L’inutilité

On peut se demander à quoi sert le Front national. Certains pensent d'ailleurs que poser la question, c'est y répondre : il ne sert à rien. Encore faut-il le démontrer. Au conseil régional où il a quatre élus, le FN fait le cancre.

On peut se demander à quoi sert le Front national. Certains pensent d'ailleurs que poser la question, c'est y répondre : il ne sert à rien.
Encore faut-il le démontrer.
Au conseil régional où il a quatre élus, le FN fait le cancre. Trois n'ont rien sur leur bureau et n'ouvrent la bouche que pour bâiller, laissant à la seule Sophie Montel le soin de parler pour tous. Et encore ne le fait-elle que pour passer chaque sujet au filtre national ou européen. Lors de la session budgétaire, elle n'a rien dit sur le projet de budget, sauf qu'il était soumis à l'orthodoxie ultralibérale en vogue à Paris et à Bruxelles, ce qui n'est pas faux mais un peu juste comme critique.
A la pause de midi, les trois silencieux et la porte-parole font table commune, en fait table à part. Ils font comme s'ils avaient leur rond de serviette à la cantine. Ils rigolent entre eux, ne parlent à personne et personne ne leur parle. Ils sont là, comme en quarantaine. Invisibles, infréquentables, tolérés, sans saveur, sans intérêt.
Pendant les séances, les trois silencieux s'endorment parfois. On les comprend, les gros dossiers fermés qui sont sur leur pupitre contiennent des rapports écrits dans une langue un peu techno, un peu ennuyeuse. Durant les deux jours de la dernière session, l'un des trois s'est quand même exprimé quand la présidente lui a donné la parole. Surpris et penaud, comme pris en faute, il s'est excusé de n'avoir rien à dire : « Non, non, c'est mon livre...»
En fait, le lourd dossier qu'il avait repoussé vers le centre de son bureau, a dû toucher le bouton avec lequel chaque élu peut demander la parole.
On aimerait tant une opposition radicale qui serve à quelque chose ! Qui débusque un dossier caché au fin fond des colonnes de chiffres. Comme le faisait régulièrement en son temps Gilbert Carrez, un communiste orthodoxe et bosseur qui était le seul élu de son bord mais parlait avec tous et était respecté de chacun.

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