Passages Pasteur : du terrassement à la construction

Seize ans après les premières études, le terrassement est terminé entre le pont Battant, la place et le lycée Pasteur. Place aux travaux de construction d'une vaste opération de réhabilitation de 25.000 mètres carrés en plein centre-historique de Besançon. Livraison attendue pour début 2015 de 77 logements, un supermarché et 25 boutiques.

Passages Pasteur, parking

Voilà qui va faire hocher la tête de ceux qui crient à la gentrification du centre-ville. Autrement dit à l'embourgeoisement. Pensez donc, un T1 de 37 mètres carrés à 141.000 euros, 146.000 dans huit jours (vu sur un dépliant sur place), des T4 entre 309 et 334.000 euros (vu sur le site d'Eiffage) ! Des «conditions exceptionnelles», écrit la publicité d'Eiffage-Immobilier qui assure être moins cher que son concurrent le plus proche.
Eiffage, le promoteur-constructeur a acheté l'îlot Pasteur en 2000 pour 5 millions d'euros. Outre des coûts de maîtrise d'oeuvre, il a investi 44 millions dans les travaux. Cinq millions ont financé la construction de 39 logements et la réhabilitation de 38 anciens, les deux tiers étant annoncés comme déjà vendus. La parking souterrain de 332 places en cinq étages aura coûté 7 millions. 15.000 mètres carrés commerciaux auront été réalisés pour 32 millions et revendus finis à Klepierre pour un montant présenté comme confidentiel. Ce dernier annonce un investissement de 70 millions comprenant les ultimes aménagements, cinq enseignes nationales moyennes et une vingtaine de boutiques à côté de Monoprix. Sur ce coup, les quinze logements sociaux de l'opération sont occupés depuis 2008 alors que tout le reste est annoncé pour le printemps 2015, après l'avoir été pour 2014...

Le chantier des Passages Pasteur, c'est aussi jusqu'à 180 personnes au travail, 150 tirs de mine pour évacuer 150.000 m3 de terre, 15.000 m3 de béton à couler...

Initié en 1997, ce vaste programme de 25.000 mètres carrés aura subi de nombreux aléas que le maire, Jean-Louis Fousseret, a rappelés vendredi matin en inaugurant la fin du terrassement et le lancement de la construction : préemption annulée, examen stressant devant la commission nationale des secteurs sauvegardés, un plan de prévention des risques d'inondation ayant «failli noyer» le projet, des fouilles en milieu pollué, des découvertes archéologiques...  C'est la Sedd, «bras armé de la ville», qui aura orchestré toute l'affaire et aussi supporté les coûts relatifs à la dépollution, aux fouilles, à la protection de la nappe phréatique qui suinte dès qu'on creuse. «C'est important que la collectivité l'ait appuyée car elle est plus coûteuse qu'une opération de périphérie», explique Bernard Bletton, son directeur général, qui n'hésite pas à parler d'un «partenariat public-privé de qualité».
Jean-Louis Fousseret espère que le site sera «une locomotive» commerciale pour le centre-ville. Alors que la récession est directement à l'origine de l'abandon du projet d'extension de 36.500 m2 sur la zone des Marnières (Carrefour-Chalezeule), la concurrence des territoires commerciaux urbains n'est pas pour autant terminée. Afin de relancer un projet aux Marnières, une étude doit être rendue en juin, mais une chose paraît acquise à l'adjoint au commerce, Jacques Mariot : «ce sera beaucoup moins de 36.000 m2. C'est très dur actuellement de trouver des locataires dans une grande zone commerciale... Carrefour doit faire 50 boutiques pour l'arrivée du tram...»
Censé éviter des déplacements automobiles alors que la transition énergétique est une nécessité, voilà le tram paré d'atouts pour les zones commerciales qu'on relie pour l'heure toujours en voiture... Monoprix n'aura pas intérêt à être trop cher à son retour Grande rue : à deux pas de là, le tram pourrait bien emmener ses clients en périphérie ! Du moins, ceux qui auront échappé à la gentrification...  

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