Optimiste et méthodique, Marie-Guite Dufay entre espoir et vouloir…

Lors de ses vœux bisontins aux corps intermédiaires, la présidente du Conseil régional a expliqué comment, outre le vote de plans d'urgence (BTP, agriculture) et de quelques volets économiques (formation des chômeurs, tarifs TER...), l'essentiel du début de mandat a consisté à harmoniser plus de 2000 règlements jusqu'alors différents. Elle s'est aussi prononcée pour le maintien de l'équilibre Besançon-Dijon trouvé en 2015.

mgd-voeux

Marie-Guite Dufay est une optimiste méthodique. Optimiste quand, mardi 9 janvier à Besançon, lors de ses vœux aux « forces vives », autrement dit les corps intermédiaires, elle se réjouit du « contexte économique qui s’est nettement amélioré ». Quand elle assure que « la grande crise de 2008, qui a touché notre région de plein fouet du fait de son caractère industriel est derrière nous ». Méthodique quand à sa « satisfaction », elle ajoute « l'obligation d’accompagner au mieux la reprise ».

Comment faire ? En « aidant nos entreprises à exporter, c’est d’autant plus important que nous sommes, au plan mondial, dans un contexte de croissance forte, supérieure à 3 %. En 2018, la prévision de croissance est encore de 6,5 % en Chine, en Inde, de plus de 7 %. Dans ce contexte, il faut voir loin et viser haut. » Viser haut, c'est dans son esprit ce que fait le « plan régional d’internationalisation des entreprises adopté en octobre dernier », passant par exemple par leur « accompagnement sur quarante salons, avec pour la première fois une présence de 13 entreprises de notre région au Consumer Electronic Show de Las Vegas, le plus grand salon du monde consacré à l’innovation dans le domaine de l’électronique grand public. Ce salon a accueilli 170 000 professionnels en 2017 ».

« Le dépassement des anciens clivages
que les Français ont si largement rejetés en 2017... »

Viser haut, c'est aussi espérer et vouloir. Espérer, c'est « souhaiter » que les entreprises joueront le jeu « pour prendre en stage les jeunes et les adultes que nous formons, pour recruter des apprentis, pour leur faire découvrir leurs métiers et leurs savoir-faire. Nous allons consacrer 91 millions d’euros à la formation des demandeurs d’emploi en 2018. Il ne serait pas acceptable, dans un contexte de reprise, que des demandeurs d’emploi ne puissent accéder à des emplois faute de formation alors que les chefs d’entreprise recherchent des compétences. »

Quant à vouloir, c'est « être la première région d’accueil des touristes chinois en France, en dehors de l’Ile-de-France ». Ce qu'elle ne dit pas, c'est que cela passe notamment par des soutiens à l'aéroport de Dole-Tavaux et aux projets de centers-parcs de Poligny et du Rousset, contestés jusque dans les rangs de sa propre majorité. Et si elle insiste sur l'unanimité de l'assemblée régionale lors de l'adoption du schéma touristique, c'est en raison du retrait de la mention des projets du groupe Pierre et Vacances. Mais ceux-ci ne sont pas pour autant abandonnés...

Elle y a d'ailleurs songé puisqu'elle précise dans son propos que cette unanimité, qui a également prévalu pour le schéma agricole, peut être considérée par « les plus optimistes sans doute » comme « le dépassement des anciens clivages que les Français ont si largement rejetés en 2017 ». Disant cela, elle fait sienne l'analyse selon laquelle l'élection d'Emmanuel Macron relèverait d'une enthousiaste adhésion populaire, ce qui est pour le moins audacieux.

Marie-Guite Dufay positive sur la normalisation,
pas forcément nécessaire,
que la fusion des régions a rendu obligatoire

On aurait tendance pour notre part à nuancer la portée de cette victoire avec quatre arguments : le rejet de l'extrême-droite, le suicide politique de Fillon, la division de la gauche, la mobilisation des mass-médias pour l'ancien ministre des finances. De quoi en tout cas s'interroger sur la foi de Mme Dufay dans le « consensus » en quoi elle voit « un gage de réussite », dès lors que ce consensus est seulement celui d'une représentation politique excluant écologistes, communistes, insoumis et une bonne part de la société civile. A moins qu'elle ne se félicite discrètement d'un embryon de grande coalition... dont un corolaire est une abstention massive.

Quoi qu'il en soit, son optimisme repose aussi sur son bilan. Car elle parle de 2018 s'appuyant sur les réalisations des deux premières années du mandat au cours desquelles ont été votés des plans BTP, agriculture et formation des chômeurs, une grille tarifaire des TER, le transfert des transports scolaires qui « s'est bien passé » malgré « les Cassandre » qui annonçaient le pire... Elle s'appuie aussi sur « plus de 2000 règlements et délibérations soumis au vote des conseillers régionaux afin d’harmoniser les règlements qui s’appliquaient en Bourgogne et en Franche-Comté. Ces règlements étaient tous distincts jusqu’en 2015, des subventions accordées au particulier souhaitant rénover son logement aux aides accordées aux entreprises, en passant par les tarifs à bord des TER. Ils sont désormais homogènes et uniformes ».

Bref, la présidente positive sur ce travail de normalisation, pas forcément nécessaire, que la fusion des régions a rendu obligatoire : « les fondations de notre nouvelle maison commune ont été posées, et elles sont solides ». Ceci étant, la construction n'est pas terminée et 2018 sera pour la collectivité régionale « l’année de la rationalisation de son organisation, après la convergence de ses dispositifs ».

« L'équilibre de 2015 entre Besançon et Dijon était sage et juste.
Je demande à ce qu'il ne soit pas remis en cause ».

Elle y inclut le chantier bisontin du pôle Viotte « qui permettra de regrouper les services de la région localisés à Besançon, en dehors de ceux qui sont localisés au square Castan, et de nombreux services de l’Etat. La construction de ce nouveau bâtiment, dont nous serons propriétaire, représente un investissement de près de 18 millions d’euros. Elle prouve que la Région souhaite conforter sa présence à Besançon et son installation sur deux sites principaux, à Besançon et à Dijon ».

Sur le délicat sujet de la rivalité entre les deux villes, Marie-Guite Dufay est-elle dans l'espoir ou le vouloir ? Elle qui a « toujours veillé à ce que l’équilibre entre les deux anciennes capitales régionales soit respecté », insiste pour qu'il en soit de même à l'avenir, mais ne semble pas avoir la main sur le sujet : « Je crois qu’en considérant les deux anciennes capitales régionales avec la même attention, en leur accordant la même dignité, nous fortifions le sentiment d’appartenance à la nouvelle région que nous constituons ensemble... L’équilibre trouvé en 2015, Dijon rassemblant la plupart des administrations d’Etat auprès de Mme la Préfète de Région, Besançon rassemblant toutes celles liées à l’éducation autour du recteur coordinateur, était un équilibre sage et juste, et je demande à ce que cet équilibre ne soit pas remis en cause ».

On notera qu'elle emploie l'imparfait. Comme si on était dans un passé révolu...

« Ici, la fraternité est une valeur depuis de nombreuses années »

Pour l'avenir, l'immédiate année 2018 et le moyen terme de la fin du mandat, elle rappelle quelques grandes lignes dont le plan lycées de 100 millions par an sur cinq ans aux ressorts économiques attendus : « je veux que ce demi-milliard bénéficie avant tout aux entreprises de notre territoire, mais aussi qu’il permette de faciliter le retour à l’emploi de celles et ceux qui sont victimes du chômage de longue durée, par le biais des clauses d’insertion ».

Elle n'oublie pas la recherche, notamment « FEMTO qui vend aux Américains des éléments essentiels du système de géolocalisation GPS ». Elle évoque la rénovation énergétique des logements au carrefour d'une politique écologique et sociale quand « les Bourguignons et les Franc-Comtois consacrent en moyenne, 300 euros de plus par an que l’ensemble des Français à leur facture d’énergie ». Elle se projette avec l'achat de huit trains Régiolis à Alstom, certains à hydrogène, « une grande première pour une région française ». Elle cite le futur Parc naturel régional du Haut-Doubs horloger, l'investissement dans la rénovation du campus de la Bouloie, l'institut de formation aux soins infirmiers, dit qu'en matière de changement climatique « il n’est plus temps de débattre, il est temps d’agir ! »

Elle assure que l'exécutif régional est « soudé par le sens de l’intérêt général », remercie la majorité et les agents. Elle cite nommément Michel Neugnot premier vice-président, en charge des transports, des finances, du personnel, Patrick Ayachevice-président au tourisme et aux fonds européens, Sophie Fonquernievice-présidente à l'agriculture, Arnaud Martheydélégué aux nouvelles ruralités, Luc Bardidélégué à l'artisanat et au commerce... Elle prend au mot le président de la République dont les vœux ont insisté sur la fraternité : « ici, c’est une valeur que nous avons faite notre depuis de nombreuses années. »

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