Marie-Guite Dufay élue présidente sous la pression du PRG

Il a manqué deux voix à Marie-Guite Dufay pour être élue présidente de la nouvelle région Bourgogne-Franche-Comté dès le premier tour. Elle n'a recueilli que 49 des 51 voix de sa majorité. Comme il y a 100 élus et que la majorité absolue était nécessaire, il a fallu procéder à un second tour. Mais avant qu'on en envisage un troisième où la majorité relative était suffisante, elle obtenait 51 voix après une suspension de séance et une ultime négociation avec son turbulent partenaire.

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Il a manqué deux voix à Marie-Guite Dufay pour être élue présidente de la nouvelle région Bourgogne-Franche-Comté dès le premier tour de scrutin. Elle n'a en effet recueilli que 49 des 51 voix de sa majorité sur lesquelles elle pouvait compter. Comme il y a 100 élus et que la majorité absolue était nécessaire, il a fallu procéder à un second tour. Mais avant qu'on en envisage un troisième où la majorité relative était suffisante, elle obtenait les 51 voix.

Entre temps, les deux élus PRG, vers qui tous les regards se sont alors tournés, avaient réussi une partie de leur bras de fer interne à la nouvelle majorité, bien fragile comme l'ont souligné les deux oppositions UDI-LR et FN. Patrick Molinoz (Côte d'Or) et Francine Chopard (Saône-et-Loire) n'ont pas obtenu le groupe autonome qu'ils désiraient, mais une réévaluation des attributions de vice-président promises au premier. Il devait avoir en charge la vie associative, il aura également le très haut débit numérique...

 « C'est de la politique à l'ancienne », s'insurgeait dans la petite tribune réservée au public François Lacaille, l'un des chauffeurs de campagne de Marie-Guite Dufay. Patrick Molinoz, lui, restait stoïque et ne voulait faire aucun commentaire. A quelques pas, Nathalie Vermorel, tête de liste du Front de gauche qui avait chaleureusement embrassé Mme Dufay avant l'ouverture de la séance, venait de souligner, alors même que le dépouillement du premier tour était en cours, « la capacité d'aide ou de nuisance du PRG... »

Patrick Molinoz (PRG)

 

« Donnez nous un coup de main ! »

Dans le même temps, elle expliquait ne pas vouloir accepter la proposition faite par la nouvelle présidente aux communistes et aux écologistes d'être représentés au sein de son cabinet : « Ce n'est pas possible, ce n'est pas un lieu de vote, il faut imaginer autre chose pour qu'on ait une meilleure connaissance des dossiers... » Rendez-vous est pris d'ici la fin du mois.

A 15 h 55 donc, le premier verdict tombait. Et s'il provoquait quelques remous, peu parmi les élus étaient surpris. Jean-Claude Lagrange (PS, Saône-et-Loire) plaisantait même avec Jean-Philippe Saulnier-Arrighi (UDC, Yonne) : « Donnez nous un coup de main, sinon on en a pour jusqu'à demain matin... »

« Ça démarre mal, c'est un autre match au sein de la majorité », réagit François Sauvadet qui voit dans l'incident « le début de difficultés de gestion qu'on sentait poindre ». « Ça commence mal », renchérit Stéphane Montrelay (FN, Jura). « Un simple retard à l'allumage », relativise Jérôme Durain, président du groupe PS et sénateur de Saône-et-Loire.

« François Mitterrand siégea ici »

Le contretemps nécessite de refaire les opérations de vote, empreintes de formalisme. Et prolonge le calvaire de Colette Clerc (FN, Haute-Saône), la doyenne d'âge qui préside la séance. Peu à l'aise sous les projecteurs, elle l'est encore moins avec les articles « de la CGCT », le code général des collectivités territoriales, qu'elle égrène comme une automate. La benjamine Elise Aebischer (PS, Doubs) la soulagera en faisant l'appel de chaque élu à sa place pour le second tour. Sitôt le résultat proclamé, Mme Clerc lâche au micro à l'intention de Marie-Guite Dufay : « Je vous cède la place... Je suis bien contente ». Contente d'en avoir fini avec une corvée... Ce qui provoque l'hilarité d'Emmanuelle Coint (UDC, Côte d'Or) et Catherine Comte-Deleuze (UDC, Doubs). 

 

Il est 17 heures et la séance, prévue à 14 h 30, avait déjà commencé avec une bonne demi-heure de retard. Quelques instants auparavant, le décompte des voix ayant atteint 51 avant le terme, Marie-Guite Dufay avait été ovationnée par son camp plusieurs minutes. Rejoignant le pupitre, elle se lâche un peu : « Merci de votre patience... » et salue tout d'abord la présence de Paulette Guinchard, l'ancienne secrétaire d'Etat de Lionel Jospin, qui lui a « donné le goût de l'action publique ». Elle cite tous ses prédécesseurs, présidents de Franche-Comté et présidents de Bourgogne, d'Egdar Faure à François Patriat en passant par Jean-François Humbert et Jean-Pierre Soissons, l'un refusa les voix du FN en 1998, l'autre les accepta, Pierre Joxe et Raymond Forni... Elle souligne que « François Mitterrand siégea ici ».

Un nouveau directeur général des services attendu

Puis elle remercie les deux directeurs généraux des services. Au sens propre car ils ont mis en oeuvre à marche forcée les grandes lignes de la fusion : « 57 réunions et 300 chantiers », dira François Patriat. Au sens figuré car l'un et l'autre s'en vont : Gilles Da Costa dès mardi 5 janvier à la tête de l'administration du Doubs, Nicolas Hesse un peu plus tard car Marie-Guite Dufay souhaite une personnalité neuve vis à vis des deux régions désormais réunies.

Elle s'adresse aussi aux agents dont elle dit « percevoir les questionnements et les inquiétudes » : « nous organiserons le changement dans un souci de dialogue constant et d'action progressive sans aucune mobilité géographique contrainte ». Un mot pour les CESER, un mot pour les « partenaires de la majorité : communistes, écologistes, démocrates et républicains, qui avaient vocation à siéger dans cette assemblée et avec lesquels nous trouverons les moyens de travailler autrement ».

« Passion, responsabilité, travail, amitié... »

Elle salue « tous les élus » avant de développer non pas ses 110 propositions, mais les trois « grands défis du mandat : construire ensemble la nouvelle région, mener la bataille de l'emploi, faire émerger un nouveau modèle de développement plus durable ». Comme c'est un usage entrant dans les moeurs politiques, elle propose la présidence de la commission des finances à l'opposition qui a choisi d'y présenter Alain Joyandet (Haute-Saône), ce qui ne doit pas, dira François Sauvadet, être compris comme un « quelconque engagement dans une forme de co-gestion ».

François Patriat

 

Sans vouloir donner de conseils, François Patriat, invité à s'exprimer le temps d'une brève suspension de séance, suggère que « la clé de la réussite en politique, c'est la passion, la responsabilité, le travail et l'amitié ». Il assure aussi que « les hommes politiques ne manquent pas de vertu, mais de courage... »

« Vous êtes au pied du mur de l'urgence sociale et économique »

François Sauvadet parle d'emblée du « contexte politique nouveau » et de la fragilité de la majorité qui est « au pied du mur de l'urgence sociale et économique » alors que la région est « en récession, dans une situation plus difficile que les autres ». C'est pourquoi il exhorte Marie-Guite Dufay dont il « mesure l'ampleur de la tâche » à « afficher [ses] priorités dès le premier budget » alors que « nous ne connaissons pas vos orientations concrètes ».

François Sauvadet et Marie-Guite Dufay pendant une suspension de séance.

 

Sophie Montel assure que son groupe est « la seule opposition : dans six ans, l'heure du FN sonnera ». Présentant les évolutions en voix de son parti d'une régionale à une autre, elle explique qu'il est porté par une dynamique. Marie-Guite Dufay avait cité l'excellence de la Suisse pour « former tout au long de la vie en réconciliant théorie pratique », Mme Montel réplique : « elle a une monnaie, une frontière, de solides atouts pour résister à la mondialisation sauvage, la France et la Bourgogne-Franche-Comté ne les ont plus... »

Certes, mais cela n'empêche pas la Suisse de bénéficier de la mondialisation « sauvage », voire certaines firmes helvétiques d'y participer tout aussi gaillardement que de nombreuses sociétés transnationales... Le FN est encore un peu court pour faire croire que que ses emprunts critiques faits à la gauche le font devenir altermondialiste ! 

 

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