L’extrême-droite en tête en Franche-Comté avec 13,02% des électeurs inscrits

Les diverses listes de gauche tournent ensemble autour de 30% des exprimés - la moitié des inscrits -, ce qui en fait un bloc plus important que LREM ou le RN, mais terriblement fragmenté et divisé. Quant à la droite classique, c'est la Bérézina. Un exemple : 7,2% des inscrits à Morteau, fief de la secrétaire générale de LR… 

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On est loin du second tour de l'élection présidentielle de 2017 où Marine Le Pen avait récolté 225.292 voix en Franche-Comté après avoir cartonné au premier tour en obtenant 165.747 suffrages. Elle avait alors pulvérisé le record de voix franc-comtoises pour l'extrême-droite : 141.972 au premier tour de la présidentielle de 2012. 

Dimanche 26 mai, la liste où l'héritière de Montretout figurait en avant dernière place est revenue, en voix, au même niveau régional qu'aux précédentes élections européennes il y a cinq ans : 106.704 voix contre 106.007 en 2014. Et comme la participation a augmenté de six points, cela fait même une baisse en pourcentage des exprimés (25,8% au lieu de 28,8%) que tendrait à masquer sa première place. Cependant, l'extrême-droite continue à légèrement progresser en pourcentage des inscrits : 13,02% cette année contre 12,82% en 2014.

Son résultat régional est supérieur à la moyenne nationale en Haute-Saône (32,8% des exprimés), dans le Territoire-de-Belfort (27,1%) et dans le Jura (24,5%), tandis qu'il est légèrement inférieur dans le Doubs (22,5%). Quand à la liste Renaissance pour laquelle le président de la République s'est engagé de tout son poids, elle n'atteint pas 20% des voix sur la région, et fait tout juste 10,04% des inscrits, loin des quelque 16% du premier tour de la présidentielle…

Sous le résultat en voix de chaque liste, on peut lire un premier pourcentage des suffrages exprimés, un second correspondant au pourcentage des électeurs inscrits.

Evoquer ces chiffres permet de nuancer les accents triomphalistes qu'on a pu entendre sur le regain de participation et l'écrasement de la vie politique par deux formations. A eux deux, LREM et RN-FN ont rassemblé moins d'un quart des électeurs inscrits sur les listes franc-comtoises, et moins de 46% de ceux qui ont voté. Cela suffit certes à attirer la lumière sur soi, cela confère quelques responsabilités, pas la revendication de représenter tout le monde. Car depuis le temps qu'on débat sur le sujet, l'acte d'abstention doit être considéré comme un acte politique. Pas forcément facile à interpréter, il est vrai, mais peut-être à interroger sans fanfaronner.

LREM était en passe de prendre la place de LR ?

Derrière ce duo que d'aucuns voient comme « les deux faces d'une même pièce », c'est non seulement l'émiettement, mais aussi la fragmentation. La vieille droite LR ne dépasse les 10% des exprimés et les 5% des inscrits que dans le Doubs. Pour elle qui a tant gouverné, le coup est rude. Qu'on songe à Morteau, le fief de la députée Annie Genevard, secrétaire générale de LR, où la liste Bellamy n'obtient que 311 voix, soit 16,6% des exprimés et 7,2% des inscrits. Elle est certes deuxième, mais loin de LREM qui caracole à plus de 25%. C'est encore pire à Montbéliard, ville gérée par la droite, où Bellamy est troisième avec 638 suffrages, soit 10,9% des exprimés et moins de 5% des inscrits : il est surclassé par le RN ex-FN et LREM qui font chacun deux fois plus… Pareil à Ornans où LR, non seulement est distancée par LREM et extrême-droite, mais aussi dépassée par EELV !

En fait, tout se passe comme si LREM était en passe de prendre la place de LR. L'argument selon lequel LREM serait un parti de gauche ne semble pas tenir pour nombre d'anciens électeurs de droite classique ou modérée. La gestion pour le moins ferme de la contestation sociale n'a en outre rien pour déplaire à certains partisans de l'ordre. 

La situation de la gauche est sans doute moins désespérée que celle de la droite. Certes divisée, fragmentée comme on l'a dit, elle représente aux alentours de 30% des exprimés. Elle n'en a cependant pas fini avec sa reconstruction, entre EELV qui rit, LFI sonné par un échec qui interpèle sa dynamique isolationniste, un PS soulagé d'être encore en vie, un PCF sans électeurs mais non sans militants. 

On a aussi entendu lors de la soirée électorale un Insoumis considérant que la thèse du référendum anti-Macron, initialement servie par Mélenchon, s'est avérée un argument poussant certains à voter RN, et que celle creusant le sillon écolo a alimenté le vote EELV… Et que dire de ceux qui ont expliqué avoir peur de Mélenchon ? On a entendu Franck Monneur, ancien PS, ex MRC, éphémère PRG, aujourd'hui directeur de campagne d'Eric Alauzet, annoncer un événement imminent. Son ancien colistier des municipales bisontines de 2014, Didier Gendraud, ne le suit pas dans cette voie et entend pour sa part « rester de gauche »… 

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