Marie-Odile Mainguet, conseillère générale sortante EELV de Voiteur, sera probablement désignée ce lundi soir candidate de l' « Appel pour une majorité citoyenne » du nouveau canton de Poligny. Elle aurait pu l'être mercredi 21 janvier lors du « forum citoyen » qui s'est finalement transformé en présentation à la presse de la démarche visant, dira-t-elle, à « coconstruire un Jura citoyen et solidaire ».
En fait, comme dans les autres camps, rien ne va à l'allure souhaitée et du retard a été pris. Il y a aussi, reconnaît Vincent Bruyère, militant d'Attac, « une difficulté à mobiliser les candidatures, en raison de la culture de la délégation, de la notion de compétition associée aux élections dans laquelle certains ne se retrouvent pas ». Du coup, les tenants de l'Appel citoyen en sont à souhaiter, comme le dit Aline Carton (NPA), que les candidatures « remontent le plus vite possible ». Il n'est donc plus question de les annoncer simultanément, mais « au fur et à mesure » des assemblées cantonales, voire entre les 9 et 16 février, la semaine où les déclarations sont reçues en préfecture.
De quoi satisfaire Brigitte Monnet (EELV) : « On a assez de choses qui nous rassemblent pour faire un bout de chemin ensemble, vu la situation de notre pays. Sinon on laissera la voix libre au FN... »
« Non aux projets nuisibles à l'environnement et aux finances collectives »
Le 21 janvier, une petite quarantaine de personnes ont donc resserré les rangs pour se mettre d'accord une dernière fois sur les termes de la charte adoptée en octobre et amendée lors de rencontres successives. Une charte « sur laquelle s'engageront les candidats », ont insisté Claude Buchot et Marie-Odile Mainguet. Une charte réunissant autour des « besoins vitaux », des « citoyens atterrés, des anticapitalistes, des décroissants, ouverte à tous sauf au FN, et appuyée localement par les partis : PG, ND, NPA, EELV, PCF... », a tenu à préciser Aline Carton.
Autour de ces « valeurs communes », d'un désir de « démocratie réelle » correspondant à la « nécessité de rapprocher en permanence élus et citoyens », s'est construit une ébauche de programme revenant sur des projets engagés par l'actuelle majorité socialiste - Center Parcs de la forêt de Poligny, éco-parc de la zone du Rocher sur le contournement de Lons, aéroport -, voire des pistes d'urbanisation d'ECLA, la communauté d'agglomération lédonienne. Tous ont aux yeux des initiateurs de l'appel, le double inconvénient d'être « nuisibles à l'environnement et aux finances collectives ».
La piste d'un « service départemental d'information mobile »
Ce faisant, souligne Julien Da Rocha, « quand on s'attèle à dire ce qu'on ne fera plus, on récupère pas mal d'argent » pour les projets envisagés. Il s'agit par exemple, comme le dit Géraldine Revy (PCF), de « remettre du service public où les gens vivent », de créer « un service départemental d'information mobile » recréant de la citoyenneté, d' « améliorer l'offre de transports, de proposer la gratuité ».
A l'ancien syndicaliste Pierre qui « connaît le monde du travail », craint que « les travailleurs ne se retrouvent pas dans cette charte » et veut « davantage de radicalité », Julien Da Rocha répond que « la charte sert de guide à partir duquel il y aura ce que vous souhaitez y voir, des éléments concrets issus des cantons... »
« Sept fois plus d'emplois en isolant les bâtiments qu'en créant un Center Parcs »
La conseillère régional Brigitte Monnet (EELV) a fait le calcul que « l'isolation des bâtiments créerait sept fois plus d'emplois qu'un Center parcs pour lequel le conseil général a annoncé une participation de 19 million d'euros qui seraient plus utiles ailleurs ». Claude Buchot suggère de créer des jardins ouvriers sur les « 150 hectares voués au béton et au goudron autour de Lons ». Vincent Bruyère a compté qu'avec les 19 millions prévus pour le Center Parcs, on pourrait créer 250 emplois dans des fermes agro-écologistes nécessitant un investissant unitaire de 160.000 euros. Marc Borneck, conseiller régional EELV et candidat aux départementales à Mont-sous-Vaudrey « avec un binôme société civile », propose, toujours pour faire des économie, le retour des barrières de dégel sur les routes.
Gabriel Amard, responsable national du PG, ne sera pas candidat mais assure que « des formations politiques peuvent se mettre au service du processus et faire la courte échelle à tous les candidat ». Il entend se « concentrer sur compétences départementales bien qu'on ait une vision globale ». Cela le conduit à défendre la piste d'un « outil foncier qui permettrait de maîtriser les premiers coûts d'installation d'artisanats et d'agriculture paysannes plutôt que spéculation : remettre de l'écologie et de l'intérêt général passe par des outils afin que les prix des terrains ne flambent pas ».
Restera à régler quelques problèmes techniques qui paraissent aujourd'hui secondaires, mais ont leur importance : sous quel label concourront les candidats de l'Appel ? Comment seront-ils classés par le ministère de l'Intérieur ? « Il y aura sans doute un label commun avec le nom des partis en petit », répond Gabriel Amard. Reste que les représentants des partis l'indiquent clairement : leur rôle est primordial, ne serait-ce pour la « sécurisation des investissements individuels ».