Pierre Moscovici en VRP chez Maty

En visitant l'usine bisontine, ce vendredi matin, il était en opération commerciale. Il faut vendre la politique du gouvernement en matière économique et sociale en disant du bien d'une « entreprise qui a su accompagner le goût de la clientèle et suivre l'évolution technologique » tout en ayant des « relations sociales exemplaires ». Il a répondu par un « mensonge ou un non-sens » aux critiques de FO et de la CGT sur « l'accord-emploi »

Pierre Moscovici n'a pas convaincu le délégué syndical FO, Philippe Grandguillaume... Ph DB

En visitant l'usine Maty de Besançon, ce vendredi matin, le ministre de l'Economie était en opération commerciale. Il faut vendre la politique du gouvernement en matière économique et sociale, dire du bien d'une « entreprise qui a su accompagner le goût de la clientèle et suivre l'évolution technologique » tout en ayant des « relations sociales exemplaires ». Après une rapide visite des ateliers du service après vente de montres, de réparation de bijoux, de gravure, de création spéciale (à la demande du client) et des chaînes d'expéditions, Pierre Moscovici échange avec la presse dans le hall d'exposition.

« Des résultats modérés car on investit »
« C'est un honneur, cela salue le travail d'une PME qui se développe, investit et créé de l'emploi... » Président du directoire du groupe Maty, une usine à Besançon et 32 magasins en France, Patrick Cordier est content de faire visiter l'usine à Pierre Moscovici. Spécialisée dans la vente à distance de bijouterie et d'horlogerie, l'entreprise emploie 750 salariés dont « plus de 700 CDI... On novembre-décembre, on a des pics d'activité et une quarantaine de personnes en plus ». Appartenant à 100% à la famille Mantion, Maty a réalisé un chiffre d'affaires de 120 millions et son résultat tournera autour de 2 millions. « Les résultats sont modérés car on investit dans le réseau de magasins », dit Patrick Cordier.
 

Il fait allusion à l'échange d'une dizaine de minutes, à l'entrée de l'usine, avec un comité d'accueil d'une trentaine de militants CGT en désaccord avec l'ANI, le fameux « accord emploi » MEDEF-CFDT-CFTC-CGC du 11 janvier que le gouvernement entend transcrire dans la loi. « C'est un bon accord, le gouvernement tient à cette réforme », répète-t-il aux journalistes. Le gouvernement acceptera-t-il des amendements ? « Le Parlement peut toujours amender, mais je rappelle les propos du président de la République : il faut que le Parlement traduise fidèlement l'accord... » 
Philippe Grandguillaume, délégué FO chez Maty suit le point presse et veut intervenir. Pierre Moscovici le coupe. Il redit sa foi dans l'inversion de la courbe du chômage « avant la fin 2013 ». Exhorte au « réalisme », répète qu'il « n'y aura pas de nouveau plan de restriction des dépenses publiques en 2013 », qu'il faudra « poursuivre les efforts en 2014... » Il vante la banque publique d'investissements qui « s'appuiera beaucoup sur ce qui se fait en Franche-Comté, sera accessible pour les territoires, les PME, les entreprises intermédiaires, les TPE... ».
Il est relancé par plusieurs journalistes sur l'ANI, la présence de la CGT avant la visite : « Je connais l'opposition de la CGT et de FO à cet accord, mais je ne partage pas leur conviction ». Pourquoi défend-il un accord minoritaire ? Il pourrait assumer, il affirme le contraire : « l'accord est majoritaire. Il est équilibré, plus protecteur, créé de nouveaux droits... On est en démocratie, les partis ont le droit de ne pas le voter... ». Le délégué FO intervient alors sans être interrompu : « Nous voulons nous faire entendre, nous n'apprécions pas la flexibilité, la reprise des RTT, les réductions de salaires, la précarité, l'inquiétude est forte, prenez en compte ces paramètres ». Pierre Moscovici répond en pilotage automatique : « le gouvernement mène une politique favorable aux salariés, il a augmenté le smic et l'allocation de rentrée scolaire... »

« Un climat social correct... » 

Philippe Grandguillaume, délégué FO, confirme les dires de Patrick Cordier : « Il y a eu un gros effort d'investissements, 15 magasins ont été créés ces trois dernières années. Le nouveau directeur général a redynamisé le chiffre d'affaires par les magasins, ça marche un peu mieux, mais on n'a pas de chance avec la crise... » 
Quel est le climat social ?
« Correct. Les NAO (négociations annuelles obligatoires) se sont bien passées, dans un bon climat. On a obtenu 1,8 sur les salaires, c'est bien. Il y a une nouvelle DRH depuis octobre qui a une vraie volonté d'aller de l'avant.
Le climat n'était pas le même il y a une dizaine d'années...
« En 2001, on avait lancé, à FO, une grève d'une semaine sur des problèmes d'emplois et de salaires. Le directeur général était mauvais, nous traitait d'armée mexicaine... Ça s'est amélioré, heureusement... »
Vous n'avez pas été convaincu par le ministre sur l'ANI !
« Pas du tout ! C'est la flexibilité à outrance, des possibilités réduction de salaires sur deux ans... »
Pierre Moscovici a dit que l'accord est majoritaire !
« C'est soit un mensonge, soit un non-sens. L'accord est mauvais. On demande son retrait »

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