Ludovic Fagaut (LR) adoubé par sa « famille »

Candidat aux élections législatives dans la deuxième circonscription du Doubs, l'élu bisontin a lancé sa campagne lors d'un meeting réunissant près de 300 personnes à Thise. Ses amis politiques ont dressé de lui un portrait flatteur, critiqué Eric Alauzet mais peu parlé de leur programme et encore moins de François Fillon.

Au premier rang du meeting, Ludovic Fagaut encadré par Denis Leroux, Philippe Gonon, Christine Bouquin et Georges Gruillot. (Photos Daniel Bordur)

L'ambiance est printanière et champêtre ce lundi soir à la salle des fêtes de Thise. Sur le parvis encore ensoleillé, les cadres départementaux du parti Les Républicains accueillent les arrivants à bras ouverts. « La famille revient », se réjouit Michel Vienet, le secrétaire départemental. Le mot d'ordre à LR, c'est de faire passer l'idée selon laquelle les électeurs en plein doute se résoudraient à voter Fillon car il est toujours là. Ludovic Fagaut, le candidat aux législatives, est tout sourire : voici Christine Bouquin au volant de sa petite voiture. Elle troque ses ballerines de conduite pour des sandales à talon...

La présidente du département a renoncé à sa présenter aux législatives dans la 3e circonscription du Doubs, autant pour manifester sa distance à l'égard de la candidature Fillon que pour éviter à son camp de se déchirer pour lui succéder. Dans une envolée énergique, elle dira plus tard à la tribune dans un tonnerre d'applaudissements : « Ludovic, c'est un jeune formidable, je lui ai fait confiance, il est bosseur et fidèle ». Elle lui lancera quand même un avertissement en même temps qu'une offrande : « Ne change rien, n'oublie jamais d'où tu viens... Je me mets à ton service ».

Enjoué et amical, le sénateur Jacques Grosperrin va de l'un à l'autre, claque la bise à toutes et tous. Dans le hall, des militants installés à une table récupèrent des signatures pour compléter la liste du comité de soutien que préside le chirurgien urologue Étienne Darcq. Dans la salle, les 230 chaises sont vite occupées. Il y a du monde debout. Pas loin de 300 personnes, des sympathisants, des militants, des élus LR, UDI (pas Jean-François Longeot) et même du MoDem (Odile Faivre-Petitjean). Le comédien Jean Pétrement surjoue les Monsieur Loyal de la soirée : « c'est très émouvant de démarrer le lancement d'une campagne. Vous pouvez vous applaudir d'être présents ».

Georges Gruillot lève le pouce !

Celui qui fut référent départemental d'Alain Juppé pour la primaire, le maire de Thise et conseiller départemental Alain Loriguet plaisante : « Besançon sera bientôt un quartier du village... » Il cède le pupitre à Maxime, lycéen de 17 ans qui en a « assez d'entendre que les politiques sont tous pourris, un message relayé par certains profs ». Au premier rang, l'ancien sénateur et président du département, Georges Gruillot, lève le pouce d'admiration : la relève est là !

Jean Pétrement annonce l'avocate Agathe Henriet comme la « représentante des professions libérales ». Au micro, elle est plus explicite encore : « je suis vice-présidente de la CPME, j'ai toujours été de droite et je défends un programme libéral. A 39 ans, Ludovic Fagaut incarne le renouvellement. Il a un travail, mais n'a qu'un défaut : il n'est pas avocat, ce qui peut être utile quand on vote la loi ». Et s'adressant au candidat : « tu peux compter sur moi pour faire la petite abeille... »

On sait le patronat plutôt versé dans les solutions libérales, mais appréciera-t-on dans les instances d'un syndicat patronal aussi divers que la CPME d'être entraîné derrière le parti LR ? La charte d'Amiens n'est sans doute pas toujours respectée à gauche, la droite n'a pas son équivalent...

Eric Alauzet critiqué

Annoncé comme le représentant du monde associatif, Max Tudesca, président du club de lutte bisontin CPB, est plus prudent : « Je ne prétends pas incarner le monde associatif dans sa globalité... C'est la première fois que j'interviens dans un cadre politique. Si je m'engage, c'est parce que [Ludovic Fagaut] s'est engagé auprès du monde associatif... »

Ancien maire de Chalèze, l'agriculteur Christophe Curty ne parle pas syndicalisme : « le gouvernement ne nous aide pas, un agriculteur se suicide tous les deux jours, le monde agricole ne vit plus de ses produits... On veut une Europe forte, mais elle n'est pas égale pour tout le monde... Il faut des gens de droite et du centre pour remonter tout ça, qu'on arrête les subventions... »

La première pique en direction des adversaires politiques arrive avec le maire d'Ornans, Sylvain Ducret : « Avec Ludovic, fini le temps du député qu'on voit surtout en fin de mandat, d'accord avec tout le monde, qui oublie les lois qu'il a défendues, n'annonce plus de couleur après avoir surfé sur une vague tantôt socialo tantôt écolo... » Il ne le cite pas, mais tout le monde a reconnu Eric Alauzet. La bataille qui s'annonce en juin préfigure peut-être aussi celle qui se jouera en 2020 aux municipales...

Philippe Gonon fait aussi sa fête au député sortant. Avec un brin de mauvaise foi propre aux campagnes électorales, il donne des « conseils d'ancien candidat : acheter un vélo pliable et le sortir du coffre de la voiture 50 mètres avant la réunion du village, et savoir changer de couleur facilement, comme la pastèque : rouge à l'intérieur, vert à l'extérieur pour rosir puis finir passe muraille... » La salle adore, rit et applaudit.

Jacques Grosperrin : « j'avais un jeune étudiant à la fac de sport... »

Gonon raconte aussi l'anecdote de la recette qui fait espérer les droites bisontines, qui a marché une fois aux élections cantonales de 2015 : « pendant le discours du maire en janvier 2013, on s'est glissé à l'oreille avec Jacques Grosperrin : et si on travaillait ensemble ? Et nous avons failli gagner ! Dans la désunion nous perdrons, dans l'union nous gagnerons ! » La salle adore et applaudit.

Enthousiaste, voire survoltée, Christine Bouquin fait monter la température : « la salle est pleine et demain tu vas gagner ! » Elle prend le public à partie : « Ne le laissez plus conduire sa voiture, sinon il aura du mal à maintenir la cadence. Il aura la lucidité si on l'aide... » La séquence mémoire est signée Jacques Grosperrin : « j'avais un jeune étudiant à la fac de sport... » C'était Fagaut, il repère sa « grande personnalité », l'emmène aux municipales : « on cherchait un jeune, il sortait du lot, on l'a mis en position éligible, mais il est allé chercher sa victoire au conseil départemental, c'était pas facile, il s'est même fait mordre par un chien... »

Le sénateur Grosperrin, qui a occupé le mandat brigué par Ludovic Fagaut, verrait sa victoire comme une revanche sur celui qui l'a battu deux fois, au département et à l'Assemblée nationale. Il n'a pas assez de qualificatifs pour décrire celui qu'on voit bien endosser le costume du successeur : « sérieux, efficace, loyal à sa famille politique, compétent, honnête, énergique... Il représente une nouvelle génération, on a besoin d'une grande respiration... »

Le parlementaire la joue un peu à la Fillon : « Il n'y a pas de raison d'avoir d'affaires. Les journalistes essaient de nous voler la victoire. Les troisième et quatrième tours de la présidentielle seront les législatives. Et si nous avons le malheur de ne pas gagner la présidentielle, nous gagnerons les législatives ! »

Ludovic Fagaut : « on vient de vivre cinq ans de renoncements... »

La salle est chaude quand Ludovic Fagaut arrive au micro. Il donne d'emblée des gages : « Je suis fidèle même quand c'est compliqué, je ne quitte pas le navire... » Il fait applaudir son épouse et ses enfants aux manettes de l'ordinateur qui envoie le film de campagne et les comptes des réseaux sociaux. Il va droit au but : « L'union nous fait gagner, je ne reviens pas sur les régionales, on a vu ce que ça a donné... » Il cogne sur l'exécutif sortant : « on vient de vivre cinq ans de renoncements... François Fillon est applaudi devant la FNSEA, la CPME, le MEDEF : on a un projet fort, réaliste et cohérent... Le renoncement vaut pour Hollande et la majorité qui l'a accompagné, qui est comptable de ce piètre bilan, qui devrait se retirer comme son grand patron... »

Il tape sur les réalisations du quinquennat qui s'achève. « La première loi qui m'a fait bondir, c'est la loi Taubira qui supprime les peines plancher... » Il dénonce la loi santé qui « met au grand jour les salles de shoot », le « matraquage fiscal », la loi NOTRe qui a « créé le chaos territorial », la loi Peillon qui crée des « écoles à deux vitesse », la loi de programmation militaire qui n'est « pas financée », la CSG qui a augmenté pour les retraités... Il invite à donner aux sortants « un carton rouge ou un licenciement pour faute... »

« Il est bien ce Ludovic... Je suis aux Amis de la gendarmerie
et au Souvenir français, il vient à toutes les réunions... »

Il considère que « le système scolaire n'est plus adapté : j'ai des élèves de cinquième ou quatrième [il est principal de collège] qui ne sont pas fait pour le système tel qu'il est fait mais pour l'apprentissage... » Il dit vouloir « apporter [sa] pierre au redressement national », n'a « pas honte » de dire qu'il est « un élu de droite », qu'il l' « assume ». Il dit être « autoritaire mais juste » et rapporte une anecdote : « je croise à la gare un ancien élève souvent passé dans mon bureau, ayant maintenant une vingtaine d'années, il enlève sa casquette et sa capuche pour me saluer, il travaille dans l'électricité et m'a dit : vous aviez raison, je travaille et ça me plait... »

La Marseillaise...

La salle se lève pour l'applaudir et chanter la Marseillaise. Dans la foule, Jean-Michel, descendu du plateau, trouve Ludovic Fagaut « particulièrement sérieux ». A côté, Jean-Marie approuve : « il a pris du volume... malgré les moments difficiles ». Parle-t-il de Fillon ? Il est surpris de la question : « j'ai confiance en Fillon ». Jean-Michel a la foi du charbonnier : « Fillon sera élu ». A quelques pas, Danièle, ancienne prof d'éducation physique au lycée Notre-Dame Saint-Jean est ravie : « Il est bien ce Ludovic, dynamique... Je suis aux Amis de la gendarmerie et au Souvenir français, il vient à toutes les réunions... »

Sa copine Jos, ancienne militaire, est convaincue : « Il a repris toutes nos préoccupations, salaires, sécurité, associations... Et puis, c'est un sportif : un pays sportif, ça change l'état d'esprit ! » Un couple d'amis parisiens opine. Fillon est-il un problème ? Les quatre réagissent en chœur : « Non ! » Danièle en rajoute : « pour une fois qu'un homme fait travailler sa femme et la paie ! » Jos fait remarquer : « l'enveloppe, il aurait pu la garder... » L'ami parisien conclut : « il faudrait supprimer BFM-TV, les émissions sont tout le temps à charge ».

Pensent-ils que la procédure judiciaire est une manipulation ? Ils répondent en chœur : « Oui ! » L'amie parisienne implore : « Arrêtez avec les casseroles. Je comprends que ça puisse choquer, mais c'était une pratique répandue... 32 députés disent l'avoir fait... »

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