « problème de l'agriculture intensive et de la matière organique venant du Brésil ». Benoît Maillard-Salin pense s'appuyer, en matière agricole, sur les « préconisations de la Confédération paysanne ». Quant au processus de sauvetage de la Loue, il le voit comme « une coquille vide » et Susan Severson en est persuadée : « en rétablissant la qualité de nos rivières, on peut créer de l'emploi... »

Surfant sur l'espoir Syriza, assurant comme Jean-Paul Barbier que « le postulat austéritaire est discutable », les candidats de la Majorité citoyenne feront campagne sur les réseaux sociaux, mais aussi « en allant vers les électeurs, en frappant aux portes, en allant au bistrot, en faisant des concerts sur la place publique... »

Ils sont aussi contrariés qu'il n'y ait pas eu, à défaut d'accord avec les autres composantes du Front de gauche, de partage des circonscriptions. Les communistes et leurs alliés avaient annoncé un pacte allant dans ce sens. Les rancoeurs l'ont manifestement empêché. D'ailleurs, Benoît Maillard-Salin note, un brin vachard : « vous avez vu, Annie Ménétrier (PCF) est candidate... On ne l'avait plus vue depuis l'histoire de la Mission locale... »

 

 

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